MédecinsLe personnel étranger «loin de combler le manque»
sigu, ats
20.3.2024 - 10:00
Le nombre de médecins augmente en Suisse, mais la dépendance à l'étranger ne diminue pas. La Fédération des médecins suisses (FMH) tire ce constat de la statistique médicale 2023, publiée mercredi. L'organisation s'inquiète pour les jeunes générations de soignants.
Keystone-SDA, sigu, ats
20.03.2024, 10:00
20.03.2024, 10:03
ATS
En 2023, la fédération recensait 41'100 médecins en activité, pour un total de 35'488 équivalents plein temps (EPT). Par rapport à 2022, cela représente une hausse de 2,3% des EPT. Mais ces chiffres en apparence réjouissants sont «loin de suffire à combler le manque de personnel qualifié», avertit l'association professionnelle des médecins.
Un peu plus de 40% des praticiens en Suisse sont d'origine étrangère. L'Allemagne est de loin le pays qui exporte le plus de médecins vers la Suisse, un médecin étranger sur deux (50,2%) étant d'origine allemande. L'Italie vient ensuite avec 9,5%, suivie de la France (7,1%) et de l'Autriche (6%).
«Les médecins formés en Suisse ne suffisent pas à couvrir les besoins», avertit la FMH dans son communiqué. Cette pénurie inquiète l'organisation s'agissant du manque de relève, un médecin en activité sur deux en Suisse étant âgé de 50 ans ou plus et un sur quatre, de 60 ans ou plus.
Augmenter le nombre de places en formation
Le manque de personnel affecte également la qualité de la formation post-universitaire et celle des soins. De plus, «en raison de la charge administrative élevée, les médecins n’ont pas suffisamment de temps à accorder aux patients», déplore la fédération.
Dans ces conditions, les cabinets sont de plus en plus nombreux à ne plus accepter de nouveaux patients et la pression sur le système de santé se répercute sur les jeunes professionnels. «Les longs délais d’attente et les fermetures de cabinets ne font qu’aggraver la situation déjà précaire. La charge de travail est élevée et les conditions de travail plus exigeantes», s'inquiète la FMH.
Les organisations médicales demandent d’augmenter le nombre de places de formation dans les universités et d'améliorer les conditions de travail en instaurant des modèles «modernes» et en réduisant le temps de travail, la bureaucratie et les tâches non médicales. Elles insistent aussi sur une numérisation «utile.»
Une majorité des praticiens en cabinet
Une courte majorité (53,6%) des médecins exercent leur activité principale dans le secteur ambulatoire. Le secteur hospitalier compte pour 44,8% des professionnels en activité, le reste occupant des postes dans d'autres domaines, comme l'administration ou les assurances.
En moyenne, le taux d'activité est de 7,9 demi-journées par semaine en cabinet (une demi-journée comptant entre quatre et six heures) contre 9,4 dans le secteur hospitalier. Le nombre d'heures a en moyenne passablement diminué sur les dernières années, puisqu'il était de 9 demi-journées en 2013. Les femmes ont un taux légèrement plus bas (6,9 en ambulatoire et 8,9 en hôpital) mais sont plus représentées dans le secteur hospitalier (49,1%) que dans l'ambulatoire (44,7%).
La densité médicale en Suisse est comparable à celle des pays voisins. Pour 1000 habitants, on compte 4,6 médecins (ou 4 EPT), contre 5,4 en Autriche, 4,5 en Allemagne, 4,1 en Italie et 3,2 en France. La densité est cependant en dessous du seuil recommandé dans le domaine des soins de proximité.