Forum mondial sur les réfugiés Le président iranien Ebrahim Raïssi ne viendra pas à Genève

ro, ats

12.12.2023 - 17:06

Le président iranien Ebrahim Raïssi ne participera pas au Forum mondial sur les réfugiés à Genève. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé à Keystone-ATS avoir reçu une plainte pour crimes contre l'humanité mais n'aurait pu ouvrir une investigation.

Le président iranien Ebrahim Raïssi est accusé d'avoir participé aux massacres de milliers d'opposants (archives).
Le président iranien Ebrahim Raïssi est accusé d'avoir participé aux massacres de milliers d'opposants (archives).
ATS

Keystone-SDA, ro, ats

Ebrahim Raïssi aurait dû prononcer un discours mercredi devant le forum. Trois opposants iraniens habitant en Suisse ont toutefois demandé au MPC de l'arrêter. Un appel que plus de 350 personnalités soutiennent dans une déclaration séparée. Parmi elles figurent cinq Suisses, dont le conseiller national Philippe Nantermod (PLR/VS).

«Le MPC a immédiatement lancé différentes clarifications», affirme-t-il mardi dans une prise de position. Mais la «personne mentionnée a annulé son voyage et ne se trouve actuellement pas en Suisse».

Le Code pénal n'autorise des investigations pour des crimes internationaux que dans le cas où le suspect peut être identifié sur le territoire suisse. Autre indication, les chefs d'Etat et de gouvernement peuvent s'appuyer sur une immunité pendant leur mandat, y compris pour des actes perpétrés avant celui-ci, sauf devant la Cour pénale internationale (CPI).

Dans la plainte envoyée au procureur fédéral Andreas Müller, que Keystone-ATS a vue lundi, les requérants demandent d'ouvrir une investigation pour génocide et crimes contre l'humanité contre le président iranien. Celui-ci est accusé d'avoir participé à de la torture et des exécutions extrajudiciaires lors du massacre de 1988 contre des dizaines de milliers d'opposants.

Opposants contents

Comme membre d'une commission chargé de décider qui serait tué, Ebrahim Raïssi serait responsable du décès de milliers de personnes, selon la pétition. Il était alors procureur général adjoint de la province de Téhéran. Les trois opposants rappellent que l'immunité ne s'applique pas à des crimes contre l'humanité.

«Je suis content», a affirmé mardi devant la presse à Genève le principal plaignant, Reza Shemirani, après l'annonce du HCR. «Nous avons gagné», a-t-il insisté, sans pour autant renoncer à voir un jour le président iranien poursuivi.

Selon les plaignants, une participation du président au Forum mondial sur les réfugiés aurait équivalu à un soutien à davantage d'exécutions et de torture. «J'ai été choqué quand j'ai entendu qu'il allait venir en Suisse», explique M. Shemirani. Il estime honteuse cette invitation.

Communauté internationale ciblée

Il a raconté sa rencontre avec Ebrahim Raïssi en prison. Le procureur général adjoint a plaidé pour son exécution. Une fermeté que l'opposant voit comme la raison pour laquelle l'ayatollah Ali Khamenei en a fait plus de 30 ans plus tard son candidat pour la présidence.

Les Iraniens en exil accusent la communauté internationale d'être aveugle face aux crimes dont ils accusent Ebrahim Raïssi. D'autres membres de la délégation iranienne attendue à Genève posent problème, selon eux.

Au bord des larmes, une autre plaignante a elle expliqué mener cette lutte en hommage à son frère, détenu comme elle mais exécuté contrairement à elle. Ebrahim Raïssi «ne représente pas le peuple iranien», dit-elle. Il «doit être poursuivi», a-t-elle aussi affirmé.