Pénurie d’électricité Les grandes manoeuvres du Conseil fédéral

kigo, ats

29.11.2023 - 12:03

Le Conseil fédéral se prépare en vue d'une éventuelle pénurie d'électricité. Il a approuvé mercredi des mesures visant l'exploitation de centrales de réserve et de groupes électrogènes de secours ainsi que l'augmentation temporaire de la tension sur la ligne de la Gemmi.

La tension doit pouvoir être augmentée sur la ligne de la Gemmi, en cas de pénurie d'électricité (archives).
La tension doit pouvoir être augmentée sur la ligne de la Gemmi, en cas de pénurie d'électricité (archives).
ATS

Keystone-SDA, kigo, ats

La situation est moins tendue qu'il y a un an, a répété à plusieurs reprises le ministre de l'énergie Albert Rösti. Cependant, le Conseil fédéral prend les devants.

Exceptions

En cas de pénurie déclarée ou imminente cet hiver ou le printemps prochain, une réserve d'électricité doit être prévue, comme l'hiver dernier, indique le gouvernement dans un communiqué. Cette réserve est utilisée uniquement lorsque le marché de l’électricité ne peut temporairement plus répondre à la demande.

Elle est constituée de la réserve hydroélectrique ainsi que d’une réserve complémentaire composée des centrales de réserve de Birr (AG), Cornaux (NE) et Monthey (VS) et de groupes électrogènes de secours regroupés en pools. Pour que ces installations puissent fonctionner, il faut prévoir des exceptions temporaires en ce qui concerne la protection de l’air et la protection contre le bruit.

Concrètement, les valeurs limites pour les oxydes d’azote et le monoxyde de carbone ne s'appliqueraient pas aux centrales de réserve concernées. Concernant la protection contre le bruit, les groupes électrogènes de secours en question ne seraient pas touchés par la limitation des heures de fonctionnement. En temps normal, ils ne peuvent être utilisés que pour des tests durant au plus 50 heures par année.

Le Conseil fédéral a déjà approuvé les modifications, afin qu'elles puissent entrer en vigueur rapidement si nécessaire.

Ligne de la Gemmi

En outre, il doit être possible d'augmenter la tension sur la ligne de la Gemmi, entre Bickigen (BE) et Chippis (VS), à 380 kilovolts (kV), au lieu des 220 actuels, pour une durée limitée. Le Conseil fédéral devra donner son feu vert en cas de menace de pénurie.

Des tests d’exploitation effectués l’hiver dernier se sont avérés concluants. La tension pourrait être augmentée sous deux à quatre jours si la situation l’exige. La ligne a été construite au début des années 1960 pour une tension de 380 kV, mais elle n'a été exploitée qu'à une tension de 220 kV par la suite, rappelle le gouvernement.

Et d'estimer qu'avec la ligne Bassecourt (JU) - Mühleberg (BE), dont la tension a déjà été portée à 380 kV, la Suisse disposerait ainsi d'un axe fort et complémentaire pour le transport d'électricité entre la frontière nord et la frontière sud de la Suisse.

La mesure permet de garantir la disponibilité des capacités d'importation et d'atténuer les congestions sur le réseau électrique, et de disposer de capacités suffisantes pour remplir les lacs de retenue. Elle permet aussi d'assurer un raccordement et un approvisionnement résilients de la Suisse occidentale, ainsi que d'exporter de l'électricité produite en Suisse vers les pays voisins pendant les pics de charge.

Cette augmentation de tension respecte les valeurs limites en matière de protection contre le bruit. Elle n'a pas de conséquence non plus sur la santé de la population, note le gouvernement.

Autres modifications

Ce dernier a encore adopté différentes modifications dans le domaine de l'énergie, pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2024. Ces dispositions portent en particulier sur l’encouragement des installations photovoltaïques et la protection contre les cybermenaces visant les installations de transport par conduites.

Le Conseil fédéral a également décidé que, pour les installations nucléaires en cours de désaffection, la couverture d’assurance de responsabilité civile peut être abaissée dès lors que tous les éléments combustibles ont été évacués. D'autres modifications ont encore été effectuées, comme le transfert de la compétence du Conseil fédéral au DETEC en matière de conclusion de conventions internationales avec des pays tiers dans le domaine de l'énergie nucléaire.