Ignazio Cassis attenduLe GESDA lance un cursus de diplomatie scientifique et s'étoffe
sn, ats
11.10.2023 - 11:01
L'Anticipateur de Genève sur la science et la diplomatie (GESDA) lance un cursus mondial de diplomatie scientifique. La fondation portée par la Suisse étoffe son conseil avec l'ex-président du Conseil italien Enrico Letta et l'ex-directrice de l'UNICEF Henrietta Fore.
Keystone-SDA, sn, ats
11.10.2023, 11:01
11.10.2023, 15:22
ATS
«Nous avons beaucoup à faire et peut de temps pour le faire», a affirmé mercredi son président Peter Brabeck-Letmathe, en ouvrant le troisième sommet du GESDA au nouveau Portail de la science du CERN à Meyrin (GE). Face aux conflits en Ukraine et au Proche-Orient, aux désastres, à l'insécurité alimentaire ou aux effets de l'inflation, «le monde semble se fragmenter», a-t-il ajouté.
Selon lui, «il est encore possible d'oeuvre efficacement de manière multilatérale». Le GESDA tente de pousser la société à le faire sur les défis scientifiques à l'avenir. Il reste un peu perturbé par l'avancée rapide de ChatGPT. M. Brabeck-Letmathe se dit favorable à un «moratoire» sur cette technologie. Selon lui, la société doit pouvoir se préparer à comment elle change, comment elle cohabite, comment elle contribue au développement durable.
«Nous avons ici un laboratoire de la gouvernance mondiale du 21e siècle», a estimé de son côté le secrétaire d'Etat Alexandre Fasel. Il a rappelé que la diplomatie scientifique était «l'un des instruments centraux» de la politique étrangère suisse pour 2024-2027. La Suisse avait décidé l'année dernière de renouveler son soutien au GESDA pour dix ans.
Soutien britannique lancé
Mercredi, M. Brabeck-Letmathe a annoncé un nouveau partenariat avec le fonds britannique Wellcome Trust. Celui-ci dotera de huit millions de francs le cursus mondial, un projet prévu au moins jusqu'en 2027.
Les travaux concrets vont démarrer en octobre 2024, avec «une coalition» d'acteurs partenaires dans le monde, explique à Keystone-ATS une responsable du GESDA, Marga Gual Soler. Plusieurs institutions suisses avaient préparé le terrain, dont les Ecoles polytechniques fédérales et l'Université de Genève. Outre M. Letta et Mme Fore, la cheffe de la recherche auprès du fonds britannique, Cheryl Moore, fait son entrée au Conseil de fondation de GESDA.
Plus largement, M. Brabeck-Letmathe s'est dit «confiant» après les avancées observées dans les chantiers de la fondation. Celle-ci veut notamment permettre à plus de 70 millions de personnes, lors d'une exposition interactive dans le cadre de l'Expo universelle au Japon en 2025, d'anticiper les défis sur 5, 10 et 25 ans en s'appuyant sur le radar du GESDA.
Cassis attendu
La 3e édition de l'instrument a été dévoilée mercredi, avec la participation de plus de 1500 experts aux réflexions sur les différents volets. De la neuro-augmentation à l'éco-régénération en passant par la diplomatie scientifique ou le quantique et l'intelligence artificielle (IA).
Au total, environ 1200 responsables politiques, scientifiques, diplomates ou représentants du secteur privé participent au 3e sommet du GESDA jusqu'à vendredi dans la salle et en ligne. Ils doivent aborder les thématiques du radar et d'autres comme la menace d'une «pandémie liée aux champignons», potentiellement dévastatrice pour les populations, le vieillissement des individus ou encore les limites à établir pour la recherche.
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis doit lancer vendredi l'Open Quantum Institute (OQI). Le GESDA avait dévoilé l'année dernière la volonté d'aboutir à ce nouveau dispositif d'ici 3 à 5 ans, qui sera validé dès cette année. L'ordinateur quantique pourrait devenir réalité d'ici 20 ans et il ressemble à une course à l'arme nucléaire du 21e siècle.
Le GESDA souhaite que cette technologie soit accessible à tous et soit utilisée de manière positive pour la société. Etats-Unis et Chine sont les plus offensifs sur la recherche sur cette question. Le défi pour l'anticipateur sera surtout de convaincre les grandes entreprises technologiques, dont certaines sont associées à l'OQI, de garantir que l'ordinateur quantique soit largement répandu.
Population assez favorable à l'IA
Parmi les autres enseignements, une recherche du GESDA semble montrer que la population voit plutôt favorablement l'IA. La plateforme poursuit également son dispositif pour tenter d'anticiper l'avenir de la guerre et de la paix dans le monde.
Les tensions depuis samedi vont affecter une réunion prévue jeudi en marge du sommet à Genève. La Suisse va rassembler plusieurs experts sur l'anticipation de la guerre et de la paix au Proche-Orient, mais un certain nombre de personnes ont été contraintes d'annuler leur participation en raison de la situation actuelle.
Un segment politique plus large sur l'IA et le quantique doit rassembler vendredi des ministres et vice-ministres ou conseillers de près de dix pays autour de M. Cassis et de M. Fasel. L'émissaire du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken sur la science et la technologie, Patricia Gruber, sera de la partie.