Sondage La population suisse craint une Troisième guerre mondiale

tl, ats

23.6.2022 - 08:17

Près de quatre mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la population suisse se sent un peu moins menacée qu'au début de la guerre. Une majorité soutient non seulement les sanctions économiques contre la Russie mais serait même prête à soutenir des mesures supplémentaires. Les mesures militaires sont en revanche clairement rejetées.

La guerre continue de faire rage en Ukraine.
La guerre continue de faire rage en Ukraine.
KEYSTONE

tl, ats

C'est ce que montre un sondage de l'institut de recherche Link, publié jeudi. Une grande majorité des 2422 personnes interrogées du 3 au 10 juin approuve la politique du Conseil fédéral et soutient son interprétation coopérative de la politique de neutralité de la Suisse. Un fossé politique croissant se dessine toutefois, relève Link dans son communiqué.

En Suisse, l'inquiétude face à une nouvelle escalade du conflit reste élevée. Une grande majorité des sondés craignent en effet que la Ruisse n'ait recours à des armes chimiques (81%) ou à des armes nucléaires (73%).

Crainte d'une Troisième guerre mondiale

Près de deux personnes sur trois (63%) craignent que le conflit ne débouche sur une Troisième guerre mondiale et près d'une personne sur deux (48%) s'inquiète d'une extension du conflit à une guerre de plus grande ampleur, qui pourrait également toucher la Suisse.

Selon Link, le fait que, malgré ces chiffres élevés, l'inquiétude ait, dans certains cas, nettement diminué par rapport à un premier sondage effectué à la mi-mars s'explique par un certain effet d'accoutumance. Confrontées quotidiennement à des images montrant l'horreur de la guerre, les personnes interrogées restent conscientes de la menace, mais celle-ci leur fait moins peur.

Pour deux tiers des sondés (64 %), la Suisse devrait s'engager clairement en faveur de l'Ukraine et appliquer intégralement les sanctions de l'UE contre la Russie. Neutralité et sanctions économiques ne sont donc pas contradictoires pour la majorité des personnes interrogées.

En même temps, la neutralité reste très appréciée par la population, écrit Link. Près de trois personnes sur cinq (59%) pensent que la Suisse doit se montrer neutre vis-à-vis de la Russie et de l'Ukraine et plus de trois sur quatre (78%) estiment que la Suisse devrait jouer un rôle de médiateur dans ce conflit.

Neutralité à droite – sanctions à gauche

Une moitié rejette l'adhésion de la Suisse à l'OTAN. La part de celles et ceux qui rejettent cette proposition a certes baissé depuis le sondage de mars – peu après l'attaque russe du 24 février – mais elle est toujours plus du double de celles et ceux qui soutiennent une adhésion de la Suisse à l'Alliance (23%). Une majorité (55%) approuve en revanche une coopération plus étroite avec l'OTAN.

Alors que le soutien aux sanctions et un rôle de médiateur pour la Suisse réunissent une majorité non partisane, le fossé politique s'est creusé au cours des trois derniers sur les questions fondamentales liées à la neutralité.

Les sondés de droite et du centre souhaitent majoritairement préserver la neutralité vis-à-vis de la Russie et de l'Ukraine, une position qui ne récolte pas une majorité auprès des sondés qui se situent plutôt à gauche de l'échiquier politique. Le groupe des partisans de la neutralité a augmenté depuis mars à droite et au centre. De plus, à droite, il n'y a de justesse plus de majorité pour soutenir pleinement les sanctions de l'UE.

Selon Link, la situation est similaire en ce qui concerne l'OTAN: les personnes qui se situent plutôt à droite de l'échiquier politique sont davantage opposées à une adhésion à l'OTAN que les personnes de gauche.