Accord-cadre abandonnéLa presse romande fustige la décision du Conseil fédéral
ats
27.5.2021 - 06:41
La majorité de la presse romande fustige la décision du Conseil fédéral d'arrêter les négociations sur l'accord-cadre avec l'UE. Outre-Sarine, les avis sont plus partagés et certains journaux saluent le fait que le gouvernement n'ait pas cédé à la pression de l'UE.
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27.05.2021, 06:41
27.05.2021, 07:11
ATS
La «fin unilatérale» des négociations est un «immense gâchis», déplore Le Temps. Il souligne que «cet échec est avant tout celui du Conseil fédéral», qui n'a dans un premier temps pas pris suffisamment au sérieux la revendication des syndicats sur la protection des salaires. Divisé, le collège n'a en outre «jamais parlé d'une seule voix et a manqué de leadership».
Le Temps ajoute que «cet échec est aussi celui du ministre des affaires étrangères» Ignazio Cassis qui n'a pas réussi à s'imposer et dont les «tergiversations incessantes ont déstabilisé ses collèges et le monde politique suisse».
Incapacité à se projeter
La Tribune de Genève et 24 Heures parlent également d'un «beau gâchis». Et de relever que, plus que l'échec, ce qui choque c'est «l'incapacité du Conseil fédéral, des partis ainsi que des cantons à se projeter et à définir les relations qu'ils souhaitent avec l'Union européenne et les concessions auxquelles ils sont prêts». Seuls les Vert'libéraux et l'UDC y sont parvenus.
Les deux journaux notent encore que la Suisse ne parvient pas à «objectiver les avantages – et inconvénients – du développement de ses relations» avec l'UE. C'est pourtant ce travail que les autorités politiques doivent désormais faire «de manière honnête et transparente».
La Liberté et ses journaux partenaires notent pour leur part que l'arrêt des négociations intervient «au moment le plus incompréhensible» puisque l'UE se disait prête à renégocier. S'il pointe du doigt le manque d'unité du gouvernement, le journal fribourgeois relève que «au-delà des personnalités du collège, le problème est plus global».
Et de mentionner l'enfermement du gouvernement ainsi que de certains partis et groupe d'intérêts «dans leur conception de la voie bilatérale, considérée comme éternelle et immuable» alors que l'UE n'en veut plus sous cette forme.
«Tirer le meilleur de cette situation»
La Liberté note également que le gouvernement et ses soutiens ont peur de dérouler le tapis rouge à l'UDC en cas de votation, mais que «réduire l'enjeu européen à des calculs politiques fait peine à voir».
Il importe de «tirer le meilleur de cette situation difficile avant qu'elle ne devienne dramatique», estime l'Agefi qui rappelle les conséquences immédiates pour l'industrie medtech suisse. Et d'appeler les «responsables de cet échec, les syndicats en particulier» à se montrer constructifs. Le Temps précise quant à lui qu'il faudra «du concret» comme le dégel du milliard de cohésion.
Le Courrier concentre quant à lui ses critiques envers Bruxelles et relève que la pression que l'UE mettait sur la Suisse «ne laissait guère d'illusions sur la marge de manoeuvre des négociateurs helvétiques». Rappelant les craintes de la gauche, soit la «liquidation des droits sociaux», le journal déplore «l'iceberg néolibéral qu'est devenu le projet européen».
Et d'ajouter que, paradoxalement, la décision du gouvernement «remet une question de fond sur le dessus de la table», celle de «l'adhésion pure et simple au lieu bricolage actuel».
Opinions moins tranchées chez les Alémaniques
Outre-Sarine, les avis sont plus partagés et certains journaux estiment que le Conseil fédéral a pris la bonne décision. C'est notamment le cas du Blick, qui se félicite que le gouvernement résisté aux «promesses» de conclure des accords lucratifs avec l'UE. Le Conseil fédéral n'a pas voulu avaler cette couleuvre. En rompant les négociations, il a clairement signifié leur échec et en assume la responsabilité, estime le Blick.
Pour le Tages-Anzeiger également, la décision du Conseil fédéral était la bonne. Un accord qui aurait non seulement obligé la Suisse à reprendre les règles du marché intérieur mais aussi à rendre son système social et son droit du travail compatible avec la Cour de justice européenne «aurait transformé notre système de démocratie directe en farce sur des questions importantes» estime le journal. Il dénonce également les pressions et les menaces exercées par Bruxelles pour que la Suisse signe l'accord. Le journal exhorte désormais les syndicats et les associations économiques qui étaient opposés à l'accord à travailler ensemble pour proposer un plan B.
La NZZ souligne quant à elle que, dans sa décision, le Conseil fédéral a avant tout été guidé par ce qu'il ne voulait pas. Et de pointer un manque de vision commune, au sein du gouvernement dans sa composition actuelle, sur la façon dont doivent évoluer les relations avec l'UE. Mais pour aller de l'avant, la Suisse devra redéfinir sa relation avec l'UE et le reste du monde.