Coûts de la santé Les médecins gagnent plus qu'attendu

ATS

29.10.2018 - 18:59

Le revenu médian des médecins spécialistes indépendants s’élève à 257'000 francs par an et il est supérieur à 600'000 francs dans certaines disciplines (archives).
Le revenu médian des médecins spécialistes indépendants s’élève à 257'000 francs par an et il est supérieur à 600'000 francs dans certaines disciplines (archives).
Source: KEYSTONE/GAETAN BALLY

Les revenus des médecins en Suisse sont nettement plus élevés que ce qui avait été calculé jusqu'ici. Une étude, basée sur de nouveaux critères, montre que le revenu médian des médecins spécialistes indépendants atteint 257'000 francs par an.

Le revenu moyen se situe à 320'000 francs par an, selon les chiffres publiés lundi par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). L'étude analyse les revenus soumis à l'AVS des médecins spécialistes salariés ou indépendants de 2009 à 2014. Elle atteint un taux de couverture de 90%, selon ses auteurs.

Ses conclusions montrent que les revenus des médecins indépendants sont environ 30% supérieurs aux chiffres publiés jusqu’ici. La dernière étude, en 2012, émanait de la FMH. Elle avait suscité des critiques quant à son exhaustivité.

L'étude révèle des écarts importants selon les spécialités des médecins indépendants. Ainsi, le revenu médian des neurochirurgiens (697'000 francs) et des gastro-entérologues (627'000 francs) est le plus élevé. Chez les médecins de premier recours, il atteint 237'000 francs. Les pédopsychiatres et les psychiatres ferment la marche avec respectivement 183'000 francs et 195'000 francs.

Salariés les plus nombreux

Les différences sont tout aussi importantes chez les médecins salariés, qui représentent 60% de la profession. Leur moyenne se situe à 226'900 francs. Dans cette catégorie, les revenus médians les plus élevés, supérieurs à 300'000 francs, sont observés en chirurgie de la main, en radiologie, en gastro-entérologie et en chirurgie cardiaque.

Dix pour cent de ces spécialistes gagnent plus de 500'000 francs par an. Le revenu médian signifie que la moitié des personnes d’un groupe donné dispose d'un revenu inférieur et l’autre moitié d'un revenu supérieur.

Les différences sont encore plus importantes au niveau du revenu moyen. Il se monte à 818'000 francs pour les neurochirurgiens indépendants, 684'000 francs pour les gastro-entérologues et 600'000 francs pour les oncologues. Les médecins de premier recours gagnent en moyenne 264'000 francs.

Un million et plus

Les psychiatres (219'000 francs) et les pédopsychiatres (187'000 francs) sont au bas de l'échelle. Cette différence marquée entre spécialistes peut s'expliquer par quelques salaires très élevés qui tirent la moyenne vers le haut, relève l'étude. 118 médecins ont gagné 1 million de francs ou plus en 2014. Il s'agit principalement de neurochirurgiens.

Des écarts surviennent aussi entre hommes et femmes. Les revenus des hommes sont de 29% supérieurs à ceux des femmes. Cette différence demeure même lorsqu'on prend en compte l’expérience professionnelle, la spécialité ou le secteur d’activité. Elle va être passée sous la loupe, promet Stefan Spycher, vice-directeur de l'OFSP.

De 2009 à 2014, presque tous les spécialistes indépendants ont connu une hausse de leurs revenus. L'augmentation moyenne se situe à 2,5%. Les médecins salariés ont gagné en moyenne 5% de moins. La part des femmes dans ce groupe a fortement augmenté, ce qui peut en partie expliquer l’évolution des chiffres, selon les auteurs.

Résultats exhaustifs

Cette étude fournit actuellement les résultats les plus précis possible, assure l'OFSP. L'analyse corrige les études antérieures dont la méthode était critiquée. Celles-ci ne prenaient pas en compte la hausse de l’activité à temps partiel.

Les revenus des médecins indépendants semblaient en outre plutôt sous-estimés, étant donné que ni les rachats dans la caisse de pensions, ni les dividendes perçus dans le cadre de sociétés de capitaux ne sont soumis à l’AVS.

L'étude pourra servir de base à l'examen des tarifs, a expliqué M. Spycher. Les points sur lesquels il est nécessaire de se concentrer sont désormais connus. Il n'existe pas de revenu juste, mais il sera possible de viser un tarif correct, selon l'OFSP.

Réactions contrastées

La publication de cette étude a provoqué des réactions contrastées. Les deux faîtières des assureurs, santésuisse et curafutura, ainsi que la faîtière des hôpitaux suisses H+, saluent le fait que l'OFSP crée de la transparence.

"Un bon système de santé est important pour nous, mais le prix est bien trop haut en Suisse. Cela se reflète également dans les revenus trop élevés des médecins, qui sont financés par les primes et l'argent des contribuables", a expliqué le porte-parole de santésuisse Matthias Müller à Keystone-ATS.

La directrice de H+ Anne-Geneviève Bütikofer souligne de son côté l'écart salarial frappant entre les employés des hôpitaux et les médecins ayant leur propre cabinet. Les premiers gagneraient en moyenne environ 100'000 francs de moins que les seconds.

Autre son de cloche chez la Fédération des médecins (FMH). Cette dernière dénonce une étude trompeuse. Un quart des praticiens ne sont pas compris dans la valeur moyenne avancée par l'étude, à savoir les quelque 10'000 médecins assistants dont le revenu annuel atteint tout juste 100'000 francs pour 56 heures de travail hebdomadaire, relève la FMH dans un communiqué.

La faîtière souligne également que les très hauts revenus ne concernent qu'une infime partie des médecins, respectivement 0,5% (neurochirurgiens) et 1% (gastro-entérologues). De plus, les neurochirurgiens par exemple tirent la plus grande partie de leurs revenus de prestations qui ne sont pas à la charge de l'assurance obligatoire.

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