Justice climatique La Suisse a déjà épuisé son capital de CO2 pour l'année

ch, ats

15.3.2022 - 10:45

En matière de justice climatique, la Suisse vit depuis mardi aux dépens des autres. Elle a atteint la quantité maximale de CO2 qu’elle peut émettre pour respecter la limite du réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.

Afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré, conformément à l’accord de Paris sur le climat, la Suisse s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pourtant, en matière de justice climatique, la Confédération a déjà épuisé son budget carbone. (image prétexte)
Afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré, conformément à l’accord de Paris sur le climat, la Suisse s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pourtant, en matière de justice climatique, la Confédération a déjà épuisé son budget carbone. (image prétexte)
KEYSTONE

15.3.2022 - 10:45

Cette réalité conduit Action de Carême, Pain pour le prochain (EPER) et Être Partenaires à réclamer, lors d’une conférence de presse à Berne, des objectifs climatiques ambitieux.

Il est impératif de prendre des mesures concrètes et efficaces pour que la Suisse atteigne zéro émission nette d’ici 2040. C’est la seule manière de garantir la justice climatique et de soutenir ceux qui subissent le plus les conséquences du réchauffement climatique.

Budget carbone déjà épuisé

Afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré, conformément à l’accord de Paris sur le climat, la Suisse s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pourtant, en matière de justice climatique, la Confédération a déjà épuisé son budget carbone.

C’est la conclusion à laquelle sont arrivés des déontologues de diverses institutions religieuses. En s’appuyant sur les données scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU (GIEC), ils considèrent que, à partir de mardi, la Suisse ne devrait plus émettre de CO2. Pourtant, elle continue à le faire, au détriment des autres.

«Il est grand temps de prendre des mesures décisives. La Suisse doit contribuer à garantir davantage de justice climatique», estime Judith Macchi, responsable thématique pour le climat et la résilience de l’EPER.

Dans une lettre ouverte, les œuvres d’entraide demandent au Conseil fédéral et au Parlement des objectifs climatiques ambitieux. «Nous voulons un véritable désinvestissement des énergies fossiles», explique Stefan Salzmann, responsable climat et politique énergétique d’Action de Carême.

Objectif zéro en 2040

«L’objectif zéro net doit être atteint en 2040 et non en 2050, comme actuellement prévu. Pour ce faire, une réduction linéaire des émissions est indispensable. Par ailleurs, les contributions financières aux efforts de réduction des émissions et d’adaptation aux changements climatiques dans les autres pays doivent être augmentées».

Dans le cadre de leur campagne œcuménique précédant Pâques, les œuvres d’entraide ont lancé une pétition sous forme de cartes postales adressées à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Elles invitent le Conseil fédéral et le Parlement à adopter une politique climatique courageuse et avisée et à assumer leur responsabilité en matière de justice climatique.

Chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire entraîne la multiplication des événements météorologiques extrêmes, auxquels sont confrontées les populations des pays dans lesquels les trois œuvres d’entraide sont actives, rappellent-elles.

Famine et destruction

A Madagascar, la sécheresse a provoqué une famine; aux Philippines, des typhons ont apporté destruction et misère; en Colombie, des inondations ont anéanti les espoirs d’un avenir meilleur. Alors que les effets des changements climatiques sont déjà visibles, des pays comme la Suisse se doivent d’agir.

Leur contribution au réchauffement climatique est de loin supérieure à celle des pays du Sud, qui en subissent pourtant davantage les conséquences. Par ailleurs, contrairement à ces derniers, ils disposent des ressources nécessaires pour y faire face.

«C’est là la double injustice des changements climatiques», explique Dominic Roser, maître d’enseignement et de recherche à l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l’université de Fribourg.

Dans son dernier rapport, le GIEC souligne la menace que représentent les changements climatiques pour l’humanité et la planète, soulignent les trois oeuvres d'entraide: sans action rapide et résolue, «la petite fenêtre qui est encore ouverte aujourd’hui pour assurer un monde viable» se fermera.

ch, ats