Déminage La fondation Digger veut venir en aide à l'Ukraine

hs, ats

10.2.2023 - 11:57

Spécialisée dans les opérations de déminage, la fondation Digger à Tavannes (BE) veut venir en aide à l'Ukraine en lui livrant une de ses machines. Cette organisation sans but lucratif espère aussi pouvoir produire sur place sous licence ces engins télécommandés.

L'engagement d'une telle machine permet de sécuriser plus rapidement des zones infestées de mines que le déminage naturel. Il réduit aussi les risques auxquels sont exposés les démineurs.
L'engagement d'une telle machine permet de sécuriser plus rapidement des zones infestées de mines que le déminage naturel. Il réduit aussi les risques auxquels sont exposés les démineurs.
ATS

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«Nous voulons livrer cette machine de déminage à l'Ukraine d'ici un à deux mois en coopération avec la sécurité civile du pays», explique à Keystone-ATS le directeur et fondateur de la fondation Digger Frédéric Guerne. L'engin était destiné à la France pour dépolluer les sols, mais Paris a accepté de le libérer pour l'Ukraine.

Cette machine de la 4e génération du type Digger-250 est pour le moment stationnée dans les ateliers de la fondation. Frédéric Guerne va partir la semaine prochaine pour Kiev où il doit rencontrer des responsables de la sécurité civile du ministère de l'Intérieur ainsi que l'ambassadeur de Suisse en Ukraine Claude Wild.

L'entreprise du Jura bernois souhaite aussi produire sous licence des engins de déminage en Ukraine en transmettant son savoir-faire à une entreprise partenaire de confiance.

«Avec ce projet nous espérons permettre à ce pays de garder son indépendance face aux créanciers de l'étranger et soutenir son économie», explique Frédéric Guerne qui compte aussi sur un appui du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Machine blindée et télécommandée

Ce modèle de machines de déminage à chenilles conçu et construit par la fondation Digger résulte d'un croisement entre un tracteur et un blindé. D'un poids de douze tonnes, l'engin blindé est équipé à l'avant d'une fraise de déminage qui défriche la végétation.

Ce système permet de labourer le sol à haute vitesse, détruisant les mines antipersonnel ou antichar en les broyant ou en les faisant détonner. Les Digger-250 sont télécommandés de sorte que leurs pilotes peuvent se tenir à une distance garantissant leur sécurité. Ces engins peuvent traiter selon les cas de 300 à 1800 m2 de terrain par heure quand un démineur manuel ne traite en moyenne que 5 à 20 m2.

«L'Ukraine est le plus grand champ de mines de la planète et 60 machines de déminage au moins seraient nécessaires», estime le directeur et fondateur de la fondation Digger. «Et ce nombre va augmenter». C'est peu après le début du conflit que l'entreprise a reçu les premières demandes émanant d'Ukraine.

«Couteau suisse»

«Nos machines ont reçu le surnom de couteau militaire suisse du déminage», souligne le fondateur et directeur de Digger. La technologie est au coeur de cette fondation qui se bat pour les plus démunis.

L'entreprise de Tavannes a construit quatre générations de machines qui sont déployées dans 16 pays, en Afrique, dans les Balkans, au Proche-Orient et en Asie. Son action n'est possible que grâce à la générosité de donateurs.

Depuis sa création en 1998, la société n'a pas cessé de gagner en crédibilité et en notoriété. Organisation à but non lucratif, Digger est aujourd'hui reconnue d'utilité publique. Mais le chemin a été long pour s'imposer et devenir une référence mondiale dans le domaine des technologies de déminage.

Equipe de bénévoles

L'aventure a débuté il y a plus de 20 ans, après la signature de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel. Des ingénieurs et des agriculteurs du Jura bernois décident d'unir leurs compétences pour réaliser un projet un peu utopique: imaginer et concevoir une machine pour le déminage.

Après des années d'efforts, cette jeune équipe désireuse de mettre ses compétences au service de son prochain enregistre un premier succès: elle réussit à fabriquer dans une grange un prototype de machine de défrichage blindée et télécommandée. Au fil des ans, des modèles plus performants sortiront des ateliers.