Italie Le casino de Campione après la faillite

ATS

24.7.2019 - 10:27

Etouffée par les dettes à une année de la fermeture pour faillite de son casino municipal, l’enclave italienne de Campione sur le lac de Lugano vient de recevoir près de cinq millions d’euros du gouvernement italien (archives).
Etouffée par les dettes à une année de la fermeture pour faillite de son casino municipal, l’enclave italienne de Campione sur le lac de Lugano vient de recevoir près de cinq millions d’euros du gouvernement italien (archives).
Source: KEYSTONE/TI-PRESS/PABLO GIANINAZZI

Etouffée par les dettes une année après la fermeture pour faillite de son casino municipal, l’enclave italienne de Campione sur le lac de Lugano vient de recevoir près de cinq millions d’euros du gouvernement italien. Elle pourra commencer à payer ses créanciers.

«Au 30 juin dernier, la dette de Campione d’Italia envers le canton du Tessin et les entreprises privées s’élevait à environ cinq millions de francs» a indiqué mardi à l’agence Keystone-ATS Francesco Quattrini, délégué du Conseil d’Etat tessinois aux relations externes pour les rapports transfrontaliers, confédérés et internationaux. «Selon les informations en notre possession, l’argent mis à disposition de l’enclave devrait servir en premier lieu à payer les employés communaux», affirme M. Quattrini.

En ce qui concerne les créanciers tessinois, explique ce dernier, la priorité ira aux privés, soit à la Société de navigation du lac de Lugano et à l’entreprise qui assure le service de voirie.

De son côté, le 26 juin, au vu d’une situation délicate qui risque de se prolonger, le Conseil d’Etat tessinois a décidé de bloquer 3,8 millions de francs sur les 84,3 millions d’impôts à la source prélevés aux travailleurs italiens frontaliers. Ceux-ci doivent être reversés à l’Italie selon un accord italo-suisse remontant à 1974. Pour le Tessin, cette mesure représente une garantie face à la dette que l’enclave a envers le canton.

Transports et ordures

Giorgio Zanzi, commissaire désigné par la préfecture de Rome au lendemain de la faillite du casino municipal pour diriger l’enclave, a déclaré lundi à la Radiotélévision de la Suisse italienne (RSI) que des dispositions sont en train d'être prises.

Il s'agira d’émettre des ordres de paiement pour les services essentiels tels que les transports et la récolte des ordures. Une tranche de 100'000 francs sur un total de 1,2 million de francs dû à plusieurs firmes tessinoises est évoquée.

Espace douanier de l'UE

L’avenir de Campione d’Italia dépend désormais de la modification de son statut douanier. Cela est indépendant de la situation économique catastrophique de l’enclave suite à la fermeture de son casino.

Campione deviendra en effet espace douanier de l’Union européenne le 1er janvier 2020. Cela signifiera pour ses habitants qu'ils ne pourront plus circuler avec des voitures immatriculées au Tessin, ne dépendront plus du régime monétaire suisse, et de manière générale ne plus bénéficier des services de la Confédération.

«Et si vraiment le casino ne devait jamais rouvrir ses portes, nous risquons d’assister à un changement radical, à un exode de masse, la mort d’une communauté et donc à la fin de 1300 ans d’histoire» prévoit M. Quattrini.

Situation dramatique

Ex-employé du casino et syndicaliste, Paolo Bortoluzzi a avec ses collègues inlassablement assuré durant des mois la permanence du piquet de soutien devant la maison de jeu close. Il n’est pas davantage optimiste.

«Nous attendons maintenant que le gouvernement italien prenne position sur le rapport du commissaire extraordinaire Maurizio Bruschi quant à la possibilité de rouvrir le casino municipal» explique-t-il à Keystone-ATS. Pour lui, la situation est dramatique.

«Nombre de mes ex-collègues n’ont plus de quoi payer leur loyer ou leur hypothèque, n’auront bientôt plus de quoi se nourrir et devront donc forcément partir chercher fortune ailleurs», ajoute-t-il. Il explique pour sa part devoir prendre une décision rapidement car il a deux enfants adolescents et pratiquement puisé à fond dans ses économies.

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