Au coeur des débats Un statut de neutralité pour l'Ukraine?

ats

16.3.2022 - 14:39

Un statut de neutralité pour l'Ukraine est au coeur des pourparlers russo-ukrainiens, a affirmé mercredi le Kremlin. La Russie poursuit parallèlement son offensive en bombardant de nombreuses villes ukrainiennes.

Le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal (L) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky (R) lors d'une conférence de presse après leur rencontre avec les Premiers ministres polonais, slovène et tchèque à Kiev (Kiev), Ukraine, 15 mars 2022 (publiée le 16 mars 2022) .
Le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal (L) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky (R) lors d'une conférence de presse après leur rencontre avec les Premiers ministres polonais, slovène et tchèque à Kiev (Kiev), Ukraine, 15 mars 2022 (publiée le 16 mars 2022) .
KEYSTONE

ats

Les pourparlers se déroulent alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit intervenir vers 13h00 GMT devant le Congrès américain. Le président Joe Bien doit annoncer 800 millions de dollars supplémentaires d'assistance sécuritaire pour aider l'Ukraine à affronter les forces russes.

Neutralité en débat

Trois semaines après le début de l'invasion russe de l'Ukraine, une neutralité de cette ex-république soviétique sur le modèle de la Suède et de l'Autriche, est «le compromis» que négociateurs russes et ukrainiens «discutent actuellement», a affirmé le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.»

«Il y a des formules très concrètes qui je pense sont proches d'un accord», a estimé aussi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, tout en relevant que les pourparlers «ne sont pas faciles».

Le négociateur-en-chef ukrainien a cependant souligné que Kiev rejetait «un modèle suédois ou autrichien» et réclamait des «garanties de sécurité absolues» face à la Russie, dont les signataires s'engageraient à intervenir du côté de l'Ukraine en cas d'agression.

«L'Ukraine est maintenant en état de guerre directe avec la Russie. Par conséquent, le modèle ne peut être qu''ukrainien'», a déclaré Mykhaïlo Podoliak sur son compte Telegram. Ces déclarations interviennent alors que les délégations ont repris depuis lundi des pourparlers en visioconférence.

Positions «plus réalistes»

Le président Zelensky avait estimé dans la nuit de mardi que les positions étaient désormais «plus réalistes», même s'il faudra «encore du temps pour que les décisions soient dans l'intérêt de l'Ukraine.»

Il s'était dit auparavant prêt à renoncer à toute adhésion de son pays à l'Otan, un casus belli pour la Russie.

Cette apparente intensification des négociations n'empêche pas la poursuite des bombardements russes sur de nombreuses régions du pays, qui ont poussé sur les routes plus de trois millions d'Ukrainiens – dont près de la moitié d'enfants.

La capitale Kiev est sous couvre-feu depuis mardi 20h00 et jusqu'à jeudi 07h00, après que plusieurs frappes eurent touché des immeubles d'habitation lundi et mardi.

Plusieurs explosions ont à nouveau été entendues à l'aube mercredi, a constaté l'AFP. D'épaisses colonnes de fumées noires s'élevaient peu après au-dessus de la ville, comme la veille, où plusieurs frappes russes avaient touché des immeubles d'habitation, faisant au moins quatre morts.

Les autorités locales n'ont fourni aucun bilan ni précisions dans l'immédiat. Avec le couvre-feu, les journalistes ne sont plus autorisés à circuler dans la ville. Le maire Vitali Klitchko a estimé mardi que la capitale traversait un «moment dangereux».

«Nous tenons le coup»

«Nous tenons le coup», assurait mardi, avant le couvre-feu, Vlad Volodko, 26 ans, devant un supermarché où les habitants formaient de longues files d'attente afin de faire des réserves.

Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de sa population de 3,5 millions habitants depuis le début du conflit le 24 février.

Des métropoles comme Kharkiv (nord-est) et Marioupol (sud-est) sont bombardées sans répit, selon les autorités locales.

Des milliers de personnes restent coincées à Marioupol, terrées dans des caves, même si quelque 20'000 personnes ont pu mardi quitter ce port stratégique sur la mer d'Azov assiégé depuis des jours, en direction de Zaporojie, à plus de 200 km au nord-ouest.

Tous ont décrit un voyage harassant pour éviter troupes russes et points de contrôle, dans la crainte permanente d'un tir ennemi.

Zaporojie n'est plus un refuge

Et Zaporojie pourrait ne plus rester longtemps un refuge: la gare a été touchée mercredi par au moins un missile, pour la première fois depuis le début du conflit le 24 février, selon le gouverneur régional, apparemment sans faire de victime. C'est dans cette région que se trouve la plus grande centrale nucléaire d'Europe, que les Russes occupent depuis le 4 mars.

Les autorités ukrainiennes affirment aussi que les Russes ont pris mardi 400 civils en otage dans un hôpital de Marioupol, mais l'information n'a pas pu être vérifiée de source indépendante. De nombreuses autres régions sont sous le feu russe, comme celle de Mykolaïv (sud), proche d'Odessa.

A Odessa même, épargnée pour l'instant, les autorités ukrainiennes disent «se préparer à un débarquement des troupes russes depuis la mer Noire». Les autorités des régions de Jytomyr (sud de Kiev), Soumy (nord-est), Dnipro (centre) et Severodonetsk (est) disent aussi être sous le feu russe.

Face à la poursuite de l'offensive, Volodymyr Zelensky devrait appeler à nouveau à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de son pays dans son adresse au Congrès américain par vidéo.

Le président américain Joe Biden a pour l'instant rejeté cette demande, de peur de voir les Etats-Unis et l'Otan entraînés dans le conflit. Mais il devrait annoncer une nouvelle assistance sécuritaire de 800 millions de dollars pour aider Kiev.