Débat au National Comment pérenniser le soutien fédéral à l'accueil extrafamilial?

gd, ats

1.3.2023 - 05:30

Berne devrait continuer d'encourager l'accueil extrafamilial. Le National a accepté mercredi par 124 voix contre 59 d'entrer en matière sur un projet en ce sens. La suite des débats s'annonce toutefois houleuse, notamment sur les coûts et le financement du projet.

Le soutien à l'accueil des jeunes enfants débattu au National (image symbolique).
Le soutien à l'accueil des jeunes enfants débattu au National (image symbolique).
ATS

Keystone-SDA, gd, ats

La Confédération soutient actuellement la création de places en crèches ou dans d'autres structures d'accueil. Par l'intermédiaire des cantons, elle soulage également le portefeuille des parents faisant appel à ces solutions de garde.

«Plus de 72'0000 places d'accueil ont été créées grâce à ces instruments», a rappelé Valérie Piller Carrard (PS/FR) pour la commission. Les aides fédérales sont toutefois limitées jusqu'à fin 2024. Un projet de commission entend les pérenniser. «Il faut soutenir tous les parents et tous les cantons en la matière.»

Compétence cantonale

Une partie du camp bourgeois s'y est opposée, jugeant que la prise en charge des enfants est une compétence cantonale et communale. «Le système proposé ne serait pas compatible avec les systèmes cantonaux», a aussi assuré Nadia Umbricht Pieren (UDC/BE). Des coûts inutiles très élevés seraient engendrés, au détriment des parents.

Le parti conservateur s'est encore insurgé contre l'inégalité de traitement entre les parents. «Seules les femmes, qui travaillent et qui confient leurs enfants à une institution externe reconnue, profiteront du soutien», a dénoncé Diana Gutjahr (UDC/TG). Les familles employant une jeune fille au pair ne recevront rien. Et de critiquer l'imposition d'un modèle de garde spécifique aux parents.

Un argument réfuté par de nombreux orateurs, de gauche comme de droite. Il n'est pas question d'imposer un modèle, mais d'offrir plus de solutions de garde aux parents. «Le système actuel n'offre qu'une option aux femmes après la naissance d'un enfant: le retour à la maison», a opposé Matthias Aebischer (PS/BE).

Huit femmes sur dix arrêtent de travailler ou réduisent leur taux après la naissance d'un enfant, a précisé Simon de Montmollin (PLR/GE). «Si ce n'est pas un choix, il n'y a pas de quoi être fier.»

Pas rentable de travailler

Beaucoup de femmes arrêtent de travailler, car il n'est pas rentable de payer pour une place de crèche, a ajouté Simon Stadler (C/UR), également rapporteur de commission. «Les places sont trop chères et trop peu nombreuses», a abondé Emmanuel Amoos (PS/VS). En comparaison internationale, la Suisse fait pâle figure dans le domaine. Elle pointe en fin de classement.

«La charge financière des parents est deux à trois fois plus élevée en Suisse que dans les pays voisins», a précisé Stefania Prezioso Batou (EàG/GE). Les frais de garde importants sont, selon plusieurs études, l'un des freins les plus importants à la conciliation entre vie familiale et professionnelle, ont relevé plusieurs députés.

Augmenter les places d'accueil permettra ainsi en partie de réduire la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. Et Simone de Montmollin de s'interroger sur la tendance suisse à compter sur l'immigration plutôt que sur la main-d'oeuvre indigène. Emmanuel Amoos a lui relevé que même l'Union patronale est favorable au projet, voyant le potentiel en matière de main-d'oeuvre.

Les débats se poursuivent. Le principal point d'achoppement réside dans le coût du projet: des centaines de millions de francs. La droite devrait pousser pour alléger la facture, en réduisant par exemple la participation de la Confédération ou en durcissant les conditions d'accès à un soutien fédéral.