Guerre en Ukraine, crise au Soudan...ONU: la Suisse prend la présidence d'un Conseil de sécurité sous tension
sn, ats
27.4.2023 - 09:52
La Suisse sera dès lundi prochain à New York un peu plus au centre de l'attention diplomatique. Elle prend pour un mois la présidence d'un Conseil de sécurité de l'ONU secoué, après un mois de travaux pilotés par la Russie en pleine guerre en Ukraine et avec une crise au Soudan.
Keystone-SDA, sn, ats
27.04.2023, 09:52
ATS
Pendant quelques semaines, la Suisse va pouvoir donner le ton de certains débats, même si environ quatre discussions sur cinq s'imposent d'elles-mêmes à l'organe le plus important du système onusien. Berne a décidé de placer cette présidence sous la thématique de la protection des civils. Un «moment historique», selon l'ambassadrice suisse à l'ONU à New York Pascale Baeriswyl, qui sera celle qui devra manier le marteau le plus régulièrement pendant un mois.
Mais pas moins de trois membres du Conseil fédéral feront de même dans les prochaines semaines à New York. Dès mercredi, Ignazio Cassis présidera un débat de haut niveau sur les efforts pour une paix durable, en lien avec le nouvel Agenda pour la paix que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres doit présenter. Berne souhaite que la prévention des violences ou la diplomatie scientifique soient notamment abordées.
Trois semaines plus tard, le président de la Confédération Alain Berset dirigera une discussion sur la protection des civils. Sa collègue Viola Amherd participera elle à deux réunions, dont une sur les 75 ans de la première mission de maintien de la paix de l'ONU, celle au Proche-Orient (ONUST) actuellement dirigée par le divisionnaire Patrick Gauchat.
La seconde doit faire le suivi sur la collaboration entre les Nations Unies et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Deux institutions souvent accusées de ne pas en faire suffisamment pour tenter de régler la crise ukrainienne.
Russie largement visée
Pour Berne, la tâche ne sera pas aisée dans ce climat de tensions. La présidence russe du Conseil a été accusée de «désinformation», y compris par la Suisse, dans le cadre de discussions où la guerre en Ukraine était abordée. Si certains pays ont quitté la salle au moment où une responsable russe sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) s'exprimait à distance, Berne a préféré, comme toujours, rester. Mais sans être représentée par Mme Baeriswyl.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est ensuite attiré il y a quelques jours la réprobation de Kiev au moment de présider une discussion sur le multilatéralisme. Moscou n'en démord pas sur son analyse d'une «large crise» onusienne, organisation qu'elle accuse d'être politisée par les Occidentaux.
L'ambassadeur russe à l'ONU à Genève Guennadi Gatilov souhaite que la Suisse prenne en considération cette situation pendant son mois de présidence. «Je comprends qu'elle a son propre programme de travail» sur «ce qui lui semble important», a-t-il toutefois dit.
La Suisse dit de son côté ne pas se voir le mandat d'apaiser le Conseil, mais elle assume en revanche vouloir oeuvrer à un organe plus efficient. Pendant un mois, la présidence doit surtout s'adapter à l'arrivée de crises imprévues. Plus récente en date, la situation au Soudan inquiète la communauté internationale.
Syrie ou Ukraine à attendre
Plusieurs autres dossiers devront être résolus sur la scène internationale pendant la présidence suisse. Le président syrien Bachar al-Assad doit affirmer s'il prolonge ou non l'utilisation des deux points de passage supplémentaires pour l'assistance humanitaire depuis la Turquie après le séisme de février. La Suisse, en charge de cette question au Conseil avec le Brésil, est prête à oeuvrer s'il le faut mais préfère que l'ONU et la Syrie règlent le problème.
Et mi-mai, l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes devra être renouvelé par Kiev et Moscou. Alors qu'elle a déjà divisé par deux la période de prolongement de cet arrangement, la Russie estime que ses cinq demandes pour améliorer l'acheminement de ses engrais n'ont pas avancé. Elle considère cette question comme importante pour autoriser une prorogation de l'accord avec Kiev.
Membre non permanente du Conseil pour deux ans depuis janvier dernier, la Suisse s'est longuement préparée à cette présidence. Ces derniers mois, les équipes ont été renforcées à Berne, à New York et à Genève. Et ces dernières semaines, Berne a multiplié les explications sur son approche auprès de différents acteurs. Une seconde présidence du Conseil de sécurité est prévue en octobre 2024.