Ecrasante majoritéLe Parlement finlandais approuve par avance l'entrée dans l'Otan
sogr
1.3.2023 - 15:26
A une écrasante majorité, le Parlement finlandais a approuvé mercredi par avance l'entrée historique du pays nordique dans l'Otan. Les ratifications par la Hongrie et la Turquie sont toutefois encore indispensables.
Keystone-SDA, sogr
01.03.2023, 15:26
01.03.2023, 15:31
ATS
Les députés finlandais ont approuvé par vote une loi autorisant l'entrée de la Finlande dans l'alliance militaire occidentale, par 184 voix pour et 7 contre.
Conséquence directe de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'accession de la Finlande au parapluie de l'Otan mettra fin à un demi-siècle de neutralité imposée par Moscou puis trois décennies de non-alignement militaire depuis la fin de la Guerre froide.
Le ministre finlandais de la Défense a salué «un pas important sur la voie de l'Otan». «La sécurité de la patrie est une cause commune», a souligné Antti Kaikkonen sur Twitter.
«Prendre le train en marche»
Avec des élections en vue le 2 avril pour le gouvernement de la Première ministre sortante Sanna Marin, Helsinki voulait éviter tout vide politique pour pouvoir prendre le train de l'Otan en marche une fois l'accord d'Ankara et de Budapest obtenu. Y compris, si nécessaire, sans attendre la Suède voisine, candidate elle aussi depuis l'an dernier mais confrontée pour l'instant de son côté à un blocage turc.
Comme lors d'un vote préliminaire en mai dernier, qui avait débouché sur un plébiscite de 188 voix sur 200, l'issue du vote au Parlement finlandais ne faisait aucun doute. Le soutien des parties était quasi unanime, y compris de la part de ceux qui étaient encore défavorables à l'Otan avant l'invasion de l'Ukraine.
Seuls une poignée de députés d'extrême gauche et d'extrême droite ont voté contre, invoquant notamment le manque d'assurances sur le fait qu'aucune arme nucléaire ne serait placée sur le territoire finlandais.
L'adoption de la loi finlandaise ne signifie pas qu'Helsinki entrera automatiquement après les ratifications hongroise et turque. Mais elle peut ensuite aller très vite, après une ratification du président Sauli Niinistö, qui y est favorable, et l'envoi des pièces de ratification, qui en vertu du traité fondateur de l'Otan, sont conservées à Washington.
Dépendant d'Ankara et de Budapest
Après avoir été suspendues par la Turquie, les négociations entre les trois pays sur l'entrée dans l'Otan doivent reprendre le 9 mars à Bruxelles. La Finlande a jusqu'ici affiché sa volonté d'adhérer en même temps que la Suède. Mais les grandes difficultés de Stockholm avec Ankara, qui ont culminé en janvier avec une série d'incidents diplomatiques, changent la donne.
La Turquie, secouée par un séisme catastrophique et qui prépare des élections cruciales pour le président Erdogan le 14 mai, a confirmé lundi qu'elle pourrait dissocier la ratification de la Finlande de celle de la Suède. Quant à la Hongrie, elle n'a jamais jusqu'ici évoqué de contreparties à sa ratification, mais celle-ci, attendue en mars, est toujours nimbée d'incertitudes, Budapest se distinguant par ses positions ambiguës vis-à-vis de Moscou.
Lundi, le ministre des Affaires étrangères hongrois Peter Szijjártó a réaffirmé le soutien de principe de l'exécutif, mais indiqué que l'approbation par les députés de la majorité était «beaucoup moins claire».
La Finlande et la Suède avaient déposé leur candidature à l'Otan le même jour en mai dernier, mais les processus restent formellement séparés.
Rideau de fer
Selon un sondage publié début février, une majorité de Finlandais (53%) veulent entrer dans l'Otan sans attendre la Suède. La Finlande était suédoise jusqu'en 1809, avant de devenir un grand duché russe jusqu'à son indépendance acquise lors de la révolution bolchévique de 1917.
Le pays nordique, soumis à une neutralité forcée par Moscou après sa guerre avec l'Union soviétique lors du deuxième conflit mondial, a la plus longue frontière européenne (1340 km) avec la Russie, derrière l'Ukraine.
De grandes clôtures vont être installées sur des portions de la ligne de 1340 kilomètres, en conséquence des tensions avec Moscou. Le chantier, qui doit durer plus de trois ans et coûter 380 millions d'euros, a commencé ce mardi et doit s'étaler jusqu'en 2026, ont annoncé les garde-frontières.