Environnement 130 kilos de mercure passent par la STEP chaque année

uc, ats

6.1.2021 - 12:05

Les stations d’épuration suisses retiennent 96% du mercure présent dans les eaux usées, selon une étude. Par rapport à d’autres pays, les quantités relevées sont relativement faibles.

L'étude de l'Eawag constitue une première qui pourrait servir de base pour d’autres régions développées dans le monde, selon les chercheurs.
L'étude de l'Eawag constitue une première qui pourrait servir de base pour d’autres régions développées dans le monde, selon les chercheurs.
ATS

Le mercure est extrêmement toxique pour l'humain et pour les écosystèmes. Il s’évapore très rapidement, est transporté dans l’air sur de longues distances et s’accumule dans les organismes. Depuis des décennies, ce métal lourd est considéré comme un polluant d’importance majeure et interdit en Suisse pour presque toutes les utilisations.

Quelque 130 kilos de mercure passent chaque année par les stations d'épuration (STEP), dont cinq finissent dans les rivières et les fleuves, selon cette étude menée par l'Institut de recherche sur l'eau Eawag et l'Office fédéral de l'environnement.

«Par rapport à la quantité totale de mercure dans les eaux de surface suisses, l’apport des stations d’épuration n’est que de 1,5% à 3%», explique Michael Berg, géochimiste à l’Eawag et co-auteur de l’étude, cité mercredi dans un communiqué de son institut.

Le reste s’écoule dans les cours d’eau de manière diffuse par des sources qui ne sont pas encore clairement identifiées. Il est transporté par l’atmosphère depuis les océans ou les sols, ou emporté par les eaux de sites ou de sédiments historiquement contaminés.

Valeurs élevées en Suisse romande

Les quantités de mercure présentes dans les stations d’épuration suisses sont relativement faibles. Les chiffres se situent dans une fourchette similaire à celle du Canada ou de l’Angleterre. Les valeurs les plus hautes sont enregistrées en Suisse romande, surtout dans les régions où est implantée l'industrie de l’horlogerie et de la bijouterie.

Les chercheurs doivent encore déterminer avec précision si le mercure provient effectivement de ces régions ou s'il a été transporté de loin dans l’atmosphère. Toutefois, les concentrations mesurées dans les cours d’eau ne mettent pas la santé en danger.

Le mercure provient par exemple d'anciennes pollutions par les cheminées des usines d'incinération des déchets ou de vieilles décharges. Un jour ou l'autre, il finit par passer par les stations d'épuration, mais cela ne se fait pas du jour au lendemain, a indiqué M. Berg à Keystone-ATS.

Inventaire obligatoire

La convention de Minimata entrée en vigueur en 2017 oblige tous les pays à dresser un inventaire des concentrations de mercure de leurs cours d’eau. Le but de cette convention est de réduire et contrôler les émissions de mercure à l’échelle mondiale.

On ne disposait pas jusqu'ici d’études sur les quantités qui se retrouvent réellement dans les stations d’épuration ni sur l’efficacité du filtrage de celles-ci. Vu que l'étude de l'Eawag est représentative pour d’autres régions développées dans le monde entier, elle fournit désormais des méthodes et des chiffres pour l’inventaire. Ces travaux sont publiés dans la revue Aqua & Gas.

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