Pandémie Les experts de la Confédération veulent des mesures globales rapidement

st, ats

15.12.2020 - 16:11

Martin Ackermann, chef de la Task Force scientifique de la Confédération: «Chaque jour compte pour pouvoir réduire le nombre de cas».
Martin Ackermann, chef de la Task Force scientifique de la Confédération: «Chaque jour compte pour pouvoir réduire le nombre de cas».
KEYSTONE

Les mesures décidées vendredi dernier pour freiner la pandémie de coronavirus ne suffisent pas, selon le chef de la Task Force scientifique de la Confédération Martin Ackermann. Le groupe de scientifiques suggère des mesures globales au niveau national aussi vite que possible.

La situation dans les hôpitaux est très sérieuse, a relevé mardi M. Ackermann lors d'un point de presse. Il y a beaucoup de personnes hospitalisées et de plus en plus d'interventions urgentes ne peuvent plus être effectuées. Des personnes qui ne sont pas malades du Covid sont aussi concernées.

«D'un point de vue scientifique, il est clair que nous devons avoir des mesures très strictes et des fermetures à grande échelle, le plus rapidement possible. Nous sommes à la veille des fêtes et nous craignons que les contacts et la mobilité n'augmentent», a souligné M. Ackermann. La Task Force ne fait toutefois que des propositions et il appartient à la politique et à l'OFSP de trancher.

«Chaque jour compte»

Le personnel de santé et les spécialistes médicaux travaillent depuis des mois à leurs limites, ajoute l'expert de la Confédération. Et il n'y a pas d'indications que la situation pourrait s'améliorer. «Chaque jour compte pour pouvoir réduire le nombre de cas», insiste-t-il.

Martin Ackermann appelle notamment à utiliser l'expérience de la Suisse romande et des pays voisins. En agissant rapidement, nous aurions plus de sécurité de planification, souligne-t-il. Les fêtes, la mobilité accrue ou la température hivernale représentent un risque supplémentaire.

Taux de reproduction en hausse

M. Ackermann constate que le taux de reproduction ne va que vers le haut. «Nous devons arrêter cette évolution». Des mesures plus strictes pendant les fêtes permettraient de ne pas avoir d'impact sur la formation. Il s'agit en effet d'éviter que les infections durant les fêtes ne se répercutent dans les écoles. L'expert suggère par exemple de repousser la rentrée scolaire.

D'un point de vue économique, il serait aussi judicieux de prendre des mesures rapides, note encore Martin Ackermann. Il s'agit maintenant d'envoyer des signaux clairs quant à l'urgence de la situation, mais aussi d'offrir des perspectives.

Un possible doublement des cas de Covid-19 sous un mois

La Suisse devrait prendre des mesures plus restrictives si elle veut éviter un possible doublement des nouveaux cas de Covid-19 sous un mois, aussi selon Patrick Mathys, responsable de la section Gestion de crise et collaboration internationale à l'OFSP. 

Plus de 4200 nouveaux cas de Covid-19 ont été détectés en 24 heures et il y a eu près de 200 nouvelles hospitalisations, a rappelé mardi M. Mathys devant les médias à Berne, revenant sur les chiffres publiés trois heures plus tôt par l'OFSP. «La Suisse doit déplorer à nouveau plus de 100 morts en une seule journée, c'est le plus triste des constats à l'approche des fêtes», a-t-il commenté.

La tendance est claire, selon le responsable: «Le mieux que l'on puisse espérer est une stagnation des chiffres à un niveau élevé». Mais une hausse significative du nombre de cas est également possible. Et ceci sans doute de façon inégale sur le territoire, le taux d'incidence du virus étant actuellement faible dans les cantons romands et plus élevé au nord-est de la Suisse et au Tessin.

Le taux de reproduction du virus en Suisse est actuellement de 1,13, a-t-il ajouté, ce qui correspond à un doublement des nouveaux cas de coronavirus en un mois. En Suisse romande, il est de 0,9, ce qui laisse espérer au mieux une stagnation. En Suisse centrale, il se situe à 1,2, ce qui correspond à un doublement sous 14 jours.

Pas bonne élève

Ces chiffres montrent l'échec de la stratégie coordonnée de la Confédération et des cantons à l'approche de Noël en vue d'un recul rapide et durable des infections, a déploré M. Mathys. Aujourd'hui, «on ne sait pas s'il faut parler de poursuite de la deuxième vague, de renforcement de la deuxième vague ou de troisième vague.»

Le responsable a mis en parallèle le décompte des infections en Suisse et dans les pays limitrophes. «Le moins que l'on puisse dire, c'est que la Suisse ne fait pas figure d'élève modèle», celle-ci se classant actuellement bonne dernière. Toutefois, on attend aussi dans ces Etats au mieux une stagnation, a-t-il noté. Ces pays ont déjà ou sont en train d'implémenter de nouvelles restrictions.

Patrick Mathys a rappelé l'importance de limiter au maximum les contacts, même à l'approche des fêtes, et d'appliquer les gestes barrières qui s'imposent. Il a également rappelé la forte pression qui s'exerce de façon continue sur le personnel des hôpitaux et EMS. «Sans donner un peu d'air aux travailleurs de la santé, il ne sera sans doute pas possible d'assurer des soins sur le long terme.»

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