Genève internationale Le président du GCSP veut attirer l'Iran

ATS

1.10.2019 - 15:16

Le président du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) Jean-David Levitte estime que l'institution financée par la Suisse peut être actif face à la difficulté de l'environnement international.
Le président du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) Jean-David Levitte estime que l'institution financée par la Suisse peut être actif face à la difficulté de l'environnement international.
Source: GCSP

Le nouveau président du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) voit un rôle pour l'institution financée par la Suisse dans un environnement international fragmenté. Il souhaite attirer Iraniens et Américains autour de la même table de manière informelle.

Ces dernières années, le GCSP a accueilli des dialogues discrets sur le Nord-Est de l'Asie avec la participation notamment de hauts responsables «de terrain» américains, sud-Coréens et nord-Coréens. Bien avant les sommets entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un.

«Il n'y a pas d'autre endroit au monde» qui l'ait réussi, se félicite dans un entretien à Keystone-ATS l'ancien ambassadeur français Jean-David Levitte. Un format qui va être également mené sur la Syrie et qui pourrait être répété, selon lui, sur le Golfe et sur les tensions entre Washington et Téhéran.

«Je serais très heureux si le GCSP pouvait accueillir des représentants iraniens pour une réflexion sur l'avenir du Moyen-Orient avec des personnalités de même rang d'Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et de Turquie», affirme M. Levitte. Mais aussi avec des Américains.

«Est-ce que Washington accepterait ?«, se demande l'ancien conseiller diplomatique des présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Là où une rencontre entre M. Trump et son homologue iranien Hassan Rohani semble conditionnée à une suspension des sanctions américaines, «le cadre du GCSP est suffisamment informel», ajoute le président de l'institution qui salue plus largement le rôle «sous-estimé» de Genève sur la scène internationale.

Macron bon pour la Suisse

La politique proactive d'Emmanuel Macron sur le dossier iranien est elle une excellente chose» pour les bons offices suisses entre Washington et Téhéran. «Plus il y a d'acteurs de bonne volonté pour rapprocher les points de vue, mieux on se porte», à condition que ceux-ci collaborent, estime l'ancien ambassadeur.

L'accord sur le nucléaire iranien, dénoncé par les Etats-Unis, «n'était pas parfait» mais le meilleur possible au moment de son approbation, ajoute-t-il. Une élimination totale «serait une grave erreur» mais il faut obtenir des garanties iraniennes, affirme celui qui tient à préciser qu'il ne s'exprime plus au nom de la France. Sur le nucléaire, avec des contreparties pour Téhéran, sur les missiles à moyenne et longue portée et sur la sécurité régionale.

Autre objet de bons offices suisses, une rencontre a elle eu lieu la semaine dernière entre les chefs des diplomaties russe et géorgienne. Comme conseiller de M. Sarkozy, M. Levitte avait été au centre de la médiation menée par la France en 2008 pour interrompre le conflit entre ces deux pays.

Dans la région, «le sujet le plus lourd» est toutefois l'Ukraine, dit-il. «Il est urgent» de relancer une rencontre du format entre la France, l'Allemagne, la Russie et Kiev. Etant donné leur proximité historique «étroite» avec Moscou, aussi bien l'Ukraine que la Géorgie devront toujours oeuvrer comme un lien à une collaboration entre l'Occident et la Russie, insiste le président du GCSP.

Inquiet pour l'OMC

M. Levitte est aussi favorable à la prise en compte de la Chine dans une éventuelle nouvelle négociation d'un traité de démantèlement des forces nucléaires à portée intermédiaire, après l'annulation de l'accord de 1988 entre Washington et Moscou. L'avancée des capacités de Pékin ne devrait pas être «ignorée», dit l'ancien ambassadeur.

Une situation difficile, dans un contexte où M. Trump cherche à «couper les liens économiques, commerciaux et d'investissement» entre l'Occident et la Chine en imposant davantage de tarifs douaniers. «C'est une erreur», dit l'ancien ambassadeur.

Il plaide pour une approche «plus positive» où Etats-Unis, UE, Japon, Australie, Canada et d'autres pays s'uniraient pour obtenir de la Chine qu'elle honore les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). De quoi élargir ensuite la discussion sur les questions sécuritaires.

«Je ne suis pas optimiste», dit celui qui redoute une rupture d'une économie mondialisée qui a permis de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Il faut éviter un bloc antagoniste avec la Chine, affirme-t-il encore. Et de saluer la politique de M. Macron pour une France forte, dans une Europe forte. Pour préserver, avec une coalition d'Etats, le multilatéralisme sur la scène internationale.

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