Pas si simple L'instance pour les victimes d'abus dans l'Eglise n'est pas prête

fn, ats

2.3.2024 - 20:09

La création d'une instance nationale d'accueil et d'écoute des victimes d'abus dans l'Eglise devra encore attendre. L'évêque de Coire Mgr Joseph Bonnemain n'est pas en mesure d'indiquer un calendrier, mais dit comprendre l'impatience des personnes concernées.

Mgr Bonnemain n'a pas été en mesure d'indiquer un calendrier: «Je suis moi-même impatient, mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par cette impatience» (archives).
Mgr Bonnemain n'a pas été en mesure d'indiquer un calendrier: «Je suis moi-même impatient, mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par cette impatience» (archives).
sda

2.3.2024 - 20:09

La création d'un tel centre d'accueil demande beaucoup de temps et de nombreuses réflexions, a déclaré samedi Mgr Bonnemain lors d'une assemblée de victimes d'abus à Zurich, à laquelle il participait en ligne. Côté ecclésial, un groupe de travail se réunit presque chaque semaine sur ce thème.

Mais les délibérations ont révélé un dilemme fondamental: soit l'instance d'accueil pour les victimes d'abus est totalement indépendante, soit elle est initiée par l'Eglise. Les deux simultanément ne sont pas compatibles, selon le responsable pour la question des abus au sein de la Conférence des évêques suisses (CES).

«Miser sur des institutions»

Selon Mgr Bonnemain, les personnes concernées ont mûri la conviction qu'il valait mieux «miser sur des institutions éprouvées qui existent déjà en Suisse». C'est pourquoi les responsables vont rencontrer la Conférence des directeurs des affaires sociales en avril. L'instance pourrait donc un jour être gérée par des institutions publiques.

Mgr Bonnemain n'a pas été en mesure d'indiquer un calendrier: «Je suis moi-même impatient, mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par cette impatience», a-t-il déclaré. Il dit préférer faire «ce qui est juste, étape par étape».

Victimes pas satisfaites

Vreni Peterer, présidente d'une communauté d’intérêts pour les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise, n'est pas satisfaite. «Cela prend tout simplement trop de temps. De nombreuses personnes concernées ont besoin de soutien maintenant», a-t-elle déclaré.

Mme Peterer a critiqué le fait que sa communauté d'intérêts ne soit jamais présente lors des consultations. «Nous connaissons parfaitement les besoins des personnes concernées, mais il nous manque l'échange», a-t-elle déclaré.

Deuxième étude en cours

Pour mémoire, la création d’une instance nationale d’accueil et d’écoute des victimes d’abus sexuels dans l’Eglise est la principale mesure promise par Mgr Joseph Bonnemain suite à la présentation de l’étude pilote, le 12 septembre 2023, à Zurich du rapport préliminaire sur l’histoire des abus sexuels dans l’Eglise en Suisse.

Etablie sous l’égide des historiennes Marietta Meier et Monika Dommann, cette étude a dénombré 1002 cas d’abus entre les années 1950 et 2022. La plupart des cas ont été passés sous silence, étouffés ou minimisés par l'Eglise. L'étude a déclenché une vague de départs au sein de l'Eglise catholique.

Début janvier 2024, l'équipe de recherche de l'Université de Zurich a commencé son travail pour la poursuite des recherches sur les abus sexuels dans l'environnement de l'Eglise catholique romaine de Suisse. Les résultats seront présentés en 2027.

fn, ats