Malgré un recours accru aux biocarburants et à l'électromobilité, les émissions de CO2 liées aux carburants (essence et diesel) sont restées inchangées en 2018 par rapport à l'année précédente. Cette stagnation est due à l'augmentation du trafic.
En raison de l'augmentation du nombre de kilomètres parcourus et de voitures de tourisme à fort taux d'émission, les rejets de CO2 liés aux carburants se situent toujours 3,3% au-dessus de leur niveau de 1990, indique mardi l'Office fédéral de l'environnement (OFEV).
Ils n'ont pas augmenté encore davantage grâce à l'électromobilité et aux biocarburants. L'an dernier, ces derniers ont représenté 3,5% des carburants utilisés, soit 36% de plus qu'en 2017.
Les émissions liées aux combustibles (mazout et gaz), après correction climatique, ont eux baissé de 2,2% par rapport à 2017. Cette diminution est à mettre au crédit de l'efficacité des bâtiments, ainsi que des énergies renouvelables, qui sont de plus en plus souvent utilisées pour les chauffage, relève l'OFEV.
Correction climatique
Pour rendre les années comparables en termes statistiques, l'influence de la météo hivernale sur la consommation de gaz et d'huile de chauffage est pondérée par la correction climatique, précise l'OFEV. Celle-ci permet de corréler les hausses et les baisses de consommation d'énergie de chauffage avec les températures hivernales, afin d'obtenir une moyenne des conditions météorologiques.
Sans correction climatique, les rejets de CO2 liés aux combustibles varient fortement d'une année à l'autre. L'importance des conditions météorologiques sur les émissions montre que dans le secteur du bâtiment, les systèmes de chauffage fonctionnent toujours majoritairement au mazout et au gaz.
Il est donc indispensable d'encore diminuer le recours aux énergies fossiles pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris sur le climat, relève l'OFEV.
Le WWF attend plus du Conseil fédéral
Le WWF a calculé pour sa part qu'au total les rejets de CO2 baisseront d'environ 1%. «Cette évolution est inacceptable et loin d'être suffisante pour contrer les changements climatiques», regrette Patrick Hofstetter, expert climat pour l'organisation de défense de l'environnement. «Même les faibles objectifs de la loi actuelle sur le CO2 n'ont pas été remplis».
«Le Conseil fédéral doit désormais assumer ses compétences au titre de la loi sur le CO et enfin agir», exige encore M. Hofstetter. Ce dernier suggère notamment d'augmenter à 120 francs la taxe CO2 sur les combustibles, qui s'élève à 96 francs par tonne aujourd'hui. Les importateurs de carburant devraient aussi compenser jusqu'à 40% des émissions, alors que le Conseil fédéral ne prévoit que 10% pour 2020.
Ce dernier doit aussi respecter la volonté du peuple. «En 2017, la Suisse a décrété qu'en 2020 les véhicules neufs ne devraient pas émettre plus de 95 grammes de dioxyde de carbone dans la moyenne de la flotte», note encore Patrick Hofstetter. «Pourtant, le Conseil fédéral a repoussé la date à 2023. Il doit corriger cette situation dès cette année».
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