ChronologieLe long chemin parcouru pour le droit de vote des femmes en Suisse
iw, ats
24.1.2021 - 10:56
Le 7 février 1971, il y a seulement 50 ans, les Suissesses obtenaient le droit de vote et d'éligibilité. Le chemin jusqu'à cette obtention a été long et semé d'embûches. Chronologie:
En 1893, la Fédération suisse des femmes travailleuses demande le suffrage féminin.
1904: Le Parti socialiste suisse (PS) demande, entre autres, le droit de vote des femmes dans son nouveau programme de parti.
1909: Diverses associations de suffrage se regroupent pour former l'Association suisse pour le suffrage féminin (ASSF).
1912-21: Le suffrage cantonal féminin est rejeté à Saint-Gall, Genève, Neuchâtel, Bâle-Ville, Genève, Zurich et Glaris. Jusqu'en 1971, 31 votations sur le suffrage cantonal féminin sont organisés dans les cantons, le «non» l'emportant 22 fois.
1918: Le suffrage des femmes est l'une des principales revendications des syndicats pendant la grève générale.
1920-1929: Les opposants au droit de vote des femmes issus des classes moyennes se forment et font campagne: «La place des femmes est au foyer!»
1929: Une pétition de l'ASSF, de diverses organisations de femmes, du PS et des syndicats, avec 249'237 signatures (170'397 de femmes et 78'840 d'hommes), demande le suffrage féminin au niveau fédéral. Elle n'est pas suivie d'effets. Bien que les voix des hommes suffisent pour une initiative populaire, elle n'est pas présentée.
1929-39: En période de difficultés économiques, les femmes sont renvoyées au foyer. Conditions générales défavorables pour le suffrage des femmes.
1939-45: Les femmes reprennent les fonctions des hommes engagés à l'armée.
1951: Un rapport du Conseil fédéral qualifie de prématurée l'organisation d'une votation fédérale pour le droit de vote des femmes, compte tenu des nombreuses votations populaires cantonales négatives.
1957: Le Conseil fédéral prévoit de renforcer la protection civile en la rendant également obligatoire pour les femmes.» Pas de droits, pas de devoirs!», disent les associations de femmes. Afin de sauver le projet de protection civile, le Conseil fédéral soumet rapidement un projet d'introduction du droit de vote des femmes.
1958: Les opposants au suffrage féminin acceptent le projet de loi au Parlement pour des raisons tactiques: ils espèrent qu'un «non» au référendum retardera indéfiniment le suffrage féminin.
1958: Deuxième exposition sur le travail des femmes (SAFFA) à Zurich (17.7.-15.9). Les organisatrices veulent délibérément faire profil bas à l'approche du référendum et se concentrer sur le travail précieux des femmes dans l'économie, mais pas sur le droit de vote des femmes. Cependant, le livre combatif d'Iris von Rotten «Frauen im Laufgitter: Offene Worte zur Stellung der Frau» ("Des femmes dans le parc à bébé: paroles franches sur la place des femmes") agite l'opinion publique de manière imprévue.
1959: Seuls les socialistes (PS), les syndicats, l'Alliance des indépendants (AdI) et le Parti du travail (PdT) votent en faveur du suffrage féminin, tandis que le Parti radical-démocratique (PRD – aujourd'hui PLR) et le Parti conservateur-chrétien social (aujourd'hui le Centre – ex-PDC) décident de laisser la liberté de vote. Le Parti des paysans, artisans et indépendants (PAB – à partir de 1971, l'UDC) ainsi que la Société d'utilité publique des femmes suisses et les Paysannes décident de voter contre.
1959: Le 1er février, le suffrage féminin est rejeté à une écrasante majorité lors de la votation fédérale, avec 67% de voix contre et un taux de participation de 67%. Dans les petits cantons de Suisse centrale et orientale (OW, NW, SZ, UR, AR, AI), le taux de rejet est supérieur à 80%, de 95% à Rhodes-Intérieures. Vaud, Genève et Neuchâtel votent pour.
1959: Fondation de la Fédération des femmes suisses contre le suffrage féminin.
1959: Vaud est le premier canton à accorder le droit de vote aux femmes au niveau cantonal, suivi de Neuchâtel la même année et de Genève en 1960.
1966: Adoption du suffrage féminin dans les affaires cantonales et municipales dans le canton de Bâle-Ville, premier canton germanophone de Suisse à mettre en place un tel système, suivi de Bâle-Campagne en 1968, du Tessin en 1969, de Zurich, du Valais et de Lucerne en 1970.
1962-1968: Le Conseil fédéral veut adhérer au Conseil de l'Europe en 1962 et signer la Convention européenne des droits de l'homme, avec une réserve du droit de vote des femmes. Les associations de femmes protestent. Le Conseil fédéral veut sonder la situation par un scrutin. Cette fois, les opposants se retiennent: ils supposent que le droit de vote des femmes arrivera de toute façon à un moment donné et ils ne veulent pas que la future moitié féminine du corps électoral vote en faveur du PS.
1971: Le 7 février, les électeurs acceptent clairement le droit de vote et d'éligibilité pour les femmes avec 621'109 (66%) «oui» contre 323'882 (34%) «non» et un taux de participation de 58%. Quinze cantons et demi approuvent le projet, contre six cantons et demi de Suisse centrale et orientale (UR, SZ, OW, GL, SG, TG, AR et AI) qui le rejettent.
1971: Dix femmes sont élues au Conseil national le 31 octobre, et une autre remplacera un conseiller national élu au Conseil des Etats; la proportion de femmes est alors de 5,5%. Elle atteint 42% en 2019.
1989: la Landsgemeinde d'Appenzell Rhodes-Extérieures approuve le vote des femmes au niveau cantonal.
1990: la Landsgemeinde d'Appenzell Rhodes-Intérieures rejette pour la troisième fois le droit de vote des femmes au niveau cantonal: «Seules les femmes paresseuses qui passent leur journée dans un café et ouvrent une boîte de raviolis à midi moins cinq veulent avoir le droit de vote», disent les hommes, qui avance que, d'ailleurs, les femmes n'ont même pas d'épée – généralement héritée – pour voter. Mais le Tribunal fédéral confirme deux plaintes de droit constitutionnel et force le demi-canton à introduire le suffrage féminin.