Mariage pour tous L'égalité entre les couples devrait bientôt être une réalité

gd, ats

15.8.2021 - 10:37

Les homosexuels devraient enfin pouvoir se marier. Le premier sondage est favorable à la communauté arc-en-ciel. Les opposants, plutôt discrets, attendent toutefois en embuscade. Les Suisses trancheront le 26 septembre.

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KEYSTONE/Alexandra Wey

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Gays et lesbiennes peuvent déjà se passer la bague au doigt, mais seulement dans le cadre d'un partenariat enregistré. Ils ne bénéficient pas des mêmes droits que les couples mariés. Le projet soumis au peuple veut mettre fin à plusieurs inégalités.

Outre l'ouverture du mariage à tous, il prévoit l'accès à la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes, l'adoption conjointe ou encore la naturalisation facilitée. Les dons de sperme anonymes et d'ovules, ainsi que la gestion pour autrui, resteront interdits, et ce pour les couples homosexuels comme hétérosexuels.

Milieux conservateurs opposés

Sans surprise, le référendum a été saisi par les milieux conservateurs. Leur campagne est pour l'instant restée discrète, semblant même peu convaincante. Au moment où ils déposaient leurs quelque 60'000 signatures à la Chancellerie fédérale, une pétition en ligne affichait plus de 100'000 paraphes en faveur de la réforme. Et d'après le premier sondage, l'initiative serait acceptée par 64% de la population.

Les partisans du mariage pour tous ont eux occupé le terrain de manière originale. Une vingtaine de villes se sont parées de toutes les couleurs pour lancer les festivités et des cérémonies symboliques ont été organisées. Leur message tourne autour de l'amour et de l'acceptation. La révision permettra de faire un pas important vers plus d'égalité, salue la communauté LGBT, soutenue par presque tous les grands partis.

Seule l'UDC s'y oppose officiellement. Ses élus sont les plus nombreux au sein des comités référendaires, qui comptent aussi des représentants de l'UDF, du Centre et du PEV. Autoriser les couples homosexuels à se marier reviendrait, d'après eux, à «ouvrir une brèche sociale et politique qui évacue la définition historique du mariage, compris comme l'union durable d'un homme et d'une femme».

Les homosexuels ne font actuellement pas face à des discriminations, estiment-ils. Le mariage est un «privilège» qui repose entre autres sur la biologie. Une opinion partagée par la Conférence des évêques suisses. Une distinction doit être opérée, à ses yeux, entre discrimination et différenciation. Cette dernière permet de «mieux faire valoir les intérêts des minorités», comme les homosexuels.

Amour et attention parentales

L'accès au don de sperme fait aussi tiquer les détracteurs de la réforme. Il est contraire à la Constitution et se ferait au détriment des enfants, assurent-ils. Et de s'inquiéter des prochaines revendications, notamment la gestation pour autrui «éthiquement discutable».

Les enfants ont avant tout besoin de personnes de référence stables et aimantes, leur oppose le camp du «oui». Accéder à la procréation médicalement assistée et à la double filiation permet de mieux protéger les familles arc-en-ciel. Les enfants auront ainsi deux parents dès la naissance et seraient préservés en cas de décès.

De manière générale, l'avancée renforcerait l'acceptation sociale des personnes LGBT, pointent ses défenseurs. Plusieurs études, réalisées dans les pays autorisant le mariage pour les couples de même sexe, montrent que le taux de suicide au sein de la communauté a diminué et les préjugés à son encontre ont reculé.

C'est aussi dans une optique de tolérance que les protestants, contrairement aux catholiques, ont apporté leur soutien au projet. «Nous sommes voulus par Dieu tels que nous sommes créés. Nous ne pouvons pas choisir notre orientation sexuelle», plaide l'Eglise évangélique réformée de Suisse.

Pacs pour tous envisagé

Si le projet est accepté, les couples homosexuels pourront soit conserver leur partenariat enregistré, soit le convertir en mariage. Les mariages entre une femme et un homme ne sont pas concernés. Pas plus que les unions religieuses. De nouveaux partenariats ne pourront en outre plus être conclus.

L'idée d'un pacte de solidarité à la française fait toutefois son chemin dans l'administration. Accessibles à tous les couples, quelle que soit leur orientation sexuelle, il aurait des conséquences juridiques moins étendues que le régime matrimonial. Un rapport sur le sujet est attendu pour la fin de l'année.