La dernière pour le Mirage III L'avion qui avait poussé un conseiller fédéral à la démission

om, ats

25.5.2023 - 07:52

Avec le dernier vol d'un Mirage jeudi à Payerne (VD), c'est le dernier témoignage physique de l'affaire des Mirage qui disparaît jeudi. En 1964, le Parlement avait institué la première commission d'enquête parlementaire (CEP) en raison du scandale. Le conseiller fédéral Paul Chaudet, alors chef du DMF, avait dû démissionner.

Les avions de combat Mirage ont constitué la colonne vertébrale des forces aériennes suisses jusqu'à la fin des années 1990.
Les avions de combat Mirage ont constitué la colonne vertébrale des forces aériennes suisses jusqu'à la fin des années 1990.
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Keystone-SDA, om, ats

Le 28 novembre 1966, la démission du chef du Département militaire fédéral (DMF) a marqué la fin politique d'un scandale qui a ébranlé la Suisse. Dans le cadre de son acquisition, l'avion de combat français Mirage-III s'était transformé, sans crier gare, d'avion de chasse en un chasseur-bombardier.

Les coûts des cent avions Mirage III commandés dans un premier temps étaient alors devenus totalement incontrôlables et le Conseil fédéral avait dû demander au Parlement un crédit supplémentaire de près de 580 millions de francs.

Dans son message de 1961, le gouvernement avait pourtant écrit «que seules quelques modifications mineures devaient encore être apportées à la construction de l'avion.»

Plans nucléaires et dépassement des compétences

Sans s'en rendre compte, l'administration fédérale avait négligé le financement de l'acquisition des Mirage, dépassant ainsi largement ses compétences. L'explosion des coûts était également due aux rêves du commandement de l'armée.

Les hauts gradés de l'armée n'avaient pas seulement forgé des plans pour doter la Suisse d'armement nucléaire, ils avaient également caressé l'idée d'armer les avions de la sorte. Ainsi, seul le jet le plus moderne de l'époque, était assez efficace à leurs yeux, et devait être acheté.

Un jugement accablant

Lors des débats parlementaires de l'été 1964, l'indignation explosa parallèlement aux coûts. Le Conseil national et le Conseil des Etats se sentirent trahis et n'entrèrent pas en matière sur le projet. En revanche, ils votèrent pour la mise en place d'une CEP, qui commença ses travaux sous l'égide du futur conseiller fédéral Kurt Furgler (PDC/SG).

Son jugement fut accablant: «le Conseil fédéral a trompé le Parlement, voire l'a induit en erreur sur certains aspects. Son message au Parlement avait été rédigé de manière délibérément tendancieuse.»

La Suisse n'a ainsi acquis que 57 Mirage-III, dont le dernier décolle jeudi de Payerne.