Pour la 18e année consécutive, la Ville de Genève met en place un dispositif d'urgence pour répondre aux besoins immédiats des plus démunis.
Les premiers arrivent avant l'ouverture des portes.
La porte de l'abri PC Richemont s'ouvre à 19h15.
Un repas chaud est servi par des civilistes.
Des bénéficiaires sont répartis dans des dortoirs. Ils doivent quitter les lieux à 8h00 et à 9h00 le dimanche et les jours fériés.
Certains profitent de la salle commune pour discuter en rechargeant leurs portables. D'autres préfèrent la solitude.
Les démunis de l'abri PC Richemont de Genève
Pour la 18e année consécutive, la Ville de Genève met en place un dispositif d'urgence pour répondre aux besoins immédiats des plus démunis.
Les premiers arrivent avant l'ouverture des portes.
La porte de l'abri PC Richemont s'ouvre à 19h15.
Un repas chaud est servi par des civilistes.
Des bénéficiaires sont répartis dans des dortoirs. Ils doivent quitter les lieux à 8h00 et à 9h00 le dimanche et les jours fériés.
Certains profitent de la salle commune pour discuter en rechargeant leurs portables. D'autres préfèrent la solitude.
A Genève, l'abri PC Richemont accueille chaque soir les plus démunis. Femmes, enfants et hommes d'origines diverses partagent cet espace souterrain bétonné peu avenant dans une ambiance plutôt sereine. Reportage.
La pluie tombe à verse. Une longue rampe plonge dans les entrailles du stade de Richemont. Au bout, une porte métallique marque l'accès à l'abri PC réquisitionné pour l'hébergement d'urgence de la Ville de Genève. Dès 18h00, les premiers bénéficiaires arrivent. Ils attendent au sec sur des bancs l'ouverture à 19h15, précises.
Chacun présente la carte à son nom, le sésame qui permet de dormir jusqu'à trente nuits dans cet abri disposant de 100 places. Mais les personnes qui fréquentent Richemont y passent beaucoup plus de temps. Ce sont principalement des personnes vulnérables atteintes dans leur santé physique ou psychique.
Des enfants aussi
L'équipe salue les arrivants par leurs prénoms. Une fois enregistrés, ils récupèrent leurs affaires stockées pendant la journée dans la bagagerie gérée par une civiliste. Ils s'installent dans les dortoirs, se douchent. D'un côté les hommes, de l'autre les femmes.
Ce soir-là, 47 hommes et 33 femmes, dont dix enfants âgés de un à quinze ans sont annoncés. Parmi eux, une famille venue d'Erythrée avec ses quatre jeunes enfants. Les petits jouent sur les lits dissimulés par des paravents alors que l'aîné explore les couloirs en pyjama bleu. A noter que dès jeudi, les familles seront accueillies dans un bâtiment en surface près de l'hôpital, géré par l'Armée du Salut.
Des soins
A Richemont, l'ambiance est calme. Un repas composé de soupe, salade, taboulé, pâte, purée et pizza est servi dans la pièce principale. Deux sexagénaires, un homme et une femme, partagent leur souper. Elle est infirmière et cherche du travail depuis des années. Mais à son âge, elle n'essuie que des refus. "De la discrimination", souffle cette Française qui dort dans l'abri depuis quelques nuits.
L'homme, un habitué des communautés Emmaüs, espère une décision administrative pour compléter sa retraite insuffisante. Un peu plus loin, de jeunes Roms rechargent leurs téléphones en écoutant de la musique. Des rires fusent. Plusieurs personnes déambulent seules, enfermées dans leurs troubles psychiques.
Une infirmière est présente tous les soirs. "Cette solution permet aux plus vulnérables d'avoir un accès aux soins", relève Annie Baulet, la responsable de l'abri Richemont. Sarah, assistante sociale, soutient, elle, les sans-abri dans leurs démarches pour accéder aux assurances et aides sociales. "Ils ont souvent de la peine à se mobiliser", explique la jeune femme.
Besoin de rien
Si certains dorment au chaud, d'autres restent dans la rue, planqués à l'abri du froid. Et des regards. Chaque soir des collaborateurs du service social partent à leur rencontre. A 22h00, Laura, aide-éducatrice et Francesco, collaborateur logistique, chargent des sacs de couchage, des habits et des thermos de thé à l'arrière du véhicule utilitaire du service social.
Au Jardin Anglais, pas de trace d'un homme qui a pourtant l'habitude d'y dormir. Les deux collaborateurs trouvent en revanche deux personnes dans les toilettes publiques au sous-sol. Couchés sur des cartons, emmitouflés dans des sacs de couchage, ces deux hommes affirment n'avoir besoin de rien. Laura les informe des structures existantes mais n'insiste pas.
La tournée se poursuit jusqu'à 1h00. "Nous visitons régulièrement une vingtaine de lieux pour maintenir le contact", explique Laura. Ils seraient nombreux à dormir dans la rue. La Municipalité, dont l'objectif est zéro sans-abri à l'horizon 2020, a encore de boulot. Elle compte sur le soutien financier du canton et des autres communes pour y parvenir.
Victoire d'étape
En attendant, une bonne nouvelle est tombée. Le Conseil municipal a voté mi-décembre un crédit de 1 million de francs pour maintenir un hébergement d'urgence à l'année. Cette solution mise en place à titre d'essai en 2018 pourra donc être reconduite. "C'est une grande victoire d'étape", se réjouit Philipp Schroft, chef du service social.
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