CoronavirusLes EMS romands durement frappés par la 2e vague
Fanny Scuderi, ATS
15.11.2020
Les établissements médico-sociaux (EMS) romands subissent de plein fouet la 2e vague de coronavirus. Pour contrôler les clusters et tenir le virus le plus loin possible de leurs institutions, ils appliquent notamment une stratégie de tests à large échelle.
"Particulièrement alarmante": c'est ainsi qu'Adrien Bron, directeur général de la Santé à Genève, a qualifié les deux dernières semaines dans les EMS genevois, vendredi lors d'une conférence de presse. Sur les plus de 200 décès attribués au Covid-19 dans les EMS du canton depuis le début de l'année, une quarantaine se sont produits la première semaine de novembre.
"Nous réévaluons les plans de protection. Il faut désormais nettement améliorer et renforcer l’application des mesures de lutte contre l’infection dans les EMS", a souligné Adrien Bron, joint cette semaine par Keystone-ATS.
La situation à Fribourg s'avère "tendue mais maîtrisée", a indiqué pour sa part la Direction de la santé et des affaires sociales. Dans le canton, 16 EMS sur 50 étaient touchés par un cas positif ou plus au coronavirus, selon un bilan fourni mercredi.
"Rattraper les cas asymptomatiques"
En Valais, plus de la moitié des EMS abritent des résidents positifs, contre un tiers dans le canton de Vaud, selon les autorités sanitaires. Le canton du Jura, qui a vu ses EMS épargnés durant la première vague, en compte désormais sept sur douze touchés, a indiqué jeudi l'association Curaviva Jura, qui ajoute que certains EMS auparavant touchés ont réussi à s'en débarrasser.
Neuchâtel compte autant d'institutions touchées par le Covid-19 que lors de la première vague. Cependant, grâce à un dispositif de tests à large échelle et à l'engagement d'une équipe mobile, aucune situation comparable à celle observée ce printemps n'est signalée.
"Ce dispositif permet de rattraper des cas asymptomatiques. Nous n'avons pas de clusters hors de contrôle. Nous arrivons à les assécher à peu près en deux semaines. La différence? Nous disposons de plus de tests que durant la première vague", explique Claude-François Robert, médecin cantonal neuchâtelois. Cette stratégie de tests à grande échelle est largement suivie par les cantons.
Différents régimes de visites
Les EMS étant habituellement des lieux ouverts, les visites sont au coeur du combat contre le virus. Le Valais et Fribourg les ont suspendues, sous réserve de cas de rigueur, comme les situations de fin de vie.
A Genève, les mesures dépendent des EMS et les visites peuvent être temporairement suspendues si la situation l'impose. Dans le canton de Vaud aussi, les visites sont autorisées sous réserve de certaines limitations.
Neuchâtel appelle les établissements à intégrer dans leur fonctionnement la présence d'un ou deux proches "signifiants" pour chaque résident, pour maintenir le lien social. Ce système est également mis en place dans le canton du Jura.
Les flux d'entrées et de sorties dans les EMS sont particulièrement surveillés. Pour réduire les risques de contaminations, un système de quarantaine est mis en place pour les nouveaux résidents, placés tous en chambre individuelle.
En vigueur à Neuchâtel, ce régime est cependant mis à mal par la pression sur les lits dans les hôpitaux. "Il peut provoquer un goulet d'étranglement dans les hôpitaux, pour qui la priorité est de libérer des places afin d'accueillir les nouveaux patients", explique Claude-François Robert.
Ne pas oublier le personnel
Si les EMS recensent de nombreux décès dus au Covid-19, c'est qu'ils abritent une population particulièrement vulnérable, vivant en communauté. Dans le canton de Vaud, 86% des décès surviennent dans la tranche d'âge des plus de 75 ans, alors que l'âge moyen dans ces institutions s'élève à 84 ans.
Plus de la moitié des résidents souffre de plus de huit pathologies et problèmes qui les affectent de façon aigüe ou chronique. Le virus les met donc particulièrement en danger, souligne Sonia Arnal, déléguée à la communication du Département vaudois de la santé et de l'action sociale.
Les EMS doivent aussi composer avec des quarantaines qui mettent sous pression les effectifs. Le syndicat Unia a lancé jeudi un appel aux autorités à mieux protéger le personnel des EMS.
"Alors que les autorités et les politiques se concentrent sur les capacités des unités de soins intensifs et sur la situation dans les hôpitaux, les EMS semblent à nouveau oubliés. Non seulement les résidents, mais aussi les soignants doivent être mieux protégés", a exigé le syndicat dans un communiqué.