ClimatL'approvisionnement en eau, un défi en Suisse aussi
vf, ats
1.7.2022 - 09:30
Les derniers orages ont vite fait oublier les quelques jours de canicule de juin. Malgré des précipitations parfois abondantes, les niveaux des nappes phréatiques affichent globalement une tendance à la baisse. Confédération et cantons ont pris les devants.
Keystone-SDA, vf, ats
01.07.2022, 09:30
01.07.2022, 09:56
ATS
Les habitants du Gibloux (FR) peuvent en témoigner. La semaine dernière, leur commune les a invités à limiter leur consommation d'eau au strict nécessaire. Concrètement, il est interdit d'arroser sa pelouse, remplir sa piscine ou laver la voiture. La mesure était toujours en vigueur vendredi malgré les récentes pluies et le rafraîchissement de l'air.
«Nous ne sommes pas en état d'urgence», tient à préciser la secrétaire générale de la commune Brigitte Cottet. Il s'agit bien plus d'une sensibilisation de la population à sa consommation d’eau. Elle reconnaît toutefois le caractère exceptionnel de l'avis, la commune de Gibloux disposant en principe de larges ressources d’or bleu.
Domaine sensible
Aujourd'hui, les sources couvrent à nouveau la consommation des habitants, rassure-t-elle. Reste que toutes les communes sont avisées des conflits à venir sur la gestion de l'eau avec le réchauffement climatique et l’augmentation démographique.
Le tarissement des sols et l'assèchement des sources en période critique se font ressentir et nécessitent de trouver rapidement des solutions pour garantir l'approvisionnement, relève le syndic Fabien Schafer.
Et là, le sujet devient très vite sensible, car il peut, pour certaines communes, impliquer une régionalisation de la gestion de cette ressource vitale, poser la question de son prix, remettre en question l'autonomie des communes, questionner sur la propriété de l'eau, énumère-t-il.
Nappes phréatiques bien remplies
La problématique est bien réelle à l'échelle suisse. Le Plateau et le Tessin sont principalement exposés aux périodes de sécheresse. Sur le dernier relevé des eaux souterraines de Météosuisse daté de mercredi, Savigny (VD), Lucens (VD), Cormoret (BE) ou Giubiasco (TI) figuraient encore sur la liste des endroits où les eaux souterraines sont à un niveau bas.
Mais à l'échelle suisse, les nappes phréatiques sont actuellement encore bien remplies et l'approvisionnement en eau potable est assuré, indique l’Office fédéral de l'environnement et du paysage (OFEV). «Les dernières précipitations ont fait remonter temporairement et localement le niveau des eaux souterraines. Les niveaux sont normaux, parfois bas, mais la tendance est à la baisse», ajoute l'office.
Se préparer aux graves pénuries
Au vu des défis à venir, la Confédération a adapté il y a deux ans l'ordonnance ad hoc pour parer à une situation de pénurie grave. Les cantons, chargés de surveiller l'approvisionnement en eau potable, sont invités à coopérer entre eux et de manière suprarégionale.
Outre un inventaire électronique des ressources disponibles en eau et des cartes numérisées à mettre à jour périodiquement, ils doivent être en mesure d'intensifier à court terme les analyses de qualité de l'eau potable. Les exploitants d'installation d'adduction sont priés d'élaborer un plan en cas de crise.
Quatre litres par jour
Quant aux quantités minimales d'eau à assurer en cas de pénurie grave, les autorités partent du principe que la population assure elle-même son approvisionnement durant les trois premiers jours. Concrètement, il faudrait toujours avoir un six pack d'eau (9 litres) en réserve à la maison.
A partir du quatrième jour, les communes doivent assurer au moins 4 litres par personne et par jour. Les autorités doivent également veiller à ce que les quantités d’eau supplémentaires pour l’hygiène et la cuisine soient disponibles. Une personne a besoin de 5 à 10 litres d'eau à des fin d’hygiène en plus des 4 litres de base. En temps normal, un Suisse consomme près de 200 litres par jour.
Les quantités à fournir pour les hôpitaux, EMS, écoles, prisons, exploitations agricoles et entreprises produisant des biens vitaux sont à définir par chaque canton. On compte par exemple que pour les services d'obstétrique, il faut au moins 100 litres d’eau par naissance.