Patrick Mathys Patrick Mathys: «Le variant muté pourrait devenir majoritaire dès février»

uc, ats

14.1.2021 - 16:49

Le variant britannique du coronavirus pourrait devenir majoritaire en Suisse dès février. Et en avril, il pourrait être responsable de la quasi-totalité des infections, selon les projections de la Task Force scientifique.

Patrick Mathys en conférence de presse ce jeudi 14 janvier 2021.
Patrick Mathys en conférence de presse ce jeudi 14 janvier 2021.
KEYSTONE

La tendance est à la hausse pour les contagions au virus muté, a indiqué jeudi devant la presse Patrick Mathys, responsable de la section Gestion de crise et collaboration internationale à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Selon le responsable, on relevait jeudi 114 nouveaux cas liés au variant britannique et six à celui d'Afrique du Sud. Trente-quatre cas ne peuvent être rattachés à l'une ou l'autre mutation.

Plusieurs types de virus mutés ont été identifiés de par le monde, a précisé M. Mathys. Certains se sont montrés très contagieux. Il est donc d'autant plus important de suivre de près ces variations par le séquençage et de voir quelle est la réponse du vaccin à ces mutations.

Les cas liés aux virus mutés représentent désormais entre 2% et 5% des échantillons séquencés en Suisse, a précisé Martin Ackermann, président de la Task Force Covid-19.

La comparaison des courbes entre la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suisse montrant de fortes similitudes, il faut s'attendre à une croissance exponentielle, a ajouté le professeur de l'EPFZ. 

D'ici février déjà, le virus muté pourrait devenir majoritaire en Suisse et d'ici avril-mai représenter la quasi-totalité des cas, selon une projection qui ne tient pas compte de la vaccination.Il s'agit donc de réduire les contacts et la mobilité au maximum, a conclu Matin Ackermann.

Professeure à l'Université de Saint-Gall et vice-présidente de la Task Force, Monika Bütler a estimé pour sa part que les mesures prises au printemps ont montré leur justesse sur le plan économique. On se trouve toutefois actuellement devant "une grande incertitude", avec une évolution positive, l'arrivée des vaccins, et une négative, les virus mutés.

Le groupe d'experts «Economics» de la Task Force s'attache donc à évaluer les coûts des différentes options: "Prendre des mesures a un coût, mais ne pas en prendre également", a souligné la spécialiste, évoquant par exemple la surmortalité ou les frais engendrés par la réadaptation des patients ayant eu le Covid-19.

Nora Kronig: «66'000 vaccinations jusque-là»

Selon des estimations «embryonnaires», 66'000 vaccinations ont été effectuées dans les cantons jusqu'à présent, a indiqué Nora Kronig, responsable de la division internationale de l'OFSP. Et de rappeler que 200'000 doses de vaccin de Moderna sont arrivées en Suisse mercredi.

La nécessité de s'engager dans la campagne de vaccination est d'autant plus importante au vu du développement en Suisse des nouveaux variants de coronavirus plus contagieux, a-t-elle insisté. Le but étant toujours de protéger la population ainsi que les systèmes de santé et de diminuer les conséquences économiques et sociales.

Elle a rappelé que la vaccination n'est pas recommandée pour les personnes qui ont des symptômes et sont testées positives au coronavirus. Mais il n'y a pas d'indication de problème médical si une personne se fait vacciner alors qu'elle ne sait pas qu'elle est infectée, a-t-elle rassuré.

L'idée est d'étendre la vaccination aux médecins traitants et au personnel dans les pharmacies, a-t-elle encore poursuivi. «Nous y travaillons activement.» Mais des clarifications doivent être faites avec les cantons, non seulement quant au financement mais aussi par rapport à des aspects logistiques, comme le maintien à très basse température du vaccin Pfizer/BioNTech.

Le premier monitoring hebdomadaire est attendu pour mardi prochain, a encore indiqué Mme Kronig. Il faut une base d'au moins une semaine dans tous les cantons pour faire un suivi de la situation.

Station de ski: un tiers de recettes en moins

Les stations de sports d'hiver font face à une situation difficile. En raison des restrictions liées au coronavirus, elles enregistrent un recul de leur chiffre d'affaires d'environ un tiers, selon des estimations du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).

Ces estimations ont été effectuées sur la base d'un sondage auprès des principaux cantons, a indiqué le directeur de la promotion économique au SECO, Erik Jakob.

Les domaines skiables ont certes pu rester ouverts durant les Fêtes, mais ils ont dû faire face à deux difficultés: la fermeture des restaurants et l'absence de clients étrangers.

Interrogé par un journaliste, Mike Schüpbach, juriste de l'OFSP, a précisé que la vente de skis était interdite mais qu'il est toujours possible de louer du matériel pour le ski. Il a aussi souligné qu'il n'est pas possible de laisser ouvertes les terrasses des restaurants d'altitude, même si ceux-ci vendent de la nourriture à l'emporter.

Mesures saluées

Dans ce contexte, M. Jakob a salué l'extension des mesures d'aide annoncée mercredi par le Conseil fédéral. Ces mesures montrent que le gouvernement «prend au sérieux» les difficultés de l'économie.

On ignore pour l'instant combien la Confédération va devoir payer pour l'indemnisation des cas de rigueur. Berne a prévu une enveloppe de 2,5 milliards de francs, mais n'a pas encore versé «un centime», a souligné Martin Walker, sous-directeur de l'Administration fédérale des finances et chef de la division Politique des dépenses.

Les cantons ont probablement versé moins de 500 millions, a-t-il ajouté. Et ils adaptent en permanence leur dispositif. Il faudra encore du temps pour savoir combien l'aide aux cas de rigueur coûtera.

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