Précarité La pauvreté a augmenté en Suisse en 2019

ro, ats

18.2.2021 - 11:07

La précarité a continué à augmenter en Suisse, malgré un niveau de vie parmi les plus élevés d'Europe. En 2019, 8,7% de la population vivaient dans la pauvreté et 12,2% peinaient à joindre les deux bouts. Ces chiffres ne prennent pas en compte l'impact du Covid-19.

La distribution de colis à Genève avait mis en évidence au printemps dernier le dénuement existant en Suisse (archives).
La distribution de colis à Genève avait mis en évidence au printemps dernier le dénuement existant en Suisse (archives).
ATS

Il y a deux ans, 735'000 personnes vivaient dans la pauvreté en termes de revenu, indique jeudi l'Office fédéral de la statistique (OFS). C'est environ 75'000 de plus qu'un an plus tôt. Après un temps d'arrêt en 2018, la pauvreté a ainsi repris sa tendance à la hausse et atteint son niveau le plus élevé depuis 2014.

En cinq ans, le revenu disponible équivalent du groupe de revenu le plus faible a diminué. Pour les 10% de la population aux revenus les plus bas, il était inférieur à 25'868 francs en 2019, contre 27'252 francs en 2014. Le revenu médian est quant à lui resté stable aux alentours de 50'000 francs.

Le taux de pauvreté de la population active occupée s'est chiffré à 4,2%. Environ 155'000 personnes vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, alors même qu'elles exerçaient une activité rémunérée. Le seuil de pauvreté se base sur les normes de la Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) et se situait à 2279 francs par mois en moyenne pour une personne seule et à 3976 francs par mois pour deux adultes et deux enfants.

Etrangers et ménages monoparentaux

En outre, une personne sur huit (12,2%) déclarait rencontrer des difficultés à joindre les deux bouts. Une sur cinq (20,7%) n'était pas en mesure de faire face à une dépense imprévue de 2500 francs en l'espace d'un mois et 15,1% avaient au moins un arriéré de paiement (arriérés d'impôts ou de primes d'assurance maladie compris).

Comme les années précédentes, ce sont les personnes de nationalité étrangère, celles vivant dans des ménages monoparentaux, ou encore sans formation postobligatoire ainsi que celles vivant dans des ménages ne participant pas au marché du travail qui étaient le plus souvent touchées par la pauvreté et qui rencontraient des difficultés financières.

Selon l'OFS, le niveau de vie en Suisse reste toutefois élevé par rapport à celui des autres pays européens. Le revenu disponible équivalent médian (après transferts) était 2,8 fois plus élevé qu'en Grèce, 1,6 fois plus élevé qu'en Italie, 1,3 fois plus élevé qu'en France et 1,2 fois plus élevé qu'en Allemagne et en Autriche.

Mesures exigées

Travail.Suisse s'est déclaré «choqué» par ces chiffres et notamment par le nombre de «working poors». Elle juge urgent d'augmenter les salaires, en particulier des salaires les plus faibles, et de réduire les coûts pour les enfants à travers une hausse des allocations familiales, des tarifs supportables pour les gardes d'enfants et une réduction des primes d'assurance maladie.

L'organisation estime par ailleurs que la pandémie de coronavirus va aggraver la problématique de la pauvreté. La Suisse compte déjà 50'000 chômeurs de plus qu'avant la crise, souligne Travail.Suisse.

Evaluation subjective stable

La statistique de l'OFS ne permet pas encore de tirer des conclusions quant aux possibles conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la pauvreté. Selon les statistiques expérimentales de l'OFS, le sentiment de sécurité de l'emploi a diminué au premier semestre 2020.

Le pourcentage de la population active qui déclare un risque très faible de perdre son emploi est passé de 64,2% au début 2020 à 53,5% pendant le semi-confinement. Cette baisse du sentiment de sécurité de l’emploi est particulièrement marquée pour les hommes, les personnes de nationalité étrangère et celles rencontrant des difficultés financières.

En revanche, la confiance dans les institutions politiques a augmenté. Par ailleurs, l'évaluation subjective des conditions de vie en Suisse est restée stable. Elle est toutefois beaucoup plus élevée chez les alémaniques que chez les romands et les italophones.

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