Environnement L'exportation de déchets plastiques encadrée

ATS

10.5.2019 - 18:50

Selon les estimations, 100 millions de tonnes de plastiques se trouvent dans les mers et les océans (archives).
Selon les estimations, 100 millions de tonnes de plastiques se trouvent dans les mers et les océans (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/NIC BOTHMA

Les représentants de 187 Etats se sont mis d'accord à Genève pour encadrer l'exportation de déchets plastiques dans le monde, au terme de discussions intenses. La délégation suisse a activement contribué à ce succès en portant un compromis.

«C'est un succès pour la Suisse», a affirmé vendredi à Keystone-ATS le chef des affaires internationales de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) Franz Perrez. Désormais, tous les plastiques considérés comme toxiques ont été listés dans le cadre de la Convention de Bâle sur les déchets dangereux et devront être annoncés au pays de destination et autorisés avant d'être exportés.

Selon les estimations, 100 millions de tonnes de plastiques se trouvent dans les mers et les océans. Jeudi, alors que les pourparlers bloquaient sur des détails, M. Perrez a proposé de préciser quelle pureté doit atteindre un plastique pour être considéré comme propre et pouvoir être acheminé dans un autre pays pour être recyclé.

Il a aussi obtenu un consensus sur une exception pour les bouteilles recyclables avec un bouchon adapté. «Les exemptions sont restreintes», se félicite-t-il. Chaque pays pourra même appliquer une politique encore plus dure.

Cet accord va «diminuer de manière significative» les exportations, estime M. Perrez au terme de deux semaines de réunion à Genève. Selon le secrétaire exécutif de la Convention de Bâle et de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, Rolph Payet, il devrait faire reculer la pollution des océans.

Dispositif lancé

«Il faut être réaliste» sur cette question, nuance le chef de la délégation suisse. «La majorité de la pollution n'est pas forcément liée à une exportation mais à la gestion nationale des déchets». Un partenariat a été décidé pour assister certains Etats. Plus largement, ce compromis «montre que la Convention de Bâle peut porter sur de nouvelles thématiques importantes», dit M. Perrez.

Autre succès suisse, un mécanisme de conformité à la Convention de Rotterdam sur les produits chimiques a été adopté par vote. Seuls six pays se sont opposés à ce format que Berne avait proposé.

Dans le cadre de cette convention, un pesticide et une substance industrielle, le HBCD, devront désormais eux aussi être annoncés au pays destination avant toute exportation. En revanche, ce dispositif n'est toujours pas prévu pour l'amiante chrysotile en raison à nouveau d'un blocage de plusieurs pays dont la Russie, premier producteur mondial.

Discussion sur l'amiante

«C'est décevant», déplore M. Perrez. La Suisse souhaite explorer avec une vingtaine d'autres pays une initiative pour tenter d'avancer en dehors du cadre de la convention. «Avant de la lancer, nous voulons être certains qu'elle pourra être appliquée».

Dans le cadre de la convention de Stockholm, deux polluants organiques ont été interdits. L'acide perfluorooctanoïque (APFO), une substance toxique responsable de cancers, a été banni avec quelques exceptions, dont la mousse utilisée par les pompiers. Le dicofol, contre les acariens, a également été ajouté à la liste des polluants interdits.

Devant la presse, M. Payet s'est dit «très satisfait». Au total, 1,6 million de décès liés aux produits toxiques pourraient être évités chaque année dans le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

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