Préoccupant Les virus mutés se transmettent désormais entre personnes en Suisse

vf, ats

12.1.2021 - 16:00

La Suisse connaît désormais des cas autochtones de variants du Covid-19, a indiqué Patrick Mathys, responsable de la section Gestion de crise à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le vaccin Moderna devrait contribuer à maîtriser la pandémie.

Keystone / archives

Au total, le pays compte 127 cas de virus muté. Sur ce total, 86 sont liés au virus mutant découvert en Grande-Bretagne, cinq à celui identifié en Afrique du Sud. Trente-six mutations ne peuvent pas être attribuées à l'un ou l'autre variant, a précisé le responsable lors du traditionnel point de presse.

Les autorités s'attendaient à ce que les variants se transmettent un jour sur notre territoire de personne à personne sans lien direct avec un porteur ayant transité par un des pays touchés. Cette nouvelle situation complique un peu plus le traçage. Ce variant préoccupe passablement la Confédération, au vu de l'augmentation «incroyable» constatée en Irlande et en Grande-Bretagne.

Pas d'assouplissement en vue

Le nouveau variant se transmet rapidement ce qui rend la situation très délicate, a déclaré Linda Nartey, médecin cantonale de Berne et vice-présidente de l'association des médecins cantonaux. A Wengen (BE), la propagation du virus muté n'a pas encore pu être contenue. Une personne de Grande-Bretagne serait à l'origine de cette propagation.

Beaucoup de gens sont infectés alors même que les concepts de protection sont en place, a-t-elle dit. Au vu de ce nouveau défi, il s'agit maintenant d'étudier quelles mesures doivent être prises pour maintenir à tout le moins une situation stable, a ajouté M. Mathys. Un assouplissement des mesures ne serait pas raisonnable en ce moment.

Interrogé sur les 36 mutations qui n'ont pas pu être reliées aux variants de Grande-Bretagne ou d'Afrique du Sud, Patrick Mathys a indiqué ne pas exclure de nouvelles variations. «En l'état, la méthode n'a pas permis d'attribuer les échantillons de façon concluante à l'une ou l'autre variante», a-t-il déclaré. De nouvelles analyses sont en cours.

Pour mieux cerner ce virus muté en Suisse, les capacités de séquençage ont été augmentées, passant à 1000-1500 séquençages d'échantillons. D'autres méthodes par PCR sont également mises en oeuvre.

Chiffres toujours trop élevés

De manière plus générale, la situation n'a pas évolué favorablement, selon M. Mathys. Le nombre de nouvelles infections stagne toujours à un niveau trop élevé et le taux de reproduction est encore supérieur à 1.

Seules bonnes nouvelles: les hospitalisations et les décès baissent légèrement, ce qui donne un peu d'air au système sanitaire. Dans les hôpitaux, trois quarts des lits en soins intensifs sont occupés. Dans ces unités, 70% des patients sont atteints du Covid. Selon les données actuelles, il n'y a pas eu d'explosions des cas après les fêtes de fin d'année.

Le vaccin Moderna devrait contribuer à maîtriser la pandémie

Le vaccin Moderna, autorisé mardi par Swissmedic, devrait contribuer à maîtriser la pandémie de coronavirus en Suisse, a estimé Philippe Girard, directeur adjoint de Swissmedic, devant la presse. Il n'a cependant été approuvé que pour une durée limitée.

Après évaluation, Swissmedic a jugé que les avantages l'emportaient sur les risques dans la situation actuelle, a indiqué Philippe Girard. Les effets secondaires sont comparables à ceux d'un vaccin contre la grippe. Ils peuvent parfois être un peu plus sévères, notamment après la deuxième injection, qui doit intervenir un mois après la première. La durée de protection s'étend quant à elle au minimum sur trois mois, probablement plus.

Faute d'études suffisantes, concernant notamment l'efficacité du vaccin ou sa sécurité pour les femmes enceintes, une autorisation normale n'a pas pu être donnée. Elle est limitée, tout comme celle accordée au vaccin Pfizer. Des études sont en cours sur ces sujets. «Une fois qu'elles seront complètes et qu'elles nous parviendront, une autorisation normale pourra être envisagée», a-t-il poursuivi.

Et le directeur adjoint de Swissmedic de préciser que les vaccins contre le coronavirus font l'objet d'observations intensifiées pour découvrir tout risque potentiel. Le cas échéant, les mesures adéquates seront prises, comme la modification de l'autorisation.

«Bonne performance»

Accusé de lenteur par certains, Philippe Girard a balayé ces critiques. «C'est un mauvais procès.» Swissmedic a été le premier a approuvé une autorisation ordinaire pour le vaccin Pfizer et n'est arrivé que quelques jours après l'Europe pour le vaccin Moderna. «C'est une bonne performance».

Concernant de futures autorisations, le directeur adjoint de Swissmedic n'a pas pu donner d'estimations précises. Il s'agit de semaines. Mais cela dépend des réponses des entreprises pharmaceutiques et des données manquantes.

Interrogé sur l'efficacité des vaccins contre les nouveaux variants britanniques et sud-africains du coronavirus, Philippe Girard a reconnu n'avoir pas beaucoup d'informations sur le sujet pour le moment. Une étude préliminaire a cependant démontré une certaine protection pour l'un des deux vaccins.

L'arrivée du vaccin Moderna ne modifie pas les groupes prioritaires

L'arrivée du vaccin Moderna ne change rien à l'ordre des priorités concernant les groupes de personnes à vacciner. Christoph Berger, de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV), appelle à la patience.

La stratégie vaccinale ne change pas et les groupes prioritaires restent les mêmes. Christoph Berger, président de la Commission fédérale pour les vaccinations (CFV), a demandé mardi à ceux n'appartenant pas aux groupes de personnes à risques de se montrer «patients» par «respect».

La stratégie nationale de vaccination donne la priorité aux personnes vulnérables, à savoir les personnes âgées et celles qui présentent des maladies chroniques, indique sur son site l'Office fédéral de la santé publique.

«Il faut vacciner le plus rapidement possible le plus de personnes à risque», a souligné M. Berger. Et d'insister sur la réduction des contacts, «une condition sine qua non pour que cette recommandation de vaccination porte ses fruits», alors que le nombre de cas de coronavirus stagne à un niveau élevé et que les nouveaux variants font planer un risque de saturation du système de santé.

Une recommandation élargie de vaccination a été publiée par la CFV mardi, a annoncé M. Berger. «Les deux vaccins reposent sur des techniques similaires. Ils montrent une efficacité pour les personnes à risque, sans grands effets secondaires», a-t-il ajouté.

Pas de choix possible

La recommandation comprend des précisions, notamment concernant les personnes immunodéprimées, une déclaration sur les risques et bénéfices chez les femmes enceintes, ainsi que des informations détaillées pour les personnes allergiques.

Quant à savoir si les personnes souhaitant se faire vacciner pourront désormais choisir entre les deux vaccins autorisés, M. Berger ne pense pas qu'il soit possible de proposer un choix. «Les deux vaccins sont très similaires, tout comme leurs effets secondaires. Ce qui compte, c'est de vacciner les personnes à risque le plus vite possible. Le choix du vaccin de Moderna ou de Pfizer/BioNtech dépendra de la logistique sur le territoire», a-t-il indiqué.

Retour à la page d'accueil