VaudLes contribuables verront leurs impôts baisser dès 2023
sj, ats
10.5.2022 - 14:01
Le Grand Conseil a accepté mardi une motion demandant de baisser de cinq points les impôts des Vaudois dès 2023. L'UDC, le PLR et une partie des Vert'libéraux ont réussi à faire accepter ce texte par 72 oui, 53 non et 7 abstentions et à le renvoyer au Conseil d'Etat. PS, Verts et gauche radicale se sont opposés à une baisse qui bénéficiera, selon eux, surtout aux hauts revenus.
sj, ats
10.05.2022, 14:01
ATS
Le texte ("Remercier concrètement les contribuables vaudois en baissant les impôts sur les personnes physiques de 5 points dès 2023") a été âprement débattu en commission, avant de revenir en plénum. Une majorité de sept membres a recommandé de prendre en considération cette motion. Quatre membres ont invité à la classer.
Lors du dépôt de la motion l'automne dernier, la droite avait échoué de justesse, par 68 voix contre 67 et une abstention, à renvoyer ce texte directement au gouvernement. Plus calme qu'à l'époque, le débat du jour a une nouvelle fois opposé deux camps irréconciliables.
«Moins l'enfer fiscal»
A droite, UDC et PLR ont rappelé la «santé financière étincelante» du canton et la pression fiscale particulièrement lourde qui pèse sur les contribuables. «Cette motion ne fera pas du Canton de Vaud un paradis fiscal mais un peu moins un enfer fiscal», a voulu résumer son auteur l'UDC Philippe Jobin. Il s'agit aussi de s'aligner sur les autres cantons, a-t-il souligné.
«Il faut rendre son pouvoir d'achat aux contribuables, qui ont en bien besoin actuellement avec la hausse des prix» liée à la guerre en Ukraine, a plaidé la PLR Florence Gross. Le canton en a les moyens, a-t-elle insisté.
La gauche – PS, Verts et Ensemble à Gauche et POP – s'est, elle, clairement opposée à cette baisse d'impôt qui profitera surtout aux ménages les plus aisés. «Cette motion est trop ciblée et seuls les riches verront une différence», a dit le chef de groupe socialiste Jean Tschopp. «Motion populiste, flagorneuse et aberrante qui profitera plus aux super riches qu'à la classe moyenne», a renchéri avec véhémence le député Vert Maurice Mischler.
Garder l'argent pour les défis à venir
Selon la commission, elle offrirait surtout un appel d'air auprès de contribuables ayant un revenu entre 100'000 et 200'000 francs. «Cette motion est inique et cynique. Ce sont les plus pauvres qui paieront proportionnellement le plus d'impôts», a dénoncé Marc Vuilleumier (EP).
A gauche toujours, plusieurs élus ont rappelé que ce sont environ 160 millions de francs annuels qui manqueront ainsi dans les caisses. Cet argent devrait plutôt venir «renforcer le service public, la politique sociale et la transition énergétique», a affirmé Hadrien Buclin (EP). «Il ne faut pas se priver d'un levier financier dans le contexte actuel de défis environnementaux urgents», a complété M. Tschopp.
La cheffe de groupe des Vert'libéraux, Graziella Schaller, a aussi estimé que ce n'était «pas le moment de toucher à la fiscalité avec tous les défis importants qui nous attendent». Elle a dit faire confiance au nouveau Conseil d'Etat élu, qui pourrait proposer un contre-projet plus progressif à cette motion, recommandant à son groupe de s'abstenir.
Broulis: veiller à la stabilité fiscale
De son côté, le ministre des finances Pascal Broulis a dit que le gouvernement examinera le texte de très près et l'inscrira dans sa feuille de route sur la fiscalité. Il a rappelé que l'Etat avait baissé les impôts ces dix dernières années, par le biais notamment de hausses des déductions fiscales, et que plusieurs réformes étaient en cours ou envisagées.
Il a avant tout prôné une «stabilité fiscale». «Nous ferons une pesée d'intérêt. Il faut éviter toute insécurité fiscale (...) avec des effets yoyo de baisse et de hausse», a-t-il dit, soulignant que c'était justement la grande force du canton.