Crise politique en Birmanie «Un bain de sang est imminent»

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1.4.2021 - 07:35

La Birmanie est confrontée à un risque «sans précédent» de «guerre civile», a déclaré mercredi l'émissaire de l'ONU Christine Schraner Burgener. La Suissesse a appelé le Conseil de sécurité à utiliser «tous les moyens» pour éviter une «catastrophe» et un «bain de sang». La Chine a rejeté l'idée d'imposer des sanctions.

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«J'appelle le Conseil de sécurité  à envisager tous les moyens à sa disposition pour prendre des mesures collectives et faire ce qu'il faut, ce que mérite le peuple birman», déclare Christine Schraner Burgener. (archives)
«J'appelle le Conseil de sécurité  à envisager tous les moyens à sa disposition pour prendre des mesures collectives et faire ce qu'il faut, ce que mérite le peuple birman», déclare Christine Schraner Burgener. (archives)
KEYSTONE

«Cela risque de se passer sous nos yeux et un échec à éviter une nouvelle escalade dans les atrocités coûtera au monde beaucoup plus, sur le long terme», qu'une action immédiate, a déclaré l'envoyée spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la Birmanie lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, selon un discours obtenu par l'AFP.

«La cruauté des militaires est trop grave et de nombreuses organisations armées ethniques manifestent clairement leur opposition, renforçant le risque de guerre civile à un niveau sans précédent», a-t-elle estimé. «Un bain de sang est imminent», a-t-elle encore prévenu.

«J'appelle ce Conseil à envisager tous les moyens à sa disposition pour prendre des mesures collectives et faire ce qu'il faut, ce que mérite le peuple birman, afin d'éviter une catastrophe multidimensionnelle au coeur de l'Asie», a-t-elle ajouté lors de cette réunion en urgence sur la Birmanie demandée par le Royaume-Uni. Elle a réclamé une «réponse internationale ferme, unitaire et résolue».

Pékin rejette l'idée de sanctions

La réunion du Conseil s'est achevée après deux heures et quart de discussions. La Chine rejette l'idée d'imposer des sanctions aux militaires birmans qui «ne feraient qu'aggraver la situation» et prône de «revenir à une transition démocratique dans ce pays», a déclaré son ambassadeur à l'ONU, Zhang Jun, lors de la réunion.

«Si la Birmanie sombrait dans des turbulences prolongées, ce serait une catastrophe pour ce pays et la région dans son ensemble», a aussi déclaré l'ambassadeur dont les propos étaient rapportés par un communiqué de la mission chinoise.

«Une pression unilatérale et un appel à des sanctions ou à d'autres mesures coercitives ne feront qu'aggraver les tensions et la confrontation et compliquer davantage la situation, ce qui n'est en aucun cas constructif», a insisté le représentant de la Chine, dont le pays est le premier soutien de la Birmanie.

Le diplomate a aussi souligné que «la Chine était préoccupée par la situation en Birmanie. La violence et les effusions de sang ne servent les intérêts de personne, et c'est le peuple de la Birmanie qui en souffre», a-t-il affirmé.

Divisions

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni viennent à l'inverse d'annoncer une nouvelle salve de sanctions. A l'instar de la Chine, la Russie a refusé de condamner officiellement le putsch. Profitant de ces dissensions, les généraux poursuivent leur sanglante riposte.

Rappelant le bilan de «plus de 520 personnes tuées» dans la répression des manifestations contre le coup d'Etat militaire de début février, l'émissaire de l'ONU a dit «craindre» des développements «encore plus sanglants» car le chef de l'armée «semble résolu à consolider sa mainmise illégale sur le pouvoir par la force».

«La médiation requiert un dialogue, mais l'armée birmane a fermé ses portes à quasiment tout le monde», a-t-elle déploré, estimant que les généraux ne seront prêts à discuter qu'une fois qu'ils «auront le sentiment qu'ils peuvent contrôler la situation par la répression et la terreur».

Violence «fermement» condamnée

Le 10 mars, le Conseil de sécurité avait pour la première fois condamné «fermement la violence contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes, et des enfants», dans une déclaration initiée par Londres qui s'en prenait de manière inédite aux militaires.

Malgré des tentatives occidentales, le Conseil avait cependant écarté des mentions évoquant un «coup d'Etat» et la possibilité de sanctions internationales si la répression se prolongeait, en raison de l'opposition de Moscou et Pékin, mais aussi d'autres membres asiatiques du Conseil comme l'Inde ou le Vietnam.

L'émissaire de l'ONU en a appelé mercredi aux pays de la région et à ceux qui ont encore l'oreille des militaires birmans.

L'ambassadeur chinois a quant à lui relevé que l'association régionale Asean, dont la Birmanie est membre, peut «jouer un rôle positif» pour une résolution de crise. Des discussions sont en cours entre pays de l'Asean «pour un sommet spécial» sur la Birmanie, a-t-il ajouté, sans autre détail.