Moutier Le bilinguisme n'est pas menacé dans le canton de Berne

hs, ats

29.3.2021 - 15:01

Le départ de Moutier et de ses 7400 habitants du canton de Berne ne va pas menacer le bilinguisme, assurent les autorités cantonales, le Conseil du Jura bernois et le Forum du bilinguisme. Mais le Jura bernois pourrait assister à plus longue échéance à un affaiblissement de son poids politique.

Le départ de Moutier et de ses 7400 habitants du canton de Berne ne va pas menacer le bilinguisme.
Le départ de Moutier et de ses 7400 habitants du canton de Berne ne va pas menacer le bilinguisme.
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hs, ats

Le Jura bernois perd sa commune la plus peuplée, soit 13,7% de sa population. Ne serait-ce que mathématiquement, le départ de la cité prévôtoise affaiblit, même si cela demeure très modeste, le poids de la minorité francophone. Le canton de Berne comptait à la fin 2019 1'039'474 habitants, dont environ 10% de langue française.

La région est surreprésentée au gouvernement et au parlement. La constitution bernoise garantit au Jura bernois 12 sièges sur 160 au Grand Conseil et un siège sur sept au Conseil-exécutif. Ce statut particulier doit permettre à la région de préserver son identité et sa particularité linguistique et de participer à la vie politique.

Mais le départ de Moutier ne devrait pas manquer d'ouvrir le débat sur le maintien de ces acquis, même si le Grand Conseil a récemment renforcé la position du Jura bernois en adoptant une révision de la loi sur le statut particulier. Des députés germanophones pourraient toutefois remettre à l'avenir en question ces «privilèges».

Bilinguisme pas menacé

«Il n'y aura pas de remise en cause des acquis», a assuré lundi le vice-chancelier du canton de Berne David Gaffino. Le bilinguisme continuera également à être encouragé et valorisé, a-t-il expliqué à Keystone-ATS. «On reste le même canton bilingue», a souligné le vice-chancelier ajoutant que le canton de Berne continuera à jouer son rôle de pont entre la Suisse romande et la Suisse alémanique.

Le Conseil du Jura bernois (CJB), sorte de Parlement régional chargé de défendre les intérêts de la population, se veut aussi optimiste. «La question des prérogatives du Jura bernois sera abordée une fois que la Ville de Moutier sera partie et cela est légitime et normal», a expliqué Virginie Heyer, présidente du CJB.

La députée et maire de Perrefitte (BE), commune voisine de Moutier, ne croit toutefois pas que cela aboutisse à un affaiblissement de la région. Virginie Heyer ne manifeste pas non plus d'inquiétude à propos du bilinguisme. «Le canton de Berne tient à sa minorité francophone», a-t-elle souligné.

Même constat au Forum du bilinguisme qui ne s'inquiète pas non plus pour l'avenir des francophones après la votation de ce dimanche. «Je ne vois pas cela comme une menace», a expliqué sa directrice Virginie Borel. Relevant que le destin de Moutier étant clair, elle estime que francophones et germanophones pourront à présent œuvrer plus étroitement encore en faveur du bilinguisme.

Chance pour la région

Pour la présidente du CJB, la fin de la Question jurassienne est susceptible de donner un nouvel élan au Jura bernois. «Au final, la région pourrait sortir renforcée avec plus en toile de fond», a estimé Virginie Heyer. Certains dossiers étaient bloqués à cause de l'incertitude autour de l'appartenance cantonale.

Le départ de Moutier offrira aussi des opportunités aux communes du Jura bernois qui pourront prétendre accueillir des unités administratives cantonales implantées dans la cité prévôtoise comme le tribunal régional, le Ministère public ou la police. «la région devra se mettre autour d'une table pour en discuter», a estimé Virginie Heyer.