Votation sur la H18 Le contournement de La Chaux-de-Fonds divise

La population neuchâteloise dira le 28 novembre si elle accepte un crédit de 186 millions de francs, dont 73,1 millions à charge du canton, pour le contournement routier de La Chaux-de-Fonds par la H18. Les référendaires expliquent que la nouvelle route ne va faire que déplacer le trafic. Les autorités et la majorité des partis politiques estiment que le tunnel prévu est nécessaire pour désengorger le centre-ville.

Keystone-SDA, js, ats

05.11.2021, 09:45

ATS

Pour les autorités cantonales neuchâteloises et communales de la Chaux-de-Fonds, ce contournement est un aménagement d'intérêt cantonal majeur. Ce projet doit permettre de réduire fortement le trafic du centre-ville historique de la métropole horlogère et de renforcer son attractivité résidentielle et économique.

Cette nouvelle route permettra aussi de redonner à la population une meilleure qualité de vie. Sa mise en oeuvre va aussi favoriser l'utilisation des transports publics, contribuant ainsi à réduire le bruit routier. Ils estiment qu'il n'existe par d'alternative techniquement et financièrement réaliste.

La H18 reliant Bâle à La Chaux-de-Fonds traverse le centre de la métropole horlogère qui supporte actuellement un trafic journalier de 22'000 véhicules. À long terme, le tunnel de contournement connaîtra une circulation quotidienne de 18'000 véhicules et sortira le trafic de transit du centre-ville, a calculé le canton.

La Chaux-de-Fonds est une exception en Suisse, et même en Europe. Des villes de plus petite taille, comme Bulle (FR), Delémont ou Martigny (VS), ont leur infrastructure de contournement.

Hormis les autorités, un comité unique s’est constitué regroupant six partis politiques (PS ,PLR, UDC, POP, Vert'libéraux, Le Centre) et plusieurs associations cantonales pour soutenir ce projet. Selon lui, «renoncer à ce contournement, c'est suspendre le développement des Montagnes neuchâteloises pour les 20 prochaines années».

Au niveau des partis, Solidarités est le seul à être opposé à ce crédit. Les Verts sont partagés entre la nécessité de désengorger le centre-ville de La Chaux-de-Fonds et celle de réduire le trafic individuel au profit des transports publics et ont laissé la liberté de vote. La section de la métropole horlogère est toutefois en faveur du contournement.

Largement approuvé par le Grand Conseil à fin mars, juste avant les élections cantonales, ce crédit routier avait perturbé fin avril la campagne de Roby Tschopp, le candidat vert au Conseil d'Etat, qui n'a finalement pas été élu.

Balades dans les gaz d'échappement

Un collectif de citoyens chaux-de-fonniers s'est aussi mobilisé en faveur du projet. Chaque mercredi, jeudi et vendredi à 16h45 et jusqu'à la votation, il organise une balade au centre-ville pour montrer la nécessité du contournement. «Après 45 minutes dans les gaz, «on pourra se faire une idée de l'asphyxie dont souffre la métropole horlogère».

Le comité référendaire, composé de Solidarités, des Jeunes Verts, de Greenpeace et de la Grève du climat, a une autre analyse. Il juge que le projet est inefficace, mal conçu, climatiquement catastrophique et largement dépassé. Les opposants au décret estiment que ce projet routier ne ferait que déplacer le problème tout en augmentant le trafic.

«En règle générale, la construction de nouvelles routes entraîne à terme une augmentation du trafic et ne permet pas de réduire significativement la congestion des centres urbains», selon Romain Roustant, membre de Greenpeace Neuchâtel.

Coût écologique et climatique

Parmi les autres arguments présentés par le comité référendaire figure le coût écologique et climatique de cette nouvelle route. Il affirme que ce projet nécessiterait des milliers de m3 de béton armé et imperméabiliserait des terres agricoles. La priorité doit porter sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. «Au 21e siècle, on ne déplace plus le trafic, on le réduit».

Les opposants au contournement routier se disent conscients du problème aigu posé par la circulation à La Chaux-de-Fonds, mais jugent inefficace le projet soutenu par les autorités cantonales et communales. Ils demandent que la part cantonale allouée au projet soit réaffectée pour la mobilité dans la ville.

Une motion populaire, émanant de 130 citoyens et portée par Zoé Bachmann, membre de Solidarités, demandait d'ailleurs qu'en cas de refus par le peuple, les 73 millions de francs alloués par le canton soient utilisés pour l'optimisation des flux internes et des transports en commun. Elle a été balayée mercredi dernier par le Grand Conseil.

Même en cas de oui le 28 novembre, la H18 n'est pas sortie du tunnel. Plusieurs oppositions, émanant de riverains, ont été déposées.