Fédérales 2023 L'UDC en mode reconquête seule contre tous

vf, ats

11.7.2023 - 09:45

Bien décidée à effacer la défaite de 2019, l'UDC a retrouvé ses chevaux de bataille traditionnels que sont l'immigration et la neutralité en vue des fédérales de cet automne. Non sans entretenir une certaine ambiguïté sur certains thèmes comme la guerre en Ukraine ou la débâcle de Credit Suisse.

«Aujourd'hui, la devise doit être Switzerland first», a lancé Thomas Matter, sur des airs de Donald Trump, à l'occasion du lancement de la campagne électorale à Küssnacht (SZ), le 1er juillet.
«Aujourd'hui, la devise doit être Switzerland first», a lancé Thomas Matter, sur des airs de Donald Trump, à l'occasion du lancement de la campagne électorale à Küssnacht (SZ), le 1er juillet.
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«Aujourd'hui, la devise doit être Switzerland first», a lancé Thomas Matter, sur des airs de Donald Trump, à l'occasion du lancement de la campagne électorale à Küssnacht (SZ), le 1er juillet. Bien que l'UDC soit toujours le parti le plus fort sous la Coupole (25,6%), elle veut reconquérir les douze sièges perdus il y a quatre ans au Conseil national.

Le parti aux accents populistes sait comme aucun autre capter le mécontentement ambiant. Durant la crise du coronavirus, il s'est affiché avec son ancien conseiller fédéral Ueli Maurer aux côtés des «Freiheitstrychler» et des opposants aux mesures de la Confédération pour lutter contre la pandémie. Avec un certain succès au vu des 40% qui ont par trois fois dit non à la loi Covid-19.

Etranger, source de tous les maux

Aujourd'hui, l'UDC saisit de nouveau la hausse des demandes d'asile pour se démarquer. Mélangeant réfugiés et immigrants, le parti fustige les nouveaux arrivants: fauteurs de troubles, profiteurs de la place économique suisse, générateurs de coûts en milliards.

Avec l'aide du PLR et du Centre, il a récemment infligé une cuisante défaite à la nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider (PS) en lui refusant un crédit pour des conteneurs temporaires prévus pour l'asile. La Jurassienne, que l'UDC a contribué à faire élire, est devenue son véritable bouc émissaire, jugée incapable de mettre fin au «chaos de l'asile».

La guerre en Ukraine a aussi permis à l'UDC de rappeler à l'envi son attachement inconditionnel à la neutralité, un thème cher à bon nombre de Suisses. Le parti a certes condamné l'agression russe, mais plusieurs de ses membres se sont montrés bienveillants à l'égard du Kremlin.

En désertant le Parlement durant l'allocution vidéo du président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de la session d'été, le parti s'est une fois de plus distingué des autres. Une façon d'exprimer le ras-le-bol des sanctions, de leurs effets et de l'arrivée des réfugiés ukrainiens, relevait dans Le Temps le politologue Oscar Mazzoleni.

L'effet Credit Suisse

Il en est allé de même de la débâcle de Credit Suisse, un des plus gros scandales de ces 15 dernières années. Le parti a critiqué au plus fort de la crise la pratique des bonus extravagants ou la gestion hasardeuse des managers. Pourtant, Ueli Maurer n'a jamais voulu d'un durcissement des règles dans le secteur bancaire.

Une responsabilité politique sans conséquence: quinze jours seulement après le rachat forcé de la deuxième banque suisse, l'UDC affichait des gains spectaculaires aux élections cantonales: +4 sièges à Genève, +5 dans le canton de Lucerne, +2 au Tessin.

Sur toute la législature, il est le seul des partis gouvernementaux à avoir engrangé des gains lors des élections cantonales, soit 10 sièges pour 554 au total. Et le dernier baromètre électoral confirme sa bonne forme du moment, avec une progression de 1,5 point de pourcentage à 27,1%.

Initiatives tape-à-l'oeil

Au bilan, l'UDC ne peut cependant pas faire valoir de grandes réussites. Depuis le début des années 2000, les démocrates du centre gagnent de moins en moins de votations en comparaison avec la gauche.

En 2020, son initiative de limitation qui exigeait un délai d'une année pour mettre fin à la libre circulation avec nos voisins a été rejetée par 62% des citoyens. Quant à l'initiative demandant l'interdiction de se dissimuler le visage, acceptée en 2021, elle a eu beaucoup moins d'écho que celle sur les minarets en 2009.

En revanche, l'UDC devrait convaincre de larges franges d'électeurs avec son initiative «200 francs, ça suffit» sur la redevance radio et télévision. Tout comme avec sa dernière initiative qui s'oppose à une Suisse à 10 millions d'habitants.

Le texte, dont le lancement a été opportunément avancé avant l'échéance des fédérales, vise à résilier l'accord de la libre-circulation avec l'UE, le super-voisin dépeint comme l'éternel épouvantail de la Suisse.