Produits d'hygièneL'idée de protections hygiéniques gratuites fait son chemin
fasc, ats
25.4.2021 - 10:01
fasc, ats
25.04.2021, 10:01
25.04.2021, 10:09
Le canton de Vaud s'apprête à munir certains établissements de protections hygiéniques. Il emboîte ainsi le pas au canton du Jura, tandis que les cantons de Lucerne, de Berne et le Valais ont écarté ces propositions.
Le canton de Vaud lancera ces prochaines semaines des projets pilotes dans des dizaines d'établissements, indique Julien Schekter, porte-parole du Département de la formation et de la jeunesse. Il munira les établissements de distributeurs de protections hygiéniques.
Début mars, les députés vaudois ont renvoyé au gouvernement un postulat pour qu'il mène une réflexion à ce sujet, dont des projets pilotes. Le Conseil d'Etat a déjà estimé à environ 1000 francs le coût d'un distributeur et entre 800 et 1000 francs sa recharge annuelle.
Le postulat proposait la mise à disposition de protections hygiéniques gratuites dans les lieux fréquentés par les personnes précaires ou au prix coûtant dans d'autres établissements. La députée à l'origine du texte, Muriel Thalmann, a rappelé que l'achat de produits menstruels peut représenter une dépense considérable dans un budget serré.
Elle a aussi cité une enquête en 2020 de la RTS qui estimait qu'une femme dépense, en moyenne, plus de 2300 francs sur toute une vie pour la seule acquisition de produits hygiéniques, voire plus de 4500 francs si l'on tient compte de toutes les dépenses liées à la menstruation. Des députées ont d'ailleurs affirmé qu'il fallait lutter contre la «précarité menstruelle».
A l'échelle cantonale, le Jura a fait l'oeuvre de pionnier en la matière: son Parlement a accepté le 31 mars une motion pour l'installation de distributeurs de serviettes hygiéniques gratuites dans les établissements scolaires.
Refus dans plusieurs cantons
Début avril, le Canton de Lucerne a refusé de munir ses écoles de protections hygiéniques gratuites. Selon l'exécutif une telle mesure créerait une inégalité entre les établissements. Par exemple, les hôpitaux publics bénéficieraient de ce dispositif mais pas les cliniques privées. Il a également avancé que ce dispositif représenterait une intervention étatique dans le marché libre.
Le Canton de Lucerne n'est pas le seul à refuser de mettre en place de tels dispositifs. C'est aussi le cas du Grand Conseil bernois et son homolgue valaisan. Ces derniers ont refusé en 2020 un postulat demandant que les serviettes hygiéniques soient mises gratuitement à disposition dans les écoles publiques de leur canton. La commune de Tavannes (BE) a toutefois pris les devants: elle a accepté la mise à disposition gratuite de protections périodiques dans les établissements scolaires.
A Genève, une motion a été déposée en août 2019, portée par la socialiste Helena Verissimo de Freitas, devant le Grand Conseil genevois. Elle demande l'accès aux protections hygiéniques dans les bâtiments de l'Etat, les écoles, les hôpitaux ou encore les centres d'accueil pour personnes migrantes ou précaires.
Reports à Genève
Reportée plusieurs fois, la motion ne devrait pas être discutée par le Parlement avant la fin de l'année. En attendant, trois communes genevoises se sont emparées du sujet, dont la Ville de Genève. Cette dernière a déjà soutenu l'installation de distributeurs de produits d’hygiène féminine bio aux Bains des Pâquis, indique son site internet.
Une étude de marché est en cours pour cibler les lieux propices à l'installation de distributeurs de protections hygiéniques, indique Alfonso Gomez, conseiller administratif de la Ville de Genève chargé du Département des finances, de l’environnement et du logement.
En février, le Conseil municipal de Meyrin a adopté une motion demandant de mettre à disposition des protections hygiéniques dans tous les bâtiments gérés par la commune, établissements scolaires compris. Le 15 mars, ce fut au tour du Conseil municipal du Grand-Saconnex d'adopter une motion similaire.
Débats prévus à Neuchâtel
La Ville de Neuchâtel débattra prochainement du sujet. Une motion a été déposée le 19 mars devant le Conseil général, afin de «lutter contre la précarité menstruelle et briser le tabou des règles». Ce même jour, un postulat a été déposé au Grand Conseil neuchâtelois «pour des protections hygiéniques gratuites dans les écoles».
«Les protections hygiéniques doivent être considérées comme des produits de première nécessité et être proposées au même titre que du papier toilette dans les écoles», indique la motion.
En 2019, une pétition remise au Parlement lors de la grève féministe exigeait que les protections hygiéniques soient considérées comme «des produits de consommation courante». Et qu'elles puissent ainsi être taxés au taux réduit de TVA à 2,5%, contre le taux normal à 7,7% actuellement.