Son parcours sinueux à travers un paysage bucolique fait de la ligne des Centovalli une destination en soi. La «Centovallina», comme on l'appelle affectueusement au Tessin, est aussi depuis un siècle le passage le plus court entre la Suisse romande et le Tessin.
Entre Domodossola et Locarno, le trajet dure près de deux heures, auxquelles il faut ajouter une bonne demi-heure depuis Brigue.
Plus de 80 ponts, dont certains spectaculaires, se trouvent sur les 52 kilomètres de la ligne.
La ligne des Centovalli fête ses 100 ans ce samedi.
La ligne des Centovalli fête son centenaire - Gallery
Entre Domodossola et Locarno, le trajet dure près de deux heures, auxquelles il faut ajouter une bonne demi-heure depuis Brigue.
Plus de 80 ponts, dont certains spectaculaires, se trouvent sur les 52 kilomètres de la ligne.
La ligne des Centovalli fête ses 100 ans ce samedi.
L'automne est peut-être la meilleure saison pour découvrir la ligne des Centovalli qui fête son centenaire ce samedi. Le soleil est déjà bas et fait briller chaleureusement l'orange, le jaune et le vert foncé de la forêt. Ici et là, une petite église passe devant la fenêtre du train. Et parfois, une branche d'arbre effleure le wagon, car ce petit train traverse littéralement la forêt.
Personne n'est pressé dans ces vallées silencieuses situées de l'autre côté du tunnel du Simplon, entre Domodossola, dans le Piémont italien, et Locarno (TI): ni le train qui grince dans les virages et qui gravit péniblement la première montée en direction de Creggio, ni les passagers qui ne se lassent pas du paysage, des petites maisons en pierre et des pentes d'abord arides puis de plus en plus vertes en direction de la Suisse.
52 kilomètres par monts et par vaux
La naissance de la «Centovallina» a été tout sauf simple. A l'origine, la ligne devait faire partie de la grande transversale alpine, mais la décision s'est portée sur le Gothard. La «Centovallina» a finalement quand-même été construite et reste aujourd'hui encore la liaison la plus rapide entre Berne ou la Suisse romande et le Tessin.
Avec 83 ponts et 31 tunnels sur une distance de 52 kilomètres, la ligne des Centovalli est considérée comme un chef-d'œuvre d'ingénierie. Il a tout de même fallu 25 ans entre la première idée et sa réalisation.
L'un des principaux promoteurs de cette ligne était le maire de Locarno Francesco Balli (1852-1924). L'ancien conseiller aux Etats voulait que sa ville participe à l'essor de l'hôtellerie à partir de 1875, mais un raccordement au réseau ferroviaire était pour cela nécessaire.
Certes, la société des chemins de fer du Gothard avait construit une ligne secondaire de Cadenazzo à Locarno avant même l'ouverture du tunnel. Mais l'arrière-pays du Locarnese ne pouvait guère en profiter.
«Sindaco» visionnaire
En 1892, le maire de Locarno a donc fondé l'association «Pro Locarno e Dintorni» dans le but de promouvoir le tourisme dans la région. Sept ans plus tard, le «sindaco» visionnaire déposa une demande de concession auprès de la Confédération, la liant à la condition que le chemin de fer des Centovalli soit maintenu du côté italien et que le raccordement à la ligne du Simplon soit assuré.
Du côté italien, l'enseignant Andrea Testore (1855-1936) s'est engagé dès le début pour la réalisation du chemin de fer dans la vallée de Vigezzo.
L'idée initiale de Francesco Balli de construire, parallèlement au chemin de fer des Centovalli, une ligne dans la vallée de la Maggia et une autre le long de la rive droite du lac Majeur ne s'est que partiellement concrétisée: le chemin de fer de la vallée de la Maggia a certes circulé à partir de 1907, mais il a été remplacé par des bus en 1965. Et les Italiens n'ont manifesté que peu d'intérêt pour une ligne ferroviaire sur la rive droite du lac Majeur.
Interrompu par la guerre
Le projet «Chemin de fer des Centovalli» progresse cependant et, après quelques tergiversations du côté italien, le ministère des travaux publics à Rome accorde l'autorisation de construire à l'automne 1912.
Mais avec le début de la Première Guerre mondiale en 1914, la construction doit être interrompue. Les ouvriers italiens s'étaient engagés dans l'armée et l'Italie a utilisé sur le front les matériaux de construction prévus pour le tronçon dans la vallée de Vigezzo.
Après la fin des hostilités, des diplomates suisses en poste à Rome ont élaboré avec leurs collègues italiens un traité entre les deux pays sur l'exploitation de la ligne ferroviaire. L'accord a été ratifié en 1919 par le roi d'Italie Vittorio Emanuele et par le Conseil fédéral. Il obligeait notamment les deux parties à garantir une unité dans la technique et l'exploitation.
Un véritable voyage
A partir de 1919, les travaux de construction ont tout à coup avancé rapidement et, fin mars 1923, un train-usine a parcouru pour la première fois l'ensemble de la ligne, qui allait officiellement ouvrir le 25 novembre 1923.
Aujourd'hui encore, se déplacer avec le chemin de fer des Centovalli est un voyage au sens propre du terme. Après avoir traversé la vallée de Domodossola, le petit train blanc et bleu s'élève par de multiples virages jusqu'à Creggio, au bord de la vallée de Vigezzo.
De là, le panorama offre des vues spectaculaires en direction de l'Italie, avant que le train ne glisse à travers des forêts silencieuses jusqu'à Santa Maria Maggiore. Près d'Intragna, le petit train traverse le célèbre viaduc et offre un peu plus tard une vue sur le lac qui relie l'Italie à la Suisse et au bout duquel l'histoire de la Centovallina a débuté.