Peu d'avancées Le Parlement débat mais ne décide quasi rien pour l'égalité

vf, ats

14.6.2023 - 20:26

Salaires inégaux, discrimination, harcèlement: ces questions n'étaient pas seulement dénoncées dans la rue mercredi en Suisse. Le Parlement a aussi tenu un débat spécial à l'occasion de la grève des femmes. Il n'a cependant adopté que quelques petites mesures.

En ce jour de grève des femmes, le Parlement traitait de plusieurs textes relatifs à l'égalité (archives).
En ce jour de grève des femmes, le Parlement traitait de plusieurs textes relatifs à l'égalité (archives).
KEYSTONE/ANTHONY ANEX

14.6.2023 - 20:26

Aujourd'hui, la question de l'égalité n'est toujours pas réglée de l'avis de nombreux élus à Berne. «Le harcèlement est une réalité bien présente dans notre vie quotidienne, dans la rue, dans les entreprises et dans les administrations», a rappelé Valérie Piller Carrard (PS/FR). Il faut agir au sein du monde du travail.

Laurence Fehlmann Rielle (PS/VD) a elle dénoncé les inégalités persistantes dans les salaires. L'égalité salariale ne profiterait pas qu'aux femmes, mais à leur famille, à l'économie et à l'ensemble de la société, a-t-elle souligné.

Pas encore d'égalité de droits

Des mesures ont été prises dans la bonne direction ces 40 dernières années, mais l'égalité des droits n'est toujours pas garantie, a quant à elle relevé Melanie Mettler (PVL/BE). La maternité est par exemple un frein à leur carrière faute de structures adéquates. Il faut continuer à combler les lacunes actuelles.

Pour Marcel Dobler (PLR/SG), l'inégalité salariale basée sur le sexe est inacceptable. Mais selon lui, le problème est plus complexe. Des analyses ont mis en évidence des différences aux dépens des femmes mariées mais pas entre hommes et femmes célibataires. Il faudrait creuser les causes exactes de ces différences.

Nombreuses mesures déjà prises

La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a rappelé au nom du Conseil fédéral que «l'égalité s'inscrit au coeur des droits fondamentaux». Il y a certes encore des efforts à faire dans toutes sortes de domaines, mais les bases légales sont souvent là.

Il y a aussi des mesures proposées comme celle de quantifier la «taxe rose», qui sont difficilement réalisables. Thomas Aeschi (UDC/ZG) n'a pas pu s'empêcher de lui demander s'il y avait encore un problème d'inégalité entre hommes et femmes en Suisse. «On ne peut pas du tout affirmer qu'il n'y a pas de problème d'égalité», lui a rétorqué la conseillère fédérale.

Trois propositions acceptées

Au final, sur les huit interventions débattues, le National n'en a accepté que trois, toutes déposées par la droite. Le postulat de Marcel Dobler demande une analyse du Conseil fédéral sur l'impact de la maternité, de l'interruption de travail, de l'état civil ou de l'expérience professionnelle sur le salaire des femmes.

Les députés ont aussi adopté la motion de Melanie Mettler qui demande des mesures pour mettre fin à la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle. En 2019, le Tribunal fédéral a conclu qu'il n'était pas contraire à la loi de ne pas engager quelqu'un en raison de son orientation sexuelle. En clair, il est permis de ne pas engager une lesbienne. La Bernoise veut corriger ce biais.

Enfin, le conseil a donné suite à un postulat de Marianne Binder (Centre/AG) qui charge le Conseil fédéral d'examiner la valeur du travail familial. En Suisse, les activités domestiques représentent quelque 6,5 milliards d'heures de travail, soit près de 75% du volume total de travail non rémunéré. Pour elle, la sous-estimation du travail familial est anormale du point de vue fiscal aussi.

Gauche bredouille

Exit en revanche les motions de la gauche pour contraindre les entreprises de 50 travailleurs au moins à effectuer une analyse de l'égalité des salaires. Même sort pour une autre qui demandait que la prévention contre le harcèlement sexuel au travail soit ancrée dans la formation professionnelle et la maturité gymnasiale.

Le National ne veut rien entendre non plus d'une analyse sur les différences de prix entre produits et services destinés aux femmes et aux hommes, ni sur une réduction du temps de travail. Au Conseil des Etats, toutes les interventions déposées dans le cadre de ce débat ont été rejetées.

vf, ats