Gays et lesbiennes suisses luttent pour leurs droits depuis plus de quarante ans. Le mariage pour tous est une nouvelle étape vers plus d'égalité.
Zurich, 1978. Le premier Christopher Street Day – né aux Etats-Unis une dizaine d'années auparavant – est organisé. A l'époque, la communauté revendique principalement la fin des registres homosexuels. Malgré la dépénalisation de l'homosexualité dans les années 1930, elle fait face à un tour de vis sécuritaire. Les polices de plusieurs villes, dont Zurich et Berne, surveillent les lieux de rencontres gays et fichent leurs participants.
La manifestation est suivie de nombreuses marches des fiertés, dont la première nationale a lieu une année plus tard à Berne. Les registres homosexuels sont eux successivement supprimés. Et la communauté s'organise à travers plusieurs fondations nationales.
Première union officielle en 2001
En 1995, la faîtière des gays Pink Cross et l'Organisation suisse des lesbiennes déposent une pétition à Berne. Signé par plus de 85'000 personnes, le texte réclame l'égalité des droits entre couples homosexuels et hétérosexuels. C'est le début du long processus législatif visant à ouvrir le mariage à tous.
La communauté homosexuelle doit cependant prendre son mal en patience et d'abord passer par le partenariat enregistré. Une première loi cantonale est acceptée en 2001. Un ancien responsable de Pink Cross et son compagnon sont les premiers Suisses à s'unir légalement à Genève, quatorze ans après le «mariage» entre homosexuels célébré à Berne par un pasteur protestant.
L'avancée met un peu de temps à s'imposer au niveau national. Le Parlement approuve la loi sur le partenariat enregistré en 2004. Largement inspiré du droit matrimonial, notamment dans les domaines fiscal, successoral ou des assurances sociales, le texte interdit toutefois l'adoption et la procréation médicalement assistée.
Les milieux conservateurs chrétiens s'insurgent et lancent le référendum. Le peuple les désavoue l'année suivante. Et le partenariat enregistré fédéral entre en vigueur en 2007. Les droits des couples homosexuels sont de nouveau élargis onze ans plus tard. Au grand dam de l'UDC, de l'UDF et du PDC, qui ont échoué à faire voter le peuple sur le sujet, ils peuvent désormais adopter un enfant.
Combat à poursuivre
En 2013, les Vert'libéraux relancent l'idée du mariage pour tous à travers une initiative parlementaire. Le processus s'étend en longueur. Pas moins de sept ans sont nécessaires avant que les deux Chambres n'adoptent le projet. Sans surprise, l'opposition principale est venue de l'UDC et du PDC.
Outre l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, le texte autorise la procréation médicalement assistée. Les lesbiennes ne pourront toutefois accéder qu'aux banques de sperme officielles. Les dons anonymes resteront interdits. L'adoption conjointe et la naturalisation facilitée seront aussi possible.
Avec le «oui je le veux» du peuple, la communauté LGBTIQ+ enregistre une belle victoire. Mais il ne s'agit pas de son dernier combat, ont déjà prévenu les organisations de défense des droits humains.
La protection des personnes transgenres doit être améliorée, pointent-elles. Les interventions médicales non nécessaires sur les mineurs intersexués doivent être interdites. Et les homosexuels doivent avoir plus facilement accès à l'asile.