AfghanistanLa Suisse attend «des actes» des talibans après les promesses
sn, ats
10.2.2022 - 17:06
La Suisse a dit aux talibans à Genève attendre «des actes» après les promesses sur les droits humains et le droit international humanitaire (DIH). Les islamistes ont donné des garanties de sécurité pour rouvrir le bureau de coopération à Kaboul. Trop tôt, selon Berne.
Keystone-SDA, sn, ats
10.02.2022, 17:06
10.02.2022, 19:25
ATS
Les discussions avec 11 talibans, emmenés par le ministre de la santé Qalandar Ebad, ont été «franches» et «ouvertes», a dit jeudi après-midi à quelques journalistes le chef de la délégation suisse. S'il admet ne pas avoir appris grand-chose de nouveau, l'ambassadeur Raphael Nägeli, chef de la division Asie et Pacifique au Département fédéral des affaires (DFAE), insiste sur l'importance de cette réunion.
Opposé aux talibans, l'ambassadeur afghan à l'ONU à Genève Nasir Andisha avait demandé à la Suisse de ne pas voir les talibans. Il a dénoncé leurs violations à de nombreuses reprises devant le Conseil des droits de l'homme.
Cette rencontre n'était «ni une légitimation, ni une reconnaissance» des talibans mais «une occasion de faire passer des messages», dit M. Nägeli, relevant le besoin de parler aux autorités autoproclamées. «Nous avons clairement exprimé nos attentes sur les droits humains, le droit international humanitaire (DIH) et la protection de la population civile».
La Suisse est écoutée sur ces questions, selon l'ambassadeur. «Nous sommes profondément préoccupés par les informations d'enlèvement et de représailles envers des personnes associées à l'ancien gouvernement», dit l'ambassadeur. «De même que par les violences contre les activistes des droits humains, contre les femmes et contre les intellectuels».
Millions de francs
La Suisse a financé au total 60 millions de francs d'aide l'année dernière. Berne soutient les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de l'ONU et d'ONG humanitaires. Pour cette année, au moins 27 millions de francs sont prévus.
Cette assistance ne transite pas par l'Etat pour garantir qu'elle ne soit pas pilotée par les talibans. «Nous avons expliqué que l’aide doit pouvoir être délivrée dans le respect des principes humanitaires», affirme M. Nägeli.
Après la rencontre de jeudi, il n'est pas question de lancer un dialogue plus structuré ni dans un format plus important après ce contact, le premier à un tel niveau. Si les deux parties vont rester en contact pour approfondir certaines questions, aucune réunion n'est planifiée, insiste M. Nägeli.
Les talibans ont réitéré leur promesse d'autoriser les filles à recevoir une éducation publique dès mars prochain. «Nous attendons d'eux qu'ils tiennent» celle-ci, affirme l'ambassadeur. «Nous les jugerons sur leurs actes et pas sur leurs paroles».
«Prêts à des compromis»
De même, l'offre talibane d'une éventuelle réouverture du bureau de coopération de Kaboul avec des garanties de sécurité ne sera pas acceptée pour le moment. «Tout dépendra du développement de notre action sur place et de notre évaluation de la sécurité. Il est trop tôt, il n’y a pas de plan imminent», selon l'ambassadeur.
Après des rencontres il y a quelques semaines avec plusieurs pays à Oslo, les talibans cherchent activement une reconnaissance internationale. «Nous avons senti l’intérêt d'un dialogue avec la communauté internationale. Ils savent qu'ils doivent faire le premier pas et que des garanties sont attendues», selon M. Nägeli. «Ils semblent prêts à des compromis».
La délégation talibane est arrivée dimanche à Genève à l'invitation de l'Appel de Genève. Outre avec cette ONG, des discussions ont été menées avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou encore Médecins Sans Frontières (MSF).