Libre circulation Le Parlement pour la libre circulation

ATS

9.12.2019 - 18:19

Tous les partis, à l'exception de l'UDC, ont rejeté l'initiative contre la libre circulation (archives).
Tous les partis, à l'exception de l'UDC, ont rejeté l'initiative contre la libre circulation (archives).
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

L'initiative de l'UDC contre la libre circulation des personnes n'obtient pas le soutien du Parlement. Après le National, le Conseil des Etats a recommandé lundi, par 38 voix contre quatre et trois abstentions, de rejeter le texte.

L'initiative populaire «pour une immigration modérée» a fait l'objet d'un débat bien plus court qu'au National. Les positions esquissées alors se sont confirmées. Seuls quatre sénateurs du groupe UDC ont soutenu le texte. Tous les autres partis ont défendu la libre circulation.

Le projet exige que la Suisse règle l'immigration de manière autonome. Si le texte était accepté par le peuple, les autorités auraient un an pour négocier la fin de l'accord sur la libre circulation avec Bruxelles. Faute de solution dans ce délai, le Conseil fédéral devrait dénoncer l'accord dans le mois qui suit.

Suixit dur

Une telle situation ne serait pas un problème pour les initiants. «Lier accord commercial et accord de libre circulation est une mauvaise construction», a dénoncé Thomas Minder, reprochant au gouvernement de ne pas avoir de stratégie en matière d'immigration. Et l'indépendant schaffhousois, rattaché au groupe UDC, d'estimer que l'Union européenne (UE) ne laisserait de toute manière pas tomber un «bon client» comme la Suisse.

Un point de vue que ni les autres partis, ni la ministre de la justice ne partagent. Les conditions d'un «Suixit» pourraient être plus dures que celles d'un Brexit. Bruxelles n'a pas d'obligation de négociation avec la Suisse pour obtenir un nouvel accord, a souligné Karin Keller-Sutter.

«L'initiative conduirait à la fin des relations bilatérales avec l'UE telles que nous les connaissons», a abondé Christian Levrat (PS/FR). Et le Fribourgeois d'appeler au contraire à «remettre en marche le moteur européen», à «reconstituer un front européen». Il faut récréer une alliance entre les milieux économiques et les organisations des salariés, et ainsi effacer les erreurs du passé, s'est-il enthousiasmé.

Se tirer une balle dans le pied

«Soutenir ce texte serait comme se tirer une balle dans le pied», a également critiqué Damian Müller (PLR/LU). A ses yeux, il s'agit de l'initiative la plus hostile à l'économie. Beaucoup d'emplois seraient perdus.

Le projet ne vise pas seulement à réduire l'immigration, il touche aussi à l'économie, la recherche et le développement, a-t-il poursuivi. L'accepter aurait des conséquences graves sur les capacités innovantes du pays. Et la concurrence est énorme dans ce domaine. «Nous ne devons pas devenir la risée de tous!»

Pénurie de main d'oeuvre

Les initiants estiment quant à eux que l'initiative résoudrait bien des problèmes. Il n'y a bientôt plus de place, a lancé Thomas Minder, en soulignant qu'aucun pays voisin n'accueille autant d'étrangers que la Suisse. L'immigration est, selon lui, à l'origine de la hausse des loyers, la perte des traditions, l'explosion de l'aide sociale et bien d'autres soucis.

Pour Marco Chiesa (UDC/TI), l'accord de libre circulation permet aussi un dumping salarial et une hausse de la criminalité. Reconnaissant que la situation était plus dure pour les régions frontalières romandes et tessinoises, la conseillère fédérale a cependant souligné que les travailleurs étrangers occupaient souvent les emplois délaissés par les Suisses.

Karin Keller Sutter a également mis avant le besoin grandissant en main-d'oeuvre qualifiée venue de l'étranger, avec l'arrivée à la retraite de nombreuses personnes. Abandonner la libre circulation aggraverait la pénurie sur le marché du travail. La Suisse a une stratégie en matière d'immigration, s'est encore défendue la ministre. Quand elle en a besoin, elle peut aller puiser dans l'énorme réservoir européen de main-d'oeuvre.

Le Conseil national ayant déjà recommandé le rejet de l'initiative, le texte est prêt pour les votations finales. Il devrait être présenté au peuple au printemps prochain.

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