Energie La Suisse doit produire plus d'énergie verte et locale

nipa, ats

18.3.2024 - 10:30

Pour faire face à de futures pénuries, la Suisse doit rapidement produire plus d'électricité à partir d'énergies renouvelables. Le conseiller fédéral Albert Rösti a appelé à soutenir la réforme de l'énergie, en votation le 9 juin suite à un référendum.

Le ministre de l'énergie Albert Rösti (ici au Salon de l'auto de Genève), plaide lundi pour la grande réforme de l'énergie. Les besoins en électricité augmentent (archives).
Le ministre de l'énergie Albert Rösti (ici au Salon de l'auto de Genève), plaide lundi pour la grande réforme de l'énergie. Les besoins en électricité augmentent (archives).
ATS

nipa, ats

«Nous avons besoin de beaucoup plus d'électricité», pour l'industrie, les voitures électriques ou les pompes à chaleur, a constaté lundi en conférence de presse le ministre de l'énergie Albert Rösti.

Jusqu'ici, grâce à des mesures ciblées comme la constitution de réserves, la Suisse a pu éviter toute pénurie en hiver. Mais le risque existe toujours, au vu de la transformation touchant l'approvisionnement en électricité en Europe et les conflits internationaux.

Pour le Conseil fédéral, il est clair que le pays doit être moins dépendant de l'étranger, notamment pour affronter l'hiver. Il a besoin à court et moyen terme d'énergies disponibles tout de suite: l'eau, le vent, le solaire et la biomasse.

A plus long terme, la question dépendra des technologies disponibles, a convenu le conseiller fédéral UDC, sans vouloir se prononcer plus précisément: hydrogène, géothermie ou nucléaire. Les centrales existantes doivent en tout cas pouvoir fonctionner plus longtemps, du moment qu'elles sont sûres, estime-t-il.

Nature et paysage

En attendant, grâce à la loi sur les énergies renouvelables adoptée au Parlement en septembre dernier, l'approvisionnement en énergies indigènes serait assuré. Elle facilite notamment la construction rapide d'installations hydrauliques, solaires ou éoliennes. Désormais d'intérêt national, leur établissement primera sur la protection de la nature ou du paysage.

Pro Natura et le WWF ont participé aux discussions. Ces grandes organisations environnementales soutiennent la réforme, ce qui n'allait pas de soi, a rappelé Albert Rösti. Les grandes installations ont un certain impact sur la nature et le paysage, c'est vrai, a admis le Bernois. Mais en contrepartie, elles produisent de l’électricité.

Et il n'y aura pas de nouvelles installations dans les biotopes d'importance nationale ou les réserves de sauvagine et d'oiseaux migrateurs, à l'exception des nouvelles marges proglaciaires et des plaines alluviales alpines.

Objectifs chiffrés

Le Parlement a fixé des objectifs plus ambitieux que le Conseil fédéral. Au moins 35 TWh d'électricité devront être produits en 2035 grâce aux énergies renouvelables - hydraulique non compris -, et 45 TWh en 2050. Les exigences pour l'énergie hydraulique sont fixées à 37,9 TWh et 39,2 TWh.

Les objectifs pourront notamment être réalisés grâce à seize centrales hydroélectriques, dont huit en Valais, qui bénéficieront de procédures accélérées.

La loi prévoit des conditions facilitées pour leur planification afin d'augmenter les perspectives de leur réalisation, même en cas de recours. Des votations au niveau local portant sur d'autres projets énergétiques resteront possibles, a noté le conseiller fédéral.

La mise en oeuvre de la loi nécessite des investissements dans le secteur de l'électricité. En tant que propriétaires d'entreprises du secteur, les cantons, les villes et les communes assument une grande responsabilité en la matière. La loi instaure le cadre juridique et la sécurité du droit nécessaires pour que ces investissements soient vraiment effectués.

La loi n'entraîne en outre aucune nouvelle taxe pour les consommateurs finaux. Le supplément perçu sur le réseau financera les instruments d'encouragement servant à développer la production d'électricité. Son montant actuel, fixé à 2,3 centimes par kilowattheure, restera inchangé.

Référendum

La Fondation Franz Weber, soutenue par Paysage Libre Suisse et d'autres organisations, a lancé un référendum. Elle juge la loi dangereuse pour la protection de la nature et du paysage. Le comité référendaire craint aussi une restriction des droits populaires.

Un autre élément pourrait jouer dans la campagne. Au Parlement, l'UDC avait soutenu en majorité la réforme. Désormais, certains dirigeants du parti s'y opposent et le font savoir, ont pointé plusieurs médias.

Albert Rösti défendra la réforme lors de l'assemblée des délégués de son parti samedi prochain. «Je vais mettre beaucoup d'énergie dans cette votation. Je me suis déjà engagé pour ce dossier lorsque j'étais conseiller national», a-t-il assuré.