Joël Dicker «Le jour où les gens ne liront plus, on s'expose à tous ces dangers»

bu, ats

7.3.2024 - 14:29

Joël Dicker, qui sera présent au Salon du livre de Genève, vient de sortir son dernier roman «Un animal sauvage». Auteur et éditeur, le Genevois dit ne pas être tiraillé entre les logiques de ses deux activités.

Joël Dicker, qui sera présent au Salon du livre de Genève, vient de sortir son dernier roman «Un animal sauvage».
Joël Dicker, qui sera présent au Salon du livre de Genève, vient de sortir son dernier roman «Un animal sauvage».
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Keystone-SDA, bu, ats

Dans le septième roman de Joël Dicker, on suit deux couples à Genève, dont la vie est menacée par des secrets. On y évoque aussi le braquage d'une bijouterie de luxe et le blanchiment d'argent.

D'abord publié en français, ce polar et thriller psychologique, un peu moins volumineux que les précédents avec 400 pages, a été tiré à 450'000 exemplaires. L'auteur de 38 ans, dont plusieurs de ces précédents romans se sont placés en première place des ventes en France et en Suisse romande, peut se permettre un tel tirage.

Joël Dicker est une des rares stars de la littérature en Suisse romande, mais aussi en France. Apprécie-t-il son statut? «Je le vis assez bien. J'ai la chance d'être entourés par des lecteurs bienveillants», répond l'écrivain. Il confie toutefois utiliser un numéro de téléphone masqué.

Le romancier profite aussi de sa notoriété pour plaider en faveur de la lecture comme il le fera notamment au Salon du livre samedi. Il y sera entouré d'invités, comme Anne Hitpold, conseillère d’Etat genevoise en charge du Département de l'instruction publique.

«Lutter pour que les gens lisent»

«Il faut lutter pour que les gens lisent», clame-t-il. «La lecture est ce qui construit le cerveau, l'aide à développer de l'empathie et du sens critique. Cela permet de comprendre les enjeux d'un vote, de la vie en société ou de résister aux fake news. Le jour où les gens ne liront plus, on s'expose à tous ces dangers».

Adepte de la fiction et du polar, le Genevois estime que ses lecteurs, en lisant entre les lignes, connaissent son point de vue sur le monde actuel. «Je trouve que le roman est un outil parfait pour amener le lecteur à la réflexion», relève-t-il. Mais il n'est pas là pour marteler des dogmes.

Est-ce que sa vie d'écrivain ressemble à celle dont il a rêvé? «Cela fait plaisir de pouvoir faire ce métier que j'adore. En même temps, la réalité est toujours différente des rêves d'enfants.» S'il n'avait pas choisi d'écrire, il imagine qu'il aurait été avocat.

Ecriture quotidienne

Malgré ses différentes casquettes, Joël Dicker écrit tous les jours: «J'ai toujours fait cela. C'est mon quotidien et cela occupe une grande partie de ma journée». De nature extravertie, il ne s'exile pas en ermite dans un chalet pour terminer un livre, dont la rédaction lui prend en moyenne deux à trois ans.

«Même si j'ai ouvert ma propre maison d'édition, je ne suis pas éditeur, je reste avant tout un auteur», avance-t-il.

Et quand il n'écrit pas, est-il plutôt sport ou culture? «Si j'ai une heure devant moi pour me détendre, plutôt sport», explique Joël Dicker, qui lit également beaucoup.

L'auteur de best-sellers aime encore le cinéma. Une série, réalisée par Jean-Jacques Annaud, avait été tirée de son deuxième roman «La Vérité sur l'affaire Harry Quebert». Il serait prêt à revivre cette expérience, même si «la concrétisation reste compliquée, car les livres génèrent leurs propres images dans la tête du lecteur».

Pas de plan de carrière

Enfin quand on lui demande s'il publiera d'autres écrivains après son essai avec le procureur et auteur de polars Nicolas Feuz, Joël Dicker répond qu'il ne trace pas de plan de carrière. Comme quand il écrit un livre, il avance dans l'intrigue sans plan préétabli, affirme-t-il.

«Un animal sauvage» est le deuxième livre de l'écrivain genevois, qui est paru dans la maison d'édition Rosie & Wolfe, qu'il a lancée en 2022. Aucun meurtre n'y est commis et l'auteur n'a pas placé l'intrigue aux Etats-Unis, au contraire de ses livres précédents.

Joël Dicker sera au Salon du livre de Genève vendredi et samedi pour des débats et des séances de dédicaces. Il est l'un des trois invités d'honneur avec Elisa Shua Dusapin et Léonie Bischoff. Le salon, qui a ouvert mercredi, se tient jusqu'à dimanche.

«La Vérité sur l'affaire Harry Quebert» a été le roman francophone le plus vendu de la dernière décennie dans l'édition française. A 26 ans, Joël Dicker a reçu le Grand prix du roman de l'Académie française pour ce livre. Ces six premiers romans, traduits dans près de 40 langues, se sont vendus à près de 15 millions d'exemplaires.