«C'est rageant», «un acte manqué» Initiatives sur la santé: la presse romande réagit au double non du peuple

ro, ats

9.6.2024 - 19:57

Après le double non du peuple aux initiatives sur les primes d'assurance maladie, la presse romande exhorte le monde politique à agir pour faire baisser les coûts de la santé. Les contre-projets concoctés à Berne ne résolvent pas les problèmes de fond.

Déception dans le camp du PS après l'échec de leur initiative pour alléger les primes d'assurance maladie.
Déception dans le camp du PS après l'échec de leur initiative pour alléger les primes d'assurance maladie.
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Keystone-SDA, ro, ats

Les initiatives du Centre et du PS ont le mérite d'avoir incité le Conseil fédéral à proposer des contre-projets indirects qui visent à endiguer les coûts de la santé, écrit La Liberté. Les cantons devront notamment fournir un soutien minimal pour financer les réductions des primes d'assurance maladie.

«C'est un premier pas dans la bonne direction, mais ce ne sera pas suffisant», relève le quotidien fribourgeois. «C’est un léger lifting, mais ces mesurettes ne permettront pas de diminuer les coûts de la santé», renchérit Le Temps.

«Forcer la main»

«Leur hausse incessante est préoccupante. Les primes vont aussi fortement augmenter en 2025», ajoute le quotidien romand. «Ce n'est simplement pas tenable», abondent les journaux du groupe ESH.

«Il faut donc que la préoccupation numéro un des citoyennes et des citoyens devienne celle de nos élus et de notre gouvernement (...) Ils doivent avoir le courage de forcer la main aux acteurs de la santé pour parvenir à de justes économies. Beaucoup, parmi eux, se sont trop gavés jusqu'ici», ajoutent les trois journaux régionaux.

«Pour des motifs d'ordre économique, les différents acteurs de la santé ne montrent guère de velléité à faire baisser la facture globale», confirme La Liberté. «Un cadre et des objectifs clairs doivent être fixés par les autorités politiques à l’ensemble des protagonistes de la santé, qui trop souvent se renvoient les responsabilités», précise le Quotidien Jurassien.

La perspective d’un retour sur la scène fédérale de la caisse unique publique pour l'assurance maladie de base devrait servir de catalyseur à une indispensable réforme du système, selon le quotidien de Delémont.

Le leadership d'EBS

Le Temps attend notamment que la ministre de la santé Elisabeth Baume-Schneider, «auréolée de ses trois succès dans les urnes ce dimanche», prenne le leadership dans ce domaine, main dans la main avec les cantons.

Le Blick romand attend pour sa part un vrai débat sur l'organisation du système de la santé en Suisse. «C'est rageant de se dire que les primes vont continuer à augmenter», estime-t-il. «Mais il faut reconnaître que l'acceptation de l'initiative aurait été un oreiller de paresse, repoussant un débat que n'abordait pas l'initiative du PS».

De leur côté, 24 Heures et la Tribune de Genève ont regretté «un acte manqué du Centre et du PS». Le double échec de dimanche est la conséquence d’une incapacité de ces deux partis à travailler ensemble pour résoudre une des préoccupations principales des Suisses», écrivent-ils. «Mathématiquement pourtant, il y avait sur la table de quoi réussir».

Le vote du porte-monnaie

Outre-Sarine, le site Watson estime que les Suisses ont voté avec leur porte-monnaie. L'initiative du PS a surtout échoué parce que seule une partie de la population aurait profité du plafond de 10%. «Son financement, probablement par une hausse des impôts, aurait touché tout le monde», relève-t-il.

En cas de oui à l'une des initiatives, les contribuables auraient dû «tôt ou tard» passer à la caisse, abonde la Südostschweiz. Pour le journal alémanique, l'effet aurait été «le même pour les deux projets: les coûts (n'auraient pas été) réduits, mais transférés».

«Initiatives leurres»

La NZZ va plus loin et souligne que le refus de l'initiative d'allègement des primes est dû en particulier à la résistance de la Suisse alémanique. Avec près de 62% de «oui», «la Suisse romande a facilement approuvé l'initiative d'allègement des primes (dont les coûts pourraient être imputés de manière disproportionnée à la Suisse alémanique)», écrit le quotidien zurichois.

Le double non de dimanche ne marque toutefois pas la fin de l'histoire. «Il faudra s'attendre à d'autres initiatives leurres à l'avenir», relève la NZZ. A ses yeux, «il ne serait pas étonnant qu'à moyen terme, les vieux rêves de la gauche obtiennent une majorité: une caisse maladie unique d'Etat et un système avec des primes en fonction du revenu.»