Bilan mitigé Le «contact-tracing» n’a eu qu’une efficacité relative

uc, ats

31.1.2024 - 11:21

Environ 40% des personnes infectées par le coronavirus ont été identifiées par le biais du suivi des contacts, selon une étude genevoise. Ces résultats suggèrent que le «contact-tracing» à lui seul ne suffit pas à stopper la propagation du coronavirus.

Le suivi des contacts mis en place pendant la pandémie de coronavirus n'a eu qu'une efficacité relative (archives).
Le suivi des contacts mis en place pendant la pandémie de coronavirus n'a eu qu'une efficacité relative (archives).
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Keystone-SDA, uc, ats

De surcroît, la proportion de personnes infectées identifiées de cette manière a fluctué selon le variant en cause, le type de logement habité, et la richesse du quartier.

En cas d'épidémie, le suivi des contacts doit donc être complété par une multitude d'autres mesures qui tiennent compte des caractéristiques spécifiques de chaque maladie, ont indiqué mercredi l'Université et les Hôpitaux universitaires de Genève (UNIGE/HUG) dans un communiqué.

Pour évaluer l'efficacité du traçage des contacts, une équipe dirigée par Delphine Courvoisier a analysé les données de plus de 140'000 cas de coronavirus et 185'000 contacts recensés dans le canton de Genève entre juin 2020 et mars 2022.

En moyenne, environ 40% des personnes contaminées ont pu être identifiées par» contact-tracing», avec des variations de 25% – au sommet des vagues épidémiques – à 60% pour les périodes les plus calmes.

Facteurs socio-économiques

Mais les facteurs socio-économiques pèsent fortement. Ainsi, plus les bâtiments sont grands et équipés de parties communes (commerces au rez-de-chaussée, par exemple), plus les gens ont tendance à ne pas déclarer leurs contacts.

«Il s’agit probablement d’omissions involontaires: on se croise sans y penser, on ne connaît pas forcément ses voisins, le virus reste en suspension dans l’ascenseur», explique Denis Mongin, statisticien aux HUG, cité dans le communiqué. «D’ailleurs, cet effet disparaît pendant les phases de restriction de rassemblement et de port de masque obligatoire, ce qui nous permet aussi d’évaluer l’efficacité de ces mesures.»

En revanche, plus les quartiers sont à statut socio-économique élevé, moins les gens déclarent leurs contacts. «De nombreuses hypothèses ont été évoquées: respect moindre des directives gouvernementales, mais aussi plus grande possibilité de s’auto-isoler en raison de la taille des logements et des professions permettant de télétravailler, sans nécessité de certificat médical», note Delphine Courvoisier.

Une mesure parmi d’autres

Le Covid-19 est une maladie très contagieuse, transmise par aérosols et contaminante avant l’arrivée des symptômes. Ces caractéristiques rendent le traçage des contacts particulièrement complexe.

«Pour Ebola, par exemple, où les malades ne sont contagieux qu’après l’apparition des symptômes, ou, plus proche de nous, pour la rougeole, le traçage des contacts a prouvé son efficacité pour couper les chaînes de transmission», souligne la spécialiste.

Conclusion: le «contact-tracing» seul n’a eu qu’une efficacité relative sur la dynamique de l’épidémie. Mais il ne faut pas négliger son importance comme soutien psychologique auprès de la population pour rassurer et écouter les gens pendant cette période anxiogène, écrit l'UNIGE.

Il s'agit d’utiliser ces expériences pour construire une réponse plus solide et multimodale lorsque nous serons à nouveau confrontés à une épidémie de grande ampleur, concluent les auteurs. Ces résultats sont publiés dans la revue Eurosurveillance.