Droits humains La Suisse au coeur du FIFDH

ATS

14.2.2019 - 15:18

La directrice du FIFDH Isabelle Gattiker (à gauche) veut montrer les nouvelles «résistances».
La directrice du FIFDH Isabelle Gattiker (à gauche) veut montrer les nouvelles «résistances».
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le Festival du film international sur les droits humains (FIFDH) va explorer en mars à Genève les nouvelles «résistances». Après des critiques récentes contre la Suisse, il va poser la question de l'identité du pays. L'acteur Forest Whitaker sera présent.

La Suisse sera davantage abordée qu'habituellement lors de cette 17e édition prévue du 8 au 17 mars. Les polémiques après ses décisions sur le Traité d'interdiction des armes nucléaires, le pavillon refusé au bateau de sauvetage Aquarius ou le Pacte mondial des migrations ont incité les organisateurs à vouloir la décortiquer.

«Nous avons décidé de réfléchir» aux questions liées aux valeurs véhiculées par la Suisse, a affirmé jeudi devant la presse la nouvelle responsable éditoriale des débats menés pendant le festival, Caroline Abu Sa'Da. Des «voix dissonantes» vont débattre de cette identité suisse.

Cette responsabilité sera portée par l'ancien diplomate Tim Guldimann, l'ancienne vice-présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Christine Beerli et l'ancien procureur et conseiller aux Etats Dick Marty. De son côté l'ancienne présidente de la Confédération Ruth Dreifuss s'exprimera sur les projets du Conseil fédéral de durcissement de la lutte contre les organisations criminelles et terroristes en Suisse.

S'il revendique la volonté d'avoir un impact plus largement sur les discussions internationales sur les droits de l'homme, le FIFDH laisse entendre qu'il ne cherche pas à influencer la campagne des élections fédérales. «La Suisse est pointée chaque année» dans le festival, renchérit la directrice Isabelle Gattiker.

Bachelet ou encore Baeriswyl

La question des armes controversées fabriquées en Suisse utilisées contre les manifestants des gilets jaunes en France a été explorée. Il manquait un film pour l'incarner. Peut-être l'année prochaine, glisse Mme Gattiker.

De nombreuses productions suisses seront projetées. Parmi elles, trois mettent à nouveau en avant les femmes. Alors que le FIFDH sera ouvert par la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet et la secrétaire d'Etat Pascale Baeriswyl à l'occasion de la Journée internationale qui leur est consacrée.

Face à un «assaut sans précédent» contre les droits de l'homme, le FIFDH «est peut-être devenu un festival de résistance», relève la directrice. Il veut montrer les nouvelles interrogations politiques, artistiques ou collectives. Et doit faire face chaque année à la pression d'Etats.

Côté participation, l'acteur américain Forest Whitaker viendra parler de son initiative au Soudan du Sud lors d'une rencontre pilotée avec l'organisation internationale de consolidation de la paix Interpeace. Auparavant, il se sera exprimé à l'ONU en marge du Conseil des droits de l'homme avec Mme Baeriswyl.

Dans le cadre de jurys spéciaux pour le FIFDH, Mme Dreifuss rencontrera de son côté des détenus dans deux établissements. Un documentaire autour de la régularisation des personnes sans statut légal à Genève sera montré en première mondiale. Alors que la comédienne française Aïssa Maïga présentera un film dans un centre de migrants.

Financement en augmentation

Autres thématiques abordées, la santé mentale, la spéculation immobilière ou la justice et la réconciliation alimenteront également projections et débats. L'écrivain italien Roberto Saviano participera à une rencontre autour de la première en Suisse d'un film qui met en images son dernier roman.

Alors que le harcèlement mené en ligne par de jeunes journalistes provoque une polémique en France, une discussion autour de cette question est prévue. A l'occasion des 30 ans d'Internet, d'autres débats sur le numérique sont annoncés.

Au total, 47 films seront montrés, dont 16 en compétition officielle de fiction ou du documentaire. Le jury de fiction sera présidé par la productrice et activiste américaine Pat Mitchell et celui du documentaire par la romancière française Leïla Slimani.

Le FIFDH reconduit aussi son élargissement à d'autres arts. Il veut aussi porter une plateforme pour les cinéastes suisses internationaux.

Le festival poursuit son extension dans près de 30 communes genevoises et dans des dizaines de sites du canton et d'autres régions. La tournée entamée dans 45 pays se poursuivra cette année dans 15 autres. Avec 2 millions de francs, le budget a augmenté d'environ 10%.

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