«Insuffisant» Le Conseil d'Etat fait une offre concrète – Syndicats très déçus

sj, ats

22.3.2023 - 18:13

Dans le cadre des discussions sur les salaires de la fonction publique vaudoise, le Conseil d'Etat a proposé mercredi une enveloppe financière globale de 47 millions de francs pour 2024, dont 15 millions pour «la vie chère». Insuffisant, clament les syndicats, déçus.

Cinq ministres du gouvernement vaudois sont venus défendre leurs propositions faites mercredi aux syndicats de la fonction publique.
Cinq ministres du gouvernement vaudois sont venus défendre leurs propositions faites mercredi aux syndicats de la fonction publique.
ATS

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Une délégation de cinq ministres a reçu dans l'après-midi à Lausanne les représentants de trois syndicats durant environ deux heures. C'était leur deuxième rencontre après celle du 23 février. Les 47 millions mis sur la table, dont 32 millions pérennes, représentent une enveloppe supplémentaire englobant des mesures salariales pour le public et le parapublic ainsi que des mesures de renforcement structurel dans le secteur social et scolaire.

«C'est une approche globale, une valeur ajoutée et un engagement fort», a déclaré devant les médias la présidente du gouvernement Christelle Luisier à l'issue de la rencontre. Elle était entourée de ses collègues Nuria Gorrite (ressources humaines), Rebecca Ruiz (santé), Valérie Dittli (finances) et Frédéric Borloz (écoles).

Journée de mobilisation le 28 mars

Les syndicats ont au contraire parlé d'un «échec par rapport à ce qu'ils espéraient» et se sont retirés des discussions. «Insuffisant. Pas à la hauteur», ont-ils résumé, se montrant «très déçus». Le mouvement de contestation devrait donc se poursuivre avec une sixième journée de grève et de manifestation mardi prochain. Elle devait formellement être approuvée en soirée lors d'une assemblée générale de la fonction publique et du secteur parapublic.

Malgré ce retrait, le Conseil d'Etat dit ne pas vouloir revenir sur sa proposition et demeurer ouvert au dialogue, regrettant toutefois l'attitude des syndicats. Mme Luisier a bien souligné que ces mesures concernent 2024 et que le gouvernement ne reviendra pas sur l'indexation des salaires 2023 au renchérissement du coût de la vie.

Les représentants syndicaux ont aussi laissé entendre qu'ils ne fermaient pas la porte à des négociations. Aucune nouvelle date n'a été agendée à ce stade.

Supplément hors indexation 2024

Les 47 millions de francs visent concrètement «à la fois les salaires et l'amélioration des conditions de travail afin d'assurer la délivrance de prestations de qualité notamment dans plusieurs secteurs public et parapublic», indique le Conseil d'Etat.

Ils comprennent 15 millions de revalorisations salariales pour le secteur social parapublic (environ 300 francs de plus par mois par exemple pour une assistante sociale) et 5 millions pour le secteur sanitaire parapublic (environ 170 francs de plus par mois pour une infirmière).

Au titre d'un supplément salarial pour la «vie chère», le Conseil d'Etat prévoit 15 millions de francs pour la fonction publique et le secteur parapublic. Ce montant est indépendant de l'indexation 2024 et non soumis à la caisse de pension, a précisé Mme Gorrite.

Les modalités d'octroi devront encore être négociées. Cela pourrait correspondre entre 0,3 et 0,5% d'augmentation mensuelle si l'attribution est linéaire», a-t-elle évalué.

«Pas un geste fort»

C'est notamment ce volet qui insatisfait le plus les syndicats. «Cela représente une prime moyenne d'environ 15 francs par mois. Ce n'est pas suffisant, ce n'est pas un geste fort», a dit à Keystone-ATS David Jeanquartier de la Fédération des sociétés de fonctionnaires (FSF Vaud).

Toujours sur les 47 millions, douze millions sont, eux, affectés à des mesures de renforcement structurel dans le secteur public. Cela touche l'encadrement scolaire dans le contexte de l'école inclusive (10 mio), la prise en charge et la prévention de la santé mentale des jeunes (0,8 mio) et la création de postes supplémentaires protection des mineurs (1,2 mio).

L'Etat dégagera aussi des moyens supplémentaires pour mener différentes actions de prévention des risques psychosociaux, la lutte contre le harcèlement, ainsi que la création d'un dispositif de protection des lanceurs d'alerte.

Des mois de grogne

Cette deuxième rencontre s'est tenue dans le contexte d'un mouvement de contestation de la fonction publique et du secteur parapublic qui demandent depuis plusieurs mois une pleine indexation à leurs salaires au renchérissement du coût de la vie.

A l'origine de la mobilisation, le Syndicat des services publics (SSP Vaud), la fédération syndicale SUD et la FSF Vaud jugent insuffisant le taux d'indexation des salaires de 1,4% dès le 1er janvier 2023, annoncé le 8 décembre dernier par le Conseil d'Etat.

Ils réclament une indexation correspondant au moins à la hausse de l'indice suisse des prix à la consommation entre octobre 2021 et octobre 2022 (+3%). La prime unique de 0,8% du salaire octroyée par l'Etat de Vaud aux salariés de classes 1 à 10 en janvier 2023 ne satisfait pas non plus.