Coronavirus La visibilité des sans-papiers choque

ATS

10.5.2020 - 14:49

Les files de sans-papiers qui viennent chercher de la nourriture ont peu de chance d'être vues en Suisse alémanique.
Les files de sans-papiers qui viennent chercher de la nourriture ont peu de chance d'être vues en Suisse alémanique.
Source: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Les files de sans-papiers à Genève ont ébranlé plus d'un Suisse. A Zurich, Bea Schwager, qui dirige le point de contact avec cette population, se dit secouée: «on n'a pas l'habitude de voir de telles images en Suisse».

Mais la Zurichoise n'est pas étonnée, dit-elle dans les colonnes du SonntagsBlick: la vie pour les sans-papiers est aussi dure après deux mois de pandémie dans la capitale économique de la Suisse.

A Genève, des colis alimentaires ont été distribués pour la seconde semaine de suite samedi aux Vernets, à l'appel de la Caravane de Solidarité. Au vu de la forte affluence, les 1683 colis n'ont pas suffi. Une nouvelle distribution aura lieu la semaine prochaine.

Six heures d'attente

Les partenaires s'inquiètent face à l'augmentation, chaque semaine, du nombre de personnes fragilisées par la crise liée au Covid-19 qui attendent pendant des heures pour ces colis, tout en saluant la solidarité des donateurs, a indiqué samedi la Ville de Genève, qui a coordonné l'opération. Certaines personnes ont patienté pendant six heures.

Des villes comme Zurich, Berne ou Bâle distribuent aussi de la nourriture aux personnes qui ont en besoin, mais on ne voit pas des files sur la voie publique comme à Genève.

90'000 personnes

Les sans-papiers sont peut-être un peu plus nombreux en Suisse romande, estime la Zurichoise, tandis que cette population est estimée à 90'000 personnes dans toute la Suisse. «Mais ce n'est pas la raison pour laquelle on ne voit pas les mêmes scènes à Zurich qu'à Genève», poursuit-elle.

«En Suisse alémanique, les sans-papiers ne s'exposeraient jamais ainsi car ils ont peur de se faire arrêter par la police puis expulser», explique la spécialiste. Certes les mêmes lois en la matière s'appliquent dans toute la Suisse, mais l'appréciation n'est pas la même.

«Les sans-papiers subissent moins de contrôles en Suisse romande et osent davantage se déplacer», poursuit-elle. On se souvient en outre qu'en 2017-18, Genève a régularisé plus de 2000 sans-papiers dans l'opération Papyrus.

Près de 800 donateurs

A Genève vendredi, quelque 800 donateurs privés avaient déposé leurs paquets dans la journée. De son côté, la banque alimentaire Partage a fourni quelque huit tonnes de pâtes, riz, huile, sucre, conserves et produits d’hygiène. Les colis ont été améliorés avec de l’avoine, du cacao et du café. En outre, des producteurs locaux ont offert quatre tonnes de produits frais qui ont fait l'objet de colis séparés.

Des services municipaux, les Hôpitaux universitaires, des associations et organisations non gouvernementales ainsi que 80 bénévoles ont contribué à l'opération. Samedi, 662 personnes ont été enregistrées dans la base de données des Colis du Coeur, qui a soutenu 7700 personnes cette semaine en leur adressant un bon d’une valeur de 50 à 150 francs, selon la taille de la famille.

La plupart des sans-papiers viennent d'Amérique latine, mais aussi d'Asie et d'Afrique, dit Bea Schwager. Les femmes travaillent souvent comme baby-sitter ou femme de ménage. On retrouve aussi les hommes dans le nettoyage, mais encore sur les chantiers, dans les cuisines de restaurants ou comme jardinier.

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