Philipp Hildebrand:«La Suisse a perdu beaucoup d'aura internationale»
wk, ats
28.2.2021 - 06:52
La Suisse a perdu de l'importance sur la scène internationale ces dernières années par rapport à d'autres pays, constate Philipp Hildebrand. Elle ne dispose pas des instruments nécessaires pour rayonner dans un monde plus complexe, ajoute l'ancien président de la BNS.
La formation de blocs et le développement extraordinaire de l'Asie au cours des 20 dernières années, notamment celui de Singapour, ont contribué à ce changement, analyse M. Hildebrand dans un entretien diffusé dimanche par la NZZ am Sonntag.
L'époque où la Suisse pouvait compter sur les bons offices est révolue, remarque-t-il. «Aujourd'hui, d'autres pays offrent également de tels services. Ce n'est plus un argument de vente unique».
M. Hildebrand appelle la Suisse à se poser de toute urgence la question, de savoir comment le pays pourra encore protéger ses intérêts en 2040. «C'est d'une importance stratégique». Les pays de l'UE ont un grand avantage à cet égard, car ils agissent au niveau international en tant que communauté, note-t-il.
Singapour, un modèle
«Mais nous ne ferons pas partie de l'UE pendant cette génération», relève le vice-président de la société américaine de gestion de placements BlackRock. En apparence, tout le monde est ami avec la Suisse, dit-il, mais en fin de compte, seuls les intérêts nationaux comptent.
Pour lui, la Suisse doit admettre qu'elle a un problème. Elle doit ensuite élaborer un plan. Elle devrait avant tout s'engager dans la diplomatie financière, au vu de sa richesse, poursuit-il.
Singapour est un modèle, estime l'ancien président de la banque centrale suisse. La cité-État montre, comment un petit pays peut exercer une influence énorme grâce à sa puissance financière, ajoute-t-il. «Nous avons besoin d'un plan stratégique à long terme similaire à celui de Singapour.» Cela inclurait également une réflexion sur un fonds souverain.
Philipp Hildebrand briguait le poste de secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), mais il a retiré sa candidature jeudi. Il a invoqué un manque de soutien des membres de l'organisation, en particulier de l'Europe.