Lors d'un vote presque simultané à Delémont et Berne, les parlements jurassien et bernois ont acté mercredi le transfert de Moutier dans le canton du Jura au 1er janvier 2026. Ils ont largement accepté un Concordat qui entérine la fin de la Question jurassienne.
Les députés jurassiens ont plébiscité mercredi à Delémont le Concordat réglant le transfert de Moutier dans le canton du Jura.
"La population du Jura bernois en a assez" de la Question jurassienne et veut tourner la page, a déclaré mercredi au Grand Conseil bernois le ministre francophone Pierre Alain Schnegg.
Les parlements à Berne et Delémont actent le transfert de Moutier - Gallery
Les députés jurassiens ont plébiscité mercredi à Delémont le Concordat réglant le transfert de Moutier dans le canton du Jura.
"La population du Jura bernois en a assez" de la Question jurassienne et veut tourner la page, a déclaré mercredi au Grand Conseil bernois le ministre francophone Pierre Alain Schnegg.
Le Grand Conseil bernois a donné son feu vert par 112 voix contre 19 et 26 abstentions. Le Parlement jurassien a plébiscité le texte qui règle le transfert de la Cité prévôtoise de 7200 habitants, par 57 voix contre 1 et 2 abstentions. C'est maintenant au tour de la population des deux cantons de se prononcer, le 22 septembre prochain.
A Berne, il n'y a guère eu que quelques députés francophones de droite à monter au créneau pour s'opposer au texte, à l'image de Virginie Heyer (PLR), d'Etienne Klopfenstein ou de Marc Tobler (UDC). Ces élus ont estimé que le canton de Berne «bradait ses frontières» (Heyer) et que la «question jurassienne n'était pas réglée pour autant par ce transfert» (Klopfenstein), tandis que M. Tobler a fondu en larmes à la perspective de voir sa commune quitter le giron bernois.
«On nous dit que la question jurassienne est réglée sur le plan institutionnel. Mais certainement pas sur le terrain ni dans les campagnes», a dit Etienne Klopfenstein.
Dix ans de négociations
Le vote n'a toutefois pas fait un pli, tant la grande majorité alémanique était désireuse de mettre un point qu'elle espère final à cette «question jurassienne».
Les députés alémaniques, du PS, du Centre et du PLR notamment, n'ont pas manqué de rappeler que ce concordat était le produit de plus de dix ans de négociations. Et que les citoyens de la ville de Moutier ont accepté le rattachement au Jura à une majorité de 54,9% en 2021.
Le PS et le PLR bernois, favorables au concordat respectivement à l'unanimité et à la quasi-unanimité, ont souligné en particulier que le départ de Moutier était le résultat d'un «processus démocratique dont la Suisse peut être fière».
«La population en a marre»
Juste avant le vote, le conseiller d'Etat francophone Pierre Alain Schnegg en avait appelé à approuver le concordat. «La population du Jura bernois veut vivre tranquillement et se concentrer sur d'autres questions que ce sujet qui a trop duré», a-t-il dit.
«Le vote de ce jour met véritablement le point final à la Question jurassienne, pour autant, que nous continuions par la suite dans cette salle (du Grand Conseil) à prendre les bonnes décisions en restant vigilants», a dit M. Schnegg.
Et de poursuivre: «La population du Jura bernois en a assez de cette question. Elle veut tourner la page et se diriger vers des sujets nettement plus porteurs. On veut soutenir la dynamique du grand Chasseral», le nouveau nom promotionnel du Jura bernois.
Solennité à Delémont
A Delémont, les groupes parlementaires ont évoqué un moment historique et solennel. La ministre Nathalie Barthoulot a estimé que l'arrivée de Moutier constitue une chance pour le canton du Jura.
En adoptant le concordat, les députés ont accepté l'abrogation de l'article 139 de la Constitution jurassienne. Cette disposition stipule que le Gouvernement est habilité à engager un processus tendant à la création d'un nouveau canton couvrant les territoires du Jura bernois et du canton du Jura.
Le député et secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) Pierre André Comte a évoqué «le juste retour de la cité prévôtoise dans la famille jurassienne, sa famille naturelle».
«Les oubliés du Concordat»
«Ma pensée va du côté, des oubliés du concordat», a déclaré de son côté le député CS-POP Christophe Schaffter qui estime que le village de Belprahon (BE) aurait dû pouvoir s'exprimer une fois le vote de Moutier connu. Le MAJ estime aussi que le cas de la commune de Belprahon n'est pas réglé.
Interrogé par Keystone-ATS, le maire de Moutier Marcel Winistoerfer a salué un «résultat superbe». Les verdicts «ne laissent planer aucun doute» sur la suite du processus, selon lui, même s'il reste encore un «travail gigantesque» pour organiser le transfert de sa ville dans le canton du Jura.
Le concordat règle les principaux points liés au changement d'appartenance cantonale, afin d'assurer la continuité administrative, scolaire, judiciaire et hospitalière. Le document porte aussi sur le partage des biens. Si le canton du Jura obtient 6,3 millions de francs au titre de la fortune bernoise, il aura à verser 14 millions pour reprendre les biens immobiliers et les forêts.