EntreprisesL'obligation vaccinale doit rester une mesure exceptionnelle
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4.10.2021 - 10:12
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04.10.2021, 10:12
ATS
Obliger ses employés à se faire vacciner: la question divise spécialistes du droit, faîtières et syndicats. Un peu plus de deux semaines après la décision du Conseil fédéral de rendre possible pour les employeurs d'exiger le certificat Covid sur le lieu de travail, sous certaines conditions, et quelques jours après l'obligation vaccinale pour le personnel naviguant de Swiss, la Suisse s'interroge sur la suite.
«Dans le secteur des transport public, il y a des situations où le certificat Covid est obligatoire, mais il peut être obtenu par le test et pas forcément par le vaccin», remarque Barbara Spalinger, vice-présidente du Syndicat du personnel des transports (SEV).
Pour Mme Spalinger, il n'y a pas de «situation où la vaccination serait indispensable» et le refus de vaccination ne peut pas être un motif de licenciement. «La question du licenciement ou du congé non payé se poserait seulement si l'employé n'est plus en mesure de faire son travail car il n'est pas vacciné et en plus refuse de se faire tester», explique-t-elle.
Le cas de Swiss est une exception: «l'obligation vaccinale pour le personnel naviguant est une mesure qui se justifie par les conditions particulières de travail dans un avion. Nous comprenons l'approche de Swiss», renchérit Basile Dacorogna, chef de projet pour Economiesuisse. «Dans des cas et des contextes particuliers, la vaccination obligatoire peut être nécessaire ou vivement recommandée.»
Après Swiss, d'autres employeurs pourraient-ils imposer la vaccination? Difficile de trouver un secteur où les conditions de travail sont aussi particulières que dans un avion: promiscuité, contact prolongé avec les passagers, impossibilité de respecter les gestes barrières...Dans l'hôtellerie par exemple, une obligation de vaccination n'est «généralement pas permise», relève une porte-parole d'Hotelleriesuisse. La faîtière a toutefois lancé une campagne pour encourager la vaccination, alors que le taux du secteur est inférieur à la moyenne nationale.
Alors que le sujet de la vaccination est toujours aussi brûlant en Suisse, Economiesuisse insiste néanmoins sur l'importance pour l'employeur de «consulter son personnel» et de respecter «la liberté vaccinale».
Incitations à la vaccination
Depuis quelques mois, de grandes entreprises ont facilité la vaccination en l'organisant sur le lieu de travail, en offrant un jour de repos, voire même des primes ou des jours de congé supplémentaires, à l'instar de Swisscasinos qui offre 200 francs, ou Tally Weijl qui promet deux jours de congé pour la piqûre.
«Pour les entreprises, il est intéressant de fournir certaines incitations à se vacciner à leurs employés, car ceci permet bien souvent d'augmenter le taux de vaccination (et donc la protection des employés et des clients) mais aussi de convaincre les hésitants», affirme M. Dacorogna.
Et les encouragements à la vaccination de la part des employeurs pourraient encore s'accroître avec la fin de la gratuité des tests. En effet, à compter du 10 octobre ne seront pris en charge que les tests groupés en entreprise, alors que les tests isolés, réalisés par exemple pour un voyage d'affaires, ne seront plus remboursés.
«La plupart des entreprises feront preuve d'une certaine flexibilité et financeront ces tests au moins pendant une période transitoire. Toutefois, ces tests payants occasionnels peuvent représenter un coût important particulièrement pour les petites entreprises», estime M. Dacorogna. Selon lui, il est possible qu'alors, l'employeur «ne finance plus ces tests». Un avis que ne partage pas Mme Spalinger: «la fin des tests gratuits oblige l'employeur à les payer», estime-t-elle.
Les incitations à la vaccination sont «une approche minoritaire en Suisse, où le respect de la vie privée est essentiel», explique Christian Oberson, président de l'association professionnelle HR Genève, qui regroupe 800 professionnels du secteur des ressources humaines.
«En prenant partie pour ou contre la vaccination, le risque est de voir les tensions s'exacerber et de trancher sur une question qui est du ressort de l'individu et pas de l'entreprise, du moins tant que la vaccination n'est pas obligatoire en Suisse», conclut-il.
Un récent sondage de la plateforme de recherches d'emploi Indeed a révélé que la majorité des sondés en Suisse (61%) est contre l'obligation vaccinale. Près d'un tiers chercherait un nouveau travail ou démissionnerait si une telle obligation venait à être imposée par l'employeur. Chez les non-vaccinés, la part monte à 86%.